EPF suisses: des collaborations à visées potentiellement sécuritaires avec des entités israéliennes
L'une des recherches les plus sensibles a impliqué l'EPFL, une société israélienne privée active dans la détection d'explosifs et le Ministère israélien de la sécurité publique, en charge de la police et des prisons. Intitulée SNIFFER et développée de 2012 à 2015 dans le cadre du septième programme-cadre de recherche de l'Union européenne, cette recherche visait à développer des renifleurs artificiels pour détecter des explosifs ou des êtres humains cachés dans des véhicules aux frontières. Le reniflage artificiel a, par la suite, été déployé sur des chiens mécanisés.
Des recherches sous l'égide de l'UE
Au moins trois autres recherches à visées potentiellement sécuritaires impliquant l'EPFL et des entités israéliennes ont été recensées par la RTS. Ces travaux ont été menés sous l'égide de l'Union européenne via ses programmes de recherches, comme Horizon, avant que la Suisse en soit exclue, en 2021. Ces trois autres recherches étaient liées à la cyberdéfense, au développement des composants pour systèmes embarqués, comme les microprocesseurs et aux stratégies d'éco-conception dans l'aviation.
L'EPFL dit n'avoir rien à se reprocher avec ces recherches: "Les règles en usage pour ces programmes comportent la mention suivante: l'accent est mis exclusivement sur les applications civiles", explique son porte-parole dans un email à la RTS.
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Il précise: "Pour le surplus, les chercheurs de l'EPFL sont tenus de se soumettre aux "compliance rules" de l'Ecole". L'EPFL assure à la RTS qu'elle "continuera à participer à des programmes collaboratifs de ce type, car elle considère que les partenariats de recherche et les échanges académiques, ainsi que les collaborations avec l'industrie, sont cruciaux pour faire avancer la science". L'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne annonce 30 collaborations ou contrats de recherche en cours avec une implication israélienne.
Deux recherches à l'EPFZ
L'EPFZ a également été impliqué dans deux recherches susmentionnées aux côtés de l'EPFL, celles ayant trait aux composants pour systèmes embarqués et aux stratégies d'éco-conception dans l'aviation. Elle a aussi participé à une recherche visant à développer de nouveaux matériaux composites pour l'aéronautique et à une quatrième éminemment plus sensible.
Intitulée TAKEDOWN et développée de 2016 à 2019 dans le cadre du programme de recherche Horizon 2020, cette recherche visait à développer des systèmes d'intervention destinés aux forces de sécurité actives dans la lutte contre le crime organisé et le terrorisme, avec un volet de surveillance numérique.
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"Le choix des thèmes de recherche et, en cas de coopération, des partenaires de recherche, est soumis à la liberté de recherche de chaque chaire", explique le porte-parole de l'ETHZ.
"Dans le cas de contrats de coopération spécifiques, l'EPF s'assure que les dispositions légales sont respectées lorsqu'il s'agit de technologies soumises au contrôle des biens ou de biens à double usage. Israël n'est pas signataire des quatre régimes de contrôle des exportations politiquement contraignants pour la Suisse et n'est donc pas couvert par l'autorisation générale d'exportation de l'ETH Zurich", poursuit-il.
L'Ecole polytechnique fédérale de Zurich est actuellement impliquée dans trois projets menés avec l'Institut israélien Weizmann des Sciences et annonce 210 collaborations avec des chercheurs rattachés à une institution israélienne depuis 2023.
Claude-Olivier Volluz - Pôle enquête RTS
Plusieurs collaborations à Fribourg
L'Université de Genève n'a pas communiqué le détail de sa collaboration académique avec Israël. L'Université de Fribourg annonce des échanges en sciences humaines (théologie, histoire contemporaine, science des religions, etc.).
En sciences, l'UniFR fait état de contacts au niveau de la recherche sur la nutrition, les protéines artificielles et les matériaux bio-inspirés, ainsi que dans quelques autres départements en sciences et médecine. Selon sa porte-parole, une rupture des relations avec les universités en Israël n'est pas appropriée, ces dernières n'ayant pas à être tenues pour responsables de la politique menée par le gouvernement de leur pays. "Les relations académiques traversent souvent les générations et les conflits et peuvent aider à (re)nouer le dialogue", ajoute l'UniFR.
De son côté, l'Université de Neuchâtel indique ne pas avoir de recherches ou de collaborations en cours avec des entités israéliennes.