Céline Amaudruz: "Je suis très bien dans mon parti"
Elue au Grand Conseil en 2009, à 30 ans, puis reprenant la présidence de l'UDC genevoise une année plus tard, Céline Amaudruz est aujourd'hui une figure de l'UDC romande. La vice-présidente du parti national s'écarte toutefois régulièrement de la ligne du parti sur différents thèmes.
La Genevoise s'était en effet prononcée en faveur de plusieurs sujets tels que la redéfinition du viol, le mariage pour tous ou encore le congé paternité. Céline Amaudruz estime cependant qu'il est tout à fait possible d'assurer la vice-présidence de l'UDC tout en étant en marge sur ces questions-là. "Je crois que quand vous êtes clair, loyal et honnête vis-à-vis de votre parti, cela ne pose pas de problème", affirme-t-elle dans l'émission Helvetica.
Le Parlement, reflet de la société
Céline Amaudruz s'était toutefois attiré les foudres d'une partie de l'UDC en 2017, lorsqu'elle avait dénoncé des cas de harcèlement au Parlement. "Ce qui m'a été reproché, ce n'est pas le fait de dénoncer, c'était de ne pas dire qui en étaient les auteurs", explique-t-elle. "Parce que d'un seul coup, j'aurais pu viser tout le monde."
Revenant sur les événements, la vice-présidente de l'UDC estime que cette situation "est une juste reproduction de la société" et illustre bien "la difficulté qu'ont les femmes à parler de la violence à laquelle elles sont confrontées". "On se retrouve totalement dans la position d'une victime, où la victime est remise en cause", précise-t-elle.
"Ce qu'il se passe dans la société, dans la rue, peut aussi se reproduire au sein d'un Parlement, de surcroît de milice", ajoute Céline Amaudruz, assurant cependant que "99% des gens sont tout à fait normaux, bienveillants et protecteurs à l'égard des autres élus".
Sensibilité de gauche?
Malgré ces divergences avec son parti, Céline Amaudruz l'assure: elle a bien sa place à l'UDC et ne se verrait pas ailleurs. "Sur les thèmes sociétaux, effectivement, je suis souvent du même avis que la gauche ou d'une partie du Centre", admet-elle. "Mais je ne pourrais pas être socialiste parce que je ne m'y rattache vraiment pas sur tous les aspects fiscaux et économiques."
Sur les thèmes sociétaux, je suis souvent du même avis que la gauche, mais je ne pourrais pas être socialiste
Si la Genevoise dit se rapprocher davantage du PLR en matière d'économie ou de fiscalité, elle ne partage pas du tout leur vision sur les questions de sécurité. "Et sur l'Union européenne non plus, donc finalement, je suis très bien dans mon parti", ajoute-t-elle.
C'est d'ailleurs cette détermination de ne pas rejoindre l'Union européenne qui a poussé Céline Amaudruz à intégrer l'UDC. "Lorsque je me suis lancée en politique, j'étais assez libérale, mais avec vraiment cette non-envie d'adhérer à l'Union européenne", explique-t-elle. "Et c'est pour cela que j'ai choisi le parti de l'UDC et j'en suis très heureuse."
Divisions sur l'AVS
Aujourd'hui, l'UDC se retrouve divisée concernant l'initiative pour une 13e rente AVS. Si le parti national recommande de rejeter le texte, la section genevoise y est en revanche favorable. "La raison est simple: nous avons fait campagne sur le pouvoir d'achat et on considérait que cette 13e rente améliorerait le pouvoir d'achat des citoyennes et des citoyens", explique la Genevoise.
Il faut respecter la décision de sa section, mais aussi du parti
"Aujourd'hui, ça ne va pas. Les gens, tout particulièrement à Genève, ne peuvent pas terminer les mois", poursuit-elle, précisant qu'elle aurait toutefois préféré un contre-projet "pour qu'on puisse cibler les personnes qui en ont besoin".
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Avec cette votation, la loyauté de Céline Amaudruz est donc mise à l'épreuve. Celle-ci refuse d'ailleurs de révéler ce qu'elle votera sur la question. "L'UDC suisse recommande le 'non', l'UDC genevoise recommande le 'oui', donc j'ai pris l'engagement de ne pas faire campagne dans un sens ou dans l'autre", explique-t-elle. "Il faut respecter la décision de sa section, mais aussi du parti."
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Emilie Délétroz