Céline Amaudruz: l'erreur de l'OFAS "pose question sur le fonctionnement de la démocratie directe"
Les errements mathématiques de l'Office des assurances sociales (OFAS) continuent d'avoir des retentissements politiques en Suisse. Rendue publique cette semaine, cette "bourde" de calcul de plusieurs milliards de francs dans les prévisions financières de l'AVS pourrait avoir pour conséquence de relancer le débat sur l'âge de retraite des femmes.
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Pour la conseillère nationale Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC, cette situation pose en tout cas question au-delà des clivages partisans: "J'étais dans le camp des vainqueurs dans la mesure où j'étais favorable à l'augmentation de l'âge de la retraite. Mais je dois quand même reconnaître qu'aujourd'hui, cela pose question sur le fonctionnement de la démocratie directe", commente-t-elle dimanche soir dans l'émission Forum.
Si la population considère qu'elle n'a pas pu bien se prononcer et qu'il y a eu des erreurs manifestes, alors oui, il faut revoter. Mais c'est à la justice de le dire, pas aux parlementaires
"Est-ce que la population a pu voter en connaissance de cause? Le résultat aurait-il été différent si on avait eu connaissance de ces quatre milliards?", interroge la Genevoise, glissant au passage que "ce n'est pas la première fois" qu'elle trouve le Conseil fédéral "pas assez prudent" lorsqu'il donne des chiffres. "Franchement, on doit prendre un peu de hauteur avec toute l'humilité que l'on doit avoir en tant que parlementaire."
Position personnelle
L'élue fédérale se dit ainsi "totalement en adéquation avec le fait de revoter", d'autant plus que le résultat était particulièrement serré (50,55% de oui). "Si la population considère qu'elle n'a pas pu bien se prononcer, et qu'il y a eu des erreurs manifestes, alors oui, il faut revoter. Mais ça, c'est à la justice de le dire, pas aux parlementaires", en vertu du principe de séparation des pouvoirs, estime-t-elle.
Elle précise toutefois qu'il s'agit de sa position personnelle, et non celle de son parti, dont certains membres ont balayé un nouveau vote, estimant que le résultat serait identique. "Pour être totalement transparente, je n'ai pas eu l'occasion de discuter ça avec le comité directeur de l'UDC Suisse", précise-t-elle. "Mais je trouve que ce qui est en jeu, ce n'est pas de savoir si on a gagné ou perdu, mais si la démocratie directe a fonctionné ou pas. Et pour ma part, je considère que la question est ouverte", poursuit-elle.
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Propos recueillis par Mehmet Gultas
Texte web: Pierrik Jordan