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Certains cantons ont du mal à assumer les coûts d'entretien de leurs infrastructures routières

Comment gérer le vieillissement des tunnels après l’effondrement de La Tzoumaz? (vidéo)
Comment gérer le vieillissement des tunnels après l’effondrement de La Tzoumaz? (vidéo) / Forum / 3 min. / le 5 février 2024
En Suisse, le coût d'entretien d'un tunnel routier peut monter jusqu'à 100'000 francs par an. Avec quelque 1800 ouvrages à travers le pays, la somme devient donc vite importante. Et le fédéralisme complique encore les choses.

L'effondrement samedi d'un tunnel entre Riddes et la Tzoumaz, en Valais, rappelle brutalement à la Suisse le coût d'entretien de ses routes, ses ponts et ses tunnels.

L'Office fédéral des routes (OFROU) estime que l'entretien annuel d'un seul tunnel peut coûter entre 50'000 et 100'000 francs, en fonction de sa taille et de son âge. Et avec les quelque 1800 ouvrages que compte le pays, la somme devient très vite astronomique.

>> Lire à ce sujet : Le tunnel de La Tzoumaz devrait rester fermé durant de longs mois

D'autant que ces ouvrages datent souvent de 70 ou 80 ans. Or, la durée de vie d'un tunnel est généralement d'une centaine d'années. De nombreuses infrastructures sont vieillissantes, plus aux normes et nécessitent donc davantage de surveillance ou d'entretien.

Entretiens à des intervalles réguliers

Ces tunnels sont régulièrement contrôlés. Ils sont nettoyés une ou plusieurs fois par an, afin de garantir une meilleure visibilité. On vérifie aussi les canalisations et les éventuels systèmes électroniques.

Tous les cinq ans, une "grande inspection" permet aussi de faire un état des lieux du tunnel de façon plus globale, notamment en matière de ventilation ou d'étanchéité. Et un assainissement approfondi est obligatoire tous les 25 ans.

Les normes sont les mêmes sur tous les types de routes. Mais alors que l'OFROU se charge de les contrôler sur des grands axes, autoroutes et routes nationales, ce sont les cantons qui en ont la charge sur les routes cantonales. Et si les normes sont identiques, les budgets, eux, ne le sont pas.

Et lorsqu'il s'agit par exemple de refaire l’étanchéité ou d'effectuer de gros travaux d'assainissement, les sommes peuvent vite grimper et atteindre plusieurs millions.

Manque de ressources

Selon l'association professionnelle Infra Suisse, l'entretien des infrastructures routières coûterait ainsi chaque année entre 1,5 et 2% de la valeur à neuf de l'ensemble du réseau, évaluée à six milliards de francs. En Valais, il faudrait donc un entretien annuel à hauteur de 120 millions de francs. Or, en moyenne ces dernières années, le budget attribué à l'entretien de l'ensemble du réseau routier n'était que de 70 à 80 millions, selon l'ingénieur cantonal valaisan Vincent Pellissier.

Selon un rapport d'Infra Suisse paru fin 2021, plusieurs cantons romands dépensent moins que ce qui est recommandé pour leurs infrastructures routières. "C'est une préoccupation du Conseil d'Etat, mais nous faisons avec les moyens que nous avons", a commenté le conseiller d'Etat Frédéric Favre lundi dans Forum. Il note également que "le changement climatique amène un changement dans la structure et la solidité de beaucoup d'infrastructures routières".

>> L'interview de Frédéric Favre dans Forum :

L’entretien des routes nécessiterait un milliard de francs d’investissement en Valais: interview de Frédéric Favre (vidéo)
L’entretien des routes nécessiterait un milliard de francs d’investissement en Valais: interview de Frédéric Favre (vidéo) / Forum / 2 min. / le 5 février 2024

Par ailleurs, avec sa topographie particulière, le Valais manque aussi de personnel. Alors que le bureau fédéral des routes dispose d'une centaine de personnes pour gérer 200 kilomètres de routes nationales, le canton doit composer avec 300 personnes pour entretenir, déneiger, désherber et surveiller pas moins de 1700 kilomètres de routes cantonales. Et des centaines de tunnels.

Mais selon l'ingénieur cantonal valaisan, la sécurité est préservée: si un tunnel ou un pont présente de gros risques, il est fermé à la circulation.

Sujet radio: Virginie Langerock

Adaptation web: Pierrik Jordan

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Le modèle de mobilité des Alpes suisses est-il en danger?

Face aux aléas et aux incertitudes induites par le changement climatique, ce type d'enjeux cristallise les craintes d'une difficulté d'adaptation pour la vie, mais aussi l'économie de montagne.

"Les Alpes sont très touchées par le réchauffement climatique, donc il y aura des adaptations à faire", commente le conseiller d'Etat valaisan Christophe Darbellay lundi dans le 19h30.

"Les populations de montagne sont résilientes, elles sont habituées, ce n'est pas depuis hier qu'on doit faire face à des dangers naturels. On a développé des stratégies et des outils pour se protéger contre ces aléas climatiques et géologiques, et on continuera à le faire. Il y a un avenir pour la montagne, j'y crois fermement. Cela va coûter cher mais on trouvera les moyens", poursuit-il. "Et notre volonté, c'est de tout faire pour que les gens puissent continuer de vivre à la montagne. Pour donner des perspectives aux familles avec des enfants, mais aussi au développement économique et touristique."

>> L'interview de Christophe Darbellay dans le 19h30 :

Christophe Darbellay, Président du Conseil d'Etat valaisan, revient sur les conséquences de l’effondrement d’un tunnel à La Tzoumaz
Christophe Darbellay, Président du Conseil d'Etat valaisan, revient sur les conséquences de l’effondrement d’un tunnel à La Tzoumaz / 19h30 / 4 min. / le 5 février 2024