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Avec sa révision de la loi sur la chasse, le Conseil fédéral veut abattre plus facilement le castor

Dans le cadre de la révision de la loi sur la chasse, le gouvernement veut passer d'une régulation réactive à une régulation proactive de certaines espèces, dont le castor. [Keystone]
Fin de la consultation sur la loi sur la chasse / La Matinale / 1 min. / le 5 juillet 2024
Après le loup, le castor est dans le viseur du Conseil fédéral. Dans le cadre de la révision de la loi sur la chasse, le gouvernement veut passer d'une régulation réactive à une régulation proactive de certaines espèces, dont le rongeur.

En novembre dernier, le Conseil fédéral avait déjà approuvé le tir préventif du loup pour une durée limitée. Ce tournant à 180 degrés dans sa politique de régulation des espèces sauvages se confirme dans cette ordonnance globale, qui vise notamment les castors.

Près de 5000 individus de cette espèce vivent actuellement en Suisse et peuvent occasionner des dégâts ou des inondations liés à leurs barrages. 

>> Lire aussi : Les tirs de loup préventifs seront autorisés dès décembre et Après le loup, Albert Rösti veut aussi tirer le castor dont la population est en pleine expansion

Efficacité remise en cause

La consultation de la révision de la loi sur la chasse est terminée. Les associations de défense de la nature, des agriculteurs ou encore de la chasse avaient jusqu'à vendredi pour se prononcer sur l'ensemble des modifications voulues par le gouvernement.

Pour les milieux de défense de la nature, pouvoir tuer des loups, mais aussi des castors, avant même qu'ils n'aient pu s'attaquer à du bétail ou faire des dégâts, est destructeur et présente le risque d'abattre un animal qui n'aurait commis aucun dommage. Par ailleurs, cette stratégie ne ferait pas ses preuves, font-ils valoir.

"On sait très bien que si on commence à abattre des castors, d'autres vont arriver tout de suite après pour recoloniser le territoire", affirme Pierrette Rey, porte-parole du WWF, dans La Matinale. L'ordonnance ne tiendrait pas non plus compte de l'importance de certaines espèces sauvages pour l'écosystème. "Les loups ont un rôle extrêmement bénéfique, notamment pour nos forêts", indique-t-elle.

>> Ecouter l'interview de Pierrette Rey dans La Matinale :

Pierrette Rey, responsable de la communication WWF Suisse romande. [Paul Seewer]Paul Seewer
Fin de la consultation sur la loi sur la chasse / Interview de Pierette Rey / La Matinale / 1 min. / le 5 juillet 2024

Limiter les dommages

Du côté de l'Union suisse des paysans (USP) en revanche, on salue cette nouvelle stratégie de régulation qui inclut le castor. "Nous avons des problèmes dans différentes régions avec des dégâts dus au castor", affirme Michel Darbellay, membre de la direction de l'USP, mentionnant des infrastructures endommagées. Selon lui, la Suisse a donc besoin, "pour toute espèce qui cause des dégâts, d'une régulation adaptée de manière à pouvoir limiter les dommages".

Cette révision de la loi a pour objectif de réduire les conflits entre l’agriculture et le loup en particulier, dont la population est toujours plus nombreuse, estime l'USP. L''organisation souhaiterait même aller plus loin et pouvoir tirer des loups au-delà du seuil prévu en cas d'attaque.

"Nous avons eu un développement exponentiel des populations de loups entre 2018, où il y avait 50 loups, et aujourd'hui, où il y en a 313 en Suisse", explique Michel Darbellay.

>> Ecouter l'interview de Michel Darbellay dans La Matinale :

Michel Darbellay, membre de la direction de l'Union suisse des paysans. [RTS]RTS
Fin de la consultation sur la loi sur la chasse / Interview de Michel Darbellay / La Matinale / 1 min. / le 5 juillet 2024

Protection des troupeaux

Ces deux visions de la cohabitation entre vie sauvage et vie humaine semblent difficiles à concilier. Un point rassemble toutefois paysans et défenseurs de la nature: la protection des troupeaux, qui devrait selon eux être renforcée.

>> Lire aussi : La formation de surveillance des troupeaux contre les attaques de loups est en plein boom

Pour Michel Darbellay, il est essentiel de pouvoir réguler de manière préventive le loup en parallèle des mesures de protection des troupeaux. Pour Pierrette Rey en revanche, en se concentrant sur l'abattage plutôt que de viser une coexistence avec la faune sauvage, le Conseil fédéral a changé de cap et ne se préoccupe plus de la protection des troupeaux. 

"Du moment que la Confédération se désintéresse complètement de la protection des troupeaux, nous craignons aussi que l'on se retrouve avec une espèce de patchwork de solutions cantonales qui nuiraient à l'efficacité de ce dispositif", estime Pierrette Rey.

Après examen et prise en compte, ou non, de la consultation par le Conseil fédéral, la loi entrera en vigueur en février 2025.

Sujet radio: Gabriela Cabré

Adaptation web: Emilie Délétroz

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