Après le loup, Albert Rösti veut aussi tirer le castor dont la population est en pleine expansion
Réintroduite en Suisse dans les années 50, la population de castors a connu une croissance significative. Selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), elle atteint aujourd’hui 4900 individus, soit trois fois plus qu’il y a quinze ans. Or, ces rongeurs peuvent causer des dégâts importants.
Par conséquent, ils sont ciblés par une nouvelle ordonnance sur la chasse qui envisage la mise en place de tirs préventifs. L'entrée en vigueur de la révision est prévue au 1er février 2025.
Entre coexistence et conflits
Dans le canton de Genève, parmi la centaine de castors présents, seuls quelques-uns posent problèmes, explique Gottlieb Dandliker, inspecteur de la Faune, vendredi dans le 19h30 de la RTS. Car certains barrages construits par ces familles de castors, en cas de crue, peuvent menacer les zones en amont.
Dans ce cas, l’inspecteur de la Faune est chargé de réduire ces barrages lorsqu'ils atteignent une certaine hauteur, explique-t-il. "Le lendemain, le castor recommence à le construire, mais nous maintenons une bonne entente, car nous parvenons à gérer cela. Cependant, il faut se mettre à la place des cantons dans lesquels les enjeux sont beaucoup plus graves. Parfois, ils obstruent des stations d’épuration ou provoquent l’effondrement de chemins agricoles avec des machines très coûteuses", souligne-t-il.
Une ordonnance "déconcertante"
Aux yeux des organisations écologistes, l'intention du Conseil fédéral de cibler le castor avec un article spécifique sur le tir est "incompréhensible, déconcertante et inutile". Car la loi actuelle permet déjà l’élimination d’un castor qui cause des dommages excessifs
Selon François Turrian, directeur romand de BirdLife, la nouvelle révision permettrait d’autoriser plus largement le tir préventif, explique-t-il vendredi dans l’émission Forum de la RTS. "Il suffirait que les castors se baladent dans des cours d’eau artificiels ou dans des installations techniques, et dans ce cas, avant même qu’ils aient causé le moindre dommage, ils pourraient être éliminés", dénonce-t-il.
Gestion et prévention avant les tirs
Il souligne que face aux dégâts que le castor peut causer, tels que la destruction d’arbres, le blocage de cours d’eau ou encore des inondations, il existe toute une série de mesures de prévention déjà disponibles.
Selon lui, la Confédération a même édicté un manuel d'utilisation pour les cantons et les communes lorsqu'ils sont confrontés à des dégâts du rongeur. "Si les mesures de protection ou de prévention n'ont pas fonctionné, le tir d'individus isolés est même possible", insiste-t-il.
"Mais là, de nouveau, c'est un peu comme avec le loup, on met le fusil en premier et c'est cela qui nous inquiète", déclare-t-il.
L’ornithologue met également en évidence que la population de cette espèce ne va pas croître indéfiniment, étant donné que le milieu naturel et les ressources sont limités. Il anticipe donc une stabilisation de la population à long terme, puisque la majorité des cours d’eau ont déjà été colonisés.
Sujet TV: Steven Mossaz
Propos recueillis par: Valentin Emery
Adaptation web: Miroslav Mares