Comment entreprendre les démarches pour obtenir réparation le plus vite possible après un sinistre? Si dans la plupart des cantons romands, l'Etablissement cantonal d'assurances (ECA) se charge de la couverture des bâtiments, le Valais et Genève sont les deux cantons romands où il faut être assuré auprès d'assurances privées, comme c'est le cas pour les assurances ménages pour les objets se trouvant à l'intérieur des logements.
"Ne pas se mettre en danger"
"Dans un premier temps, il faut laisser l'événement se terminer et ne pas se mettre en danger", explique Martin Steinauer, responsable des sinistres choses pour la Suisse occidentale à la Mobilière, dans l'émission de la RTS On en parle. "Le sinistre va durer un certain temps, durant lequel les pompiers et les services de secours gèrent la situation. Lorsque l'événement est passé, il faut faire une annonce de sinistre rapide, de préférence par téléphone, de façon qu'on puisse se rendre sur place le plus vite possible pour évaluer les dégâts."
Faut-il éviter de commencer à faire des nettoyages ou d'entreprendre des travaux avant d'avoir contacté son assurance? "Bien au contraire, puisqu'on demande à nos assurés de tout mettre en œuvre pour réduire le montant des dégâts", précise Martin Seinauer. "Mais encore une fois, le travail est ardu et il vaut mieux nous laisser faire appel à des entreprises spécialisées pour gérer les travaux lourds comme l'évacuation de meubles, de boue ou de limons."
Confort minimal assuré
Comment les personnes se retrouvant à la rue après avoir dû évacuer leur domicile en pleine nuit sont-elles aidées par leur assurance? "Dans un premier temps, nous permettons à l'assuré de se mettre dans une situation de confort minimal, c’est-à-dire lui verser très vite des acomptes pour qu'il puisse s'équiper en vêtements et se reloger, par exemple, à l'hôtel ou dans certains cas chez le voisinage ou la famille. Si le sinistre ne peut pas être rétabli dans un court terme, nous prenons en charge des frais de relogement dans un appartement ou une maison pendant plusieurs mois."
Quant au mobilier, l'approche est différente. "Nous évaluons dans quelle mesure les choses ont été immergées dans l'eau et endommagées. S'il y a des meubles qu'on peut quand même sauver, qui étaient un petit peu en hauteur, qui n'ont pas été en contact avec l'eau. Il y a donc un tri et c'est pour cela que nous demandons aux assurés d'attendre nos instructions. Nous mandatons des entreprises spécialisées sur place qui vont aider le client dans ses opérations de tri et de déblaiement par la même occasion." À noter que prendre des photos des objets endommagés est conseillé, afin de documenter le sinistre le plus justement possible.
Des conséquences pour le futur?
L'augmentation de la fréquence et de l'intensité des sinistres liés aux dérèglements climatiques, avec des exemples des inondations à Morges (VD) récemment et les crues historiques en Valais ce week-end, pourrait-elle entraîner des conséquences sur les modèles d'assurances?
"Bien-sûr que cela nous inquiète. Je ne veux pas parler pour l'ensemble des assureurs, mais personnellement, en tant que responsable des sinistres, il y a des enjeux qui se présentent pour le futur. Il est clair qu'à l'avenir, il faudra peut-être réévaluer la façon dont nous couvrons ces risques", conclut Martin Steinauer.
Une assurance fédérale sur la table depuis dix ans
Dans certains cantons, où l'assurance pour les bâtiments n'est pas obligatoire, les propriétaires pourraient se retrouver sans couverture face à la récurrence des événements naturels, prévient Vojislav Mijic, responsable des assurances en Suisse romande chez VZ, une entreprise spécialisée en conseils financiers, dans La Matinale de la RTS.
"Dans des zones à risques, on a déjà des assureurs qui refusent d'assurer certains bâtiments", explique-t-il. Le cas des tremblements de terre illustre bien les limites actuelles des assurances en Suisse, selon Vojislav Mijic. "Beaucoup de personnes considèrent, par exemple, que le tremblement de terre est un événement naturel. Ce qui est juste, mais il ne fait pas partie des événements assurés. Personne ne rembourse les dégâts pour un tremblement de terre. C'est assuré à titre facultatif par des assureurs privés", dit-il.
Depuis plus d'une décennie, l'idée d'instaurer une assurance fédérale pour couvrir les événements naturels fait débat en Suisse. "On a justement constaté qu'au niveau fédéral, des choses ont été mises en place pour essayer d'aboutir à une assurance fédérale. Ça prend beaucoup de temps. On en parle depuis plus de dix ans", indique Vojislav Mijic.
Sujet radio: Quentin Bohlen
Adaptation web: Myriam Semaani