En Suisse, 60 communes ont signé des partenariats avec La Poste, dont treize en Suisse romande, à l'instar de Baulmes (VD), Matran (FR) et Jussy (GE). Un partenariat en place depuis 2007 permet de maintenir un guichet postal là où la Poste a fermé un office.
Les communes doivent fournir un certain effort en signant ce partenariat: supporter une partie des frais d'exploitation, affecter et former du personnel et souvent élargir les heures d'ouverture de l'administration communale.
Services postaux disponibles avec des exceptions
"Dans une filiale de partenariat, par exemple à la commune, vous pouvez demander environ 95% de tous les services que vous trouvez à la Poste 'normale'. Il y a quelques exceptions, comme le retrait d'un acte de poursuite, le versement en espèces sur votre compte PostFinance ou des envois spéciaux, comme des colis encombrants ou un express à l'étranger", a expliqué vendredi dans l'émission On en parle le porte-parole de la Poste Stefan Dauner. A noter que le retrait de cash et les paiements en espèces sont également limités dans ce type de filiales.
Pour l'Association des communes suisses, ce partenariat entre La Poste et les communes comporte tout de même un avantage de taille: le service aux citoyennes et citoyens, "notamment pour les personnes âgées qui ont plus de difficulté à pouvoir se déplacer dans d'autres filiales de La Poste", estime Chantal Weidmann Yenni, membre du comité de l’association. "Du point de vue de la commune, il s’agit clairement d’un engagement qui est pour le citoyen".
Un minimum de 30 heures par semaine pas toujours respecté
Pour ses filiales partenaires, La Poste exige un minimum de 30 heures d'ouverture par semaine, cinq jours sur sept. Selon l’enquête d’On en parle, deux tiers des communes concernées ont dû élargir les heures d'ouverture de leur bureau d’administration pour respecter cette règle.
Cependant, la moitié des communes partenaires ouvrent tout de même moins de 30 heures par semaine. Le porte-parole de La Poste ne s'en formalise pas: "Il s’agit un peu de notre valeur de référence, indicative. Mais évidemment, nous sommes flexibles."
Une formation éclair
Dominique Gueneret, secrétaire général de la commune de Bardonnex, explique comment La Poste accompagne les employés communaux: "La formation dure entre un jour et demi et deux jours. Ils ont ensuite une formation via une application spécifique de La Poste et une espèce de QCM avec des cas d'espèce, un peu comme des mises en situation."
Il suffit donc de 12 heures pour obtenir son permis de postier ou postière. Une formation que Carmen Houriet, employée communale à Baulmes, a trouvée courte: "C’est une formation limitée car l’offre est vaste et il y a beaucoup à apprendre", note-t-elle.
Pour Stefan Dauner, "c'est vrai que c'est court, mais c’est une formation qui permet de s'immerger assez rapidement dans le monde jaune. Il y a tout de même aussi un suivi par La Poste. Evidemment, nous ne les laissons pas seuls", explique-t-il.
Des économies pour La Poste
La Poste indemnise ses filiales partenaires d’un montant fixe par mois, complété de bonus et d’intéressement au chiffre d’affaires. Le géant jaune refuse de communiquer un montant précis, celui-ci variant en fonction de la situation de la commune.
Cependant, les informations recueillies par On en parle pour une commune montrent qu’un revenu fixe d'un peu plus de 500 francs par mois lui est assuré, complété de quelques centaines de francs de bonus, ainsi que d'une part d'intéressement au chiffre d'affaires. Des comptes communaux consultés par l’émission montrent que la rémunération totale dans certaines communes s’élève à environ 1000 francs par mois.
Les coûts précis d'un tel service sont difficilement chiffrables, car ils sont mélangés avec ceux du fonctionnement du bureau communal. Mais il n’est pas certain que les coûts de l’électricité, du chauffage, du nettoyage, des salaires des employés communaux et des cotisations sociales soient couverts par les indemnités versées par La Poste. Ce financement partiel probable d’une partie de l’offre postale par les contribuables est "un choix des communes de maintenir un service pour la population", conclut Chantal Weidmann Yenni.
Sujet radio: Xavier Bloch, Emilie Berthouzoz et Bastien von Wyss
Adaptation web: Myriam Semaani