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Christian Levrat, président de La Poste: "Le service public, ce n'est pas un musée"

Le Parlement pourrait geler la suppression des bureaux de poste: interview de Christian Levrat (vidéo)
Le Parlement pourrait geler la suppression des bureaux de poste: interview de Christian Levrat (vidéo) / Forum / 9 min. / le 4 décembre 2024
La Poste pourrait devoir mettre sur pause ses fermetures d'agences. Le Conseil des Etats se prononce jeudi sur une motion en ce sens déjà avalisée par le National. Pour le président du géant jaune Christian Levrat, un oui des sénateurs prétériterait le développement de l'entreprise, qui doit s'adapter aux nouveaux besoins de la population.

La Poste prévoit de fermer quelque 170 offices à travers le pays. Jeudi, le président de son conseil d'administration Christian Levrat aura donc les yeux rivés sur ses anciens collègues du Conseil des Etats, qui pourraient, après le National, accepter une motion qui aurait une influence directe sur l'avenir de l'entreprise. Le texte demande d'imposer la suspension des fermetures au sein de l'ex-régie fédérale le temps de définir son mandat de service universel.

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Christian Levrat prévient mercredi dans Forum qu'une telle décision entraînerait des effets négatifs. "La motion contraindrait La Poste à stopper la plupart de ses projets de digitalisation. Elle interdirait la modification de l'ordonnance sur la Poste annoncée par le Conseil fédéral. Elle impacterait le développement du réseau", liste-t-il.

 Je ne suis pas sûr que les attentes de la population, ce soit quatre murs

Christian Levrat, président du conseil d'administration de La Poste

"C'est le moment de mettre en garde: aucune entreprise ne peut être paralysée pendant quatre ou cinq ans", prévient l'ex-président du Parti socialiste suisse. A ses yeux, un tel blocage impliquerait également "de grandes difficultés financières".

Un investissement de 100 millions

Le président de La Poste tient néanmoins à se montrer rassurant à propos de la stratégie de son entreprise. Il assure qu'elle cherche des solutions pour maintenir son niveau de service: "Nous avons aujourd'hui 2000 offices postaux. Certains sont des agences, d'autres des filiales propres. Cela donne l'un des réseaux les plus denses en Europe. Nous nous apprêtons à investir 100 millions de francs pour développer ces offices postaux, pour répondre au mieux aux besoins de la clientèle", développe-t-il. 

La Poste souhaite "répondre aux attentes de la population", insiste-t-il. "Mais je ne suis pas sûr que ce soit quatre murs. Les attentes de la population, c'est de pouvoir envoyer simplement (leur courrier) à des conditions attractives", argumente-t-il. A l'entendre, les agences postales externalisées chez des partenaires, par exemple dans des épiceries, remplissent leur rôle presque aussi bien que les "vrais" offices. "A ce stade, les agences apportent 97% des prestations", soutient-il.

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Un changement des besoins

Et d'affirmer que "les besoins de la population ont profondément évolué". Par exemple, les paiements au guichet ont nettement diminué.

Pour répondre aux nouvelles attentes, La Poste doit pouvoir engager les transformations adaptées à l'air du temps: "Le service public doit être actuel, il doit être pertinent, il doit correspondre aux besoins de la population. Le service public, ce n'est pas un musée", lance Christian Levrat.

Propos recueillis par Mehmet Gultas et Coralie Claude

Texte web: Antoine Michel

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Des conditions de travail décriées

Christian Levrat a également été interpellé sur les conditions de travail des factrices et des facteurs. Il y a deux semaines, le syndicat Syndicom a publié une enquête auprès des facteurs de l'Arc jurassien et du canton de Fribourg. Elle révèle une importante souffrance au travail. La limite légale des 50 heures de travail par semaine serait souvent dépassée. Un employé a assuré que son équipe était toujours "sur le fil du rasoir", confrontée à un manque chronique d'effectif tout au long de l'année.

Le président du conseil d'administration du géant jaune déclare qu'il faut "prendre au sérieux cette plainte".  "Il faut entendre cette souffrance, il faut dialoguer avec les syndicats et il faut parler à notre personnel qui réalise un travail exceptionnel dans des conditions difficiles", soutient-il.