Plusieurs cantons ont fait part dernièrement de leur souci, voire de leur colère, face à l'arrivée massive de requérants d'asile sur leur territoire. Il faut dire que l'actualité a récemment été émaillée par plusieurs faits divers impliquant des migrants.
Pour rappel, à Neuchâtel, peu avant Noël, un réfugié a semé la panique dans une école primaire du village de Cortaillod. Plus dramatique, dans le canton de Vaud, il y a quelques jours, un autre a pris un train en otage avant d'être tué par la police. A noter que face à ce cumul inquiétant toujours plus les autorités, Neuchâtel a menacé cette semaine la Confédération de résilier son bail avec le centre d’hébergement de Boudry avant l’échéance.
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Trouver des solutions concrètes
Rassurer les cantons, c'était donc l'un des défis de Beat Jans ce vendredi matin. Le conseiller fédéral en charge de l'asile recevait les représentants cantonaux pour les écouter et tenter de trouver avec eux des solutions concrètes.
Pour la conseillère d'Etat vaudoise en charge de l'économie Isabelle Moret, il y a urgence: "les cantons sont à bout et les communes acculées", comme elle le soulignait ce vendredi au micro de La Matinale avant de se rendre à Berne pour y assister. Elle avait d'ailleurs appelé à la création d'une "task force asile", une idée communiquée jeudi.
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"Cette crise doit être gérée sous forme de gestion de crise, et non pas comme un dossier ordinaire. Il faut la gérer comme la Confédération et les cantons ont réussi à faire avec la pénurie d'énergie ou la crise du Covid", insiste-t-elle au micro du 19h30.
Toutefois, son idée n'a pas trouvé un écho particulier vendredi à Berne auprès de Beat Jans. Ce n'est qu'ensemble que l'on pourra résoudre ces grands défis, souligne-t-il au terme de la rencontre dans le 19h30, semblant botter en touche au sujet de l'idée vaudoise.
Invité dans Forum vendredi, le conseiller d'Etat valaisan en charge des Affaires sociales Mathias Reynard le confirme: l'idée d'Isabelle Moret n'a pas fait mouche. Elle n'a d'ailleurs selon lui-même pas été évoquée. "On n'a jamais parlé de task force, ni dans la séance de ce vendredi matin, ni dans des séances précédentes."
Avant d'ajouter: "Ce que je peux vous dire, c'est que ce matin les discussions ont eu lieu dans une ambiance très constructive, avec des cantons qui étaient toujours très positifs, et dans une volonté de travailler ensemble." Quoi qu'il en soit, il ne faut surtout pas faire, selon lui, comme durant le Covid, "où on avait la Confédération et les cantons qui s’attaquaient par médias interposés et qui se renvoyaient la balle".
D'autres solutions mises sur la table
Ce vendredi à Berne, d'autres solutions ont été mises sur la table, comme l'idée de créer un "masterplan" pour un système plus durable qui permettrait de mieux s’adapter à l’évolution des flux migratoires en Suisse.
Ceci permettrait une meilleure vision générale, notamment en ce qui concerne les places d’accueil dans les différentes régions. Et ce, tout en favorisant une meilleure coordination entre la Confédération, les cantons et les communes. Ce plan pourrait se concrétiser ces prochains mois.
Il y a aussi la volonté d’organiser une troisième conférence nationale sur l’asile après celles de 2013 et 2014. Des tables rondes qui avaient débouché sur une restructuration du domaine de l’asile.
Sujets radio: Coraline Pauchard, Mathieu Henderson, Martine Clerc
Sujets TV: Thierry Clémence, Pierre Nebel
Adaptation pour le web: Fabien Grenon
Prise en charge des requérants d'asile par les communes inégale
Dans plusieurs cantons, comme dans le canton de Vaud, la répartition des migrants n'est pas homogène sur le territoire. Les régions du nord et de l'est vaudois fournissent en effet le plus gros de l'effort, à l'inverse de l'ouest vaudois qui hébergent beaucoup moins de migrants.
On peut citer par exemple Bex et Aigle dans le Chablais, des endroits où le marché du logement joue un rôle. En plus d'hébergements collectifs, il y a plus d'appartements disponibles pour loger des migrants. Une aubaine pour l'Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM).
Saturation
Mais certaines communes arrivent à saturation, comme à Sainte-Croix, dans le Jura Nord vaudois, qui accueille environ 350 requérants, soit un peu plus de 8% de sa population. Une situation qui pose plusieurs problèmes selon le syndic Cédric Roten.
"Les problèmes qu'on rencontre tous les jours, c'est l'intégration des enfants dans les classes au niveau de notre arrondissement scolaire, au niveau des infrastructures mais également au niveau du personnel", explique-t-il, ajoutant que sur le plan de la sécurité, aucun problème particulier n'est à signaler.
A l'inverse, il y a les communes qui accueillent moins. Dans le canton de Vaud, c'est Rolle, au bord du lac Léman, qui fait beaucoup parler d'elle. Plus d'un millier d'habitants ont signé une pétition. Ils s'opposent à un projet de l'EVAM pour accueillir une centaine de migrants dans un hôtel abandonné, alors que la commune héberge déjà 10 fois moins de requérants que Sainte-Croix par exemple. Une situation qui révolte le syndic de cette commune du Nord vaudois qui demande des actions du Conseil d'Etat.