Les violences qui ont eu lieu le week-end dernier lors d'un match de Super League entre le Servette FC et le FC Zurich ont une nouvelle fois mis le feu aux poudres. Ces débordements répétés fatiguent en particulier la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP). La faîtière ne digère pas l'opposition de la Swiss Football League (SFL) aux mesures annoncées par les cantons le mois dernier.
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Ces mesures dites "en cascade" visent à prendre des sanctions toujours plus fortes lorsque les heurts se répètent. La pratique sera instaurée la saison prochaine. Mais elle est décriée par la SFL, qui la qualifie de "contreproductive". Ce que regrette Max Hofmann, secrétaire général de la FSFP. "On en a ras-le-bol de mettre notre santé en péril pour cela". Le représentant des forces de l'ordre liste des objectifs clairs: "se remettre autour de la table des discussions, accepter les mesures qui ont été proposées et donner une chance à ce modèle en cascade de trouver sa voie pour que nous puissions faire baisser cette violence qui est inacceptable".
Un modèle "inefficace"
Dans les rangs de la Swiss Football League, on défend le principe des punitions individuelles. Or, la formule imaginée par les cantons implique des sanctions collectives permettant une désescalade de la violence pour "prévenir des blessés ou un mort", comme le précise le conseiller d'Etat valaisan Fréderic Favre, président du groupe de travail des autorités chargé de délivrer les autorisations.
Avec ces mesures, les clubs et les groupes de supporters seront donc dans le viseur des autorités. Et c'est là que le bât blesse pour la SFL. "Le modèle en cascade est inefficace, unilatéral et disproportionné", juge Philippe Guggisberg, porte-parole de la Swiss Football League. "Il ne se focalise pas sur la prévention de futurs actes de violence car il est uniquement répressif".
Les instances helvétiques du ballon rond n'entendent donc pas mettre tous les supporters dans le même panier. Elles prônent le renforcement et le développement des mesures existantes à l'encontre des délinquants, à commencer par les interdictions de stade, les interdictions de périmètre ou les obligations de se présenter à la police.
D'autres débats houleux à venir
Les discussions n'ont pas fini d'être nourries entre le milieu du football et les autorités. Dans son communiqué publié après les débordements survenus en marge de la rencontre entre le Servette FC et le FC Zurich, la Fédération suisse des fonctionnaires de police s'étonne qu'aucun des deux clubs ne condamne les violences, même si le club genevois a annoncé les regretter.
Mais les tensions risquent surtout de s'accentuer dans les jours à venir. La Conférence des chefs de départements cantonaux de justice et police devrait annoncer vendredi le début du processus d'élaboration de la base légale nécessaire à l'instauration des billets nominatifs. Des billets qui ont pour but d'identifier et de dissuader les supporters violents, mais qui sont loin de faire l'unanimité. La question des coûts liés à la mise en place de ce système pose notamment problème. Il en va de même avec les contraintes qui découleraient du contrôle et du stockage des données.
Sujet radio: Tania Sazpinar
Propos de Philippe Guggisberg recueillis par Romain Bardet
Adaptation web: Julien Trachsel