De nombreuses manifestations en Suisse à l'occasion du 1er Mai pour réclamer des améliorations salariales
La solidarité est nécessaire, car le monde va mal, a déclaré le ministre de justice et police sur la Place fédérale à Berne. "Ensemble, ça va mieux", a affirmé Beat Jans, en évoquant les nombreux défis politiques, économiques et sociaux qui attendent la Suisse.
S'exprimant à Thoune (BE), sa collègue jurassienne Elisabeth Baume-Schneider a de son côté mis en garde contre les conséquences des injustices sociales. Seule une société équitable est une société forte, a-t-elle dit.
Le cortège genevois rassemble 2000 personnes
A Genève, quelque 2000 personnes ont défilé dans le calme. Les syndicats et la gauche ont profité de cette manifestation pour afficher leurs positions sur des objets en votation le 9 juin au bout du lac. Une importante délégation vêtue de violet a défilé contre la sous-enchère salariale dans les crèches privées, qui a fait l'objet d'un référendum. Plusieurs banderoles ont aussi appelé à voter pour l'initiative visant à étendre les droits politiques des étrangers.
Ce cortège du 1er Mai était également placée sous le signe de la solidarité avec le peuple palestinien. Plusieurs banderoles pro-palestiennes étaient placées à l'avant du cortège, tandis que de nombreuses personnes arboraient un keffieh, symbole de lutte pour les Palestiniens. "Free free Palestine", "Nous sommes tous des enfants de Gaza" ou encore "Boycott Israël", ont scandé des manifestants.
A Delémont, le cortège a réuni près de 200 personnes. "C'est une opportunité pour que la classe politique, dans le Jura ou à Berne, nous écoute", lance dans le 12h30 une participante. "Parce que cela devient difficile avec l'inflation", ajoute-t-elle.
"C'est extrêmement important de mobiliser un maximum de personnes pour un partage des richesses le plus équitable possible", souligne un manifestant.
"Depuis que je suis apprenti, j'ai défendu la cause salariale et sociale. Tout le monde doit pouvoir vivre décemment", déclare de son côté un septuagénaire.
Une charge contre le niveau des primes
L'Union syndicale suisse (USS) exige "une refonte de la politique des salaires et des revenus" pour que "les personnes qui doivent travailler dur au quotidien s’en sortent financièrement".
La faîtière syndicale rappelle que, même si le renchérissement a pu être compensé en majorité cette année, les salaires réels stagnent depuis 2016.
Son président Pierre-Yves Maillard a, lui, dénoncé lors d'un discours à Bienne des "chiffres sur l'inflation complètement faux" en Suisse. Le fait que les primes maladie soient exclues du calcul brouille la réalité, selon lui.
Le conseiller aux Etats socialiste a comparé ces primes à "un impôt". Or, a-t-il ajouté, "c'est le seul impôt qui n'est pas plafonné et sur lequel personne ne vote jamais".
L'ancien conseiller d'Etat vaudois a ainsi plaidé en faveur de l'initiative de son parti sur la limitation des primes à 10% du revenu, soumise à votation le 9 juin.
Une CCT réclamée par les assistantes en pharmacie vaudoises
Dans le canton de Vaud, les assistantes et assistants en pharmacie ont saisi l'occasion de la Fête du travail pour réclamer, une nouvelle fois, une convention collective de travail (CCT).
Accompagnées du syndicat Unia et avec la présence de Pierre-Yves Maillard, des employées se sont réunies le matin à Ouchy afin de lancer une pétition adressée au patronat. Elles espèrent récolter 10'000 signatures d'ici l'été.
Les assistants et assistantes en pharmacie attirent l'attention depuis plusieurs années sur leurs salaires et leurs conditions de travail jugées inéquitables. La Société vaudoise de pharmacie (SVPh) a refusé en novembre d'entrer en discussion pour une CCT.
"Nous revendiquons 4300 francs mensuels à la sortie d'apprentissage, un 13e salaire, cinq semaines de vacances et une grille de salaire évolutive", détaille dans le 12h45 Fanny Hostettler, la responsable syndicale des assistantes en pharmacie vaudoises au sein d'Unia.
Directement interpellé dans son officine à Ouchy, le président de la SVPh Christophe Berger reconnaît l’importance de revaloriser les conditions de travail. Il doute toutefois que les membres de la société reviennent sur leur décision.
"On ne va pas reproposer demain [d'entrer en négociation pour une CCT] à l’assemblée générale. On verra le résultat des signatures et on en rediscutera au sein de la Société. Je ne peux pas garantir qu’il y aura de nouveau une discussion sur ce sujet-là", déclare-t-il.
>> Participez à la discussion avec "dialogue", une offre de la SSR :
Antoine Michel avec ats
Reportage radio: Gaël Klein
Sujet TV: Thomas Epitaux-Fallot
Une CCT exigée en Valais pour le personnel de la petite enfance
En Valais, le personnel actif dans les structures d'accueil de jour de l'enfance réclame également une CCT. Il réitère son appel à la Fédération valaisanne des communes. En toile de fond notamment, le constat de grandes disparités de salaires entre les communes, dont dépendent les structures d'accueil.
"La différence de salaires entre deux personnes ayant les mêmes qualifications et la même ancienneté peut aller jusqu'à 1000 francs par mois simplement parce qu'elles travaillent dans des communes voisines", a indiqué d'emblée Marcel Bayard, le président du syndicat SCIV. La situation doit changer, a-t-il ajouté lors d'une action solidarité à Martigny .
"Les disparités entre les employés se creusent parce que les salaires de base, les échelles de progression, ou encore la prime d'ancienneté dépendent du budget communal. A cela s'ajoute encore l'adaptation ou non au renchérissement", a précisé Marcel Bayard.
Grand cortège dans les rues de Zurich
Quelque 10'000 personnes ont défilé mercredi en ville de Zurich pour la Fête du travail, sous le mot d'ordre "Le capitalisme rend malade". Le cortège s'est déroulé de manière pacifique. La police était présente en force.
Le rassemblement s'est terminé sur la place du Sechseläuten, avec notamment un discours de Daniel Lampart, chef économiste de l'Union syndicale suisse (USS).
Le cortège officiel organisé par la faîtière syndicale visait en particulier à mobiliser en faveur d'un "oui" à l'initiative d'allègement des primes maladie, soumise en votation le 9 juin. De nombreux groupes se sont toutefois joints à la manifestation, notamment cette année un grand "bloc Palestine".
La manifestation à Winterthour perturbée
Des manifestants cagoulés ont perturbé le déroulement de la manifestation du 1er mai à Winterthour, deuxième ville du canton de Zurich. Ils ont provoqué des dégâts pour plusieurs dizaines de milliers de francs. Trois personnes âgées de 22 à 26 ans ont été interpellées, indique mercredi la police municipale.
Elles sont soupçonnées d'avoir participé aux déprédations. La police précise que la grande majorité a manifesté pacifiquement.