Algorithmwatch avance plusieurs exemples de discriminations: des CV de femmes défavorisés par un logiciel de ressources humaines; un algorithme qui conclut à un risque de récidive plus élevé pour les détenus de couleur; ou encore un programme qui soupçonne les handicapés de fraude aux prestations sociales.
Ces cas sont inadmissibles, selon l'ONG et une partie de la classe politique, qui invitent le Conseil fédéral à étudier la manière d'y remédier.
Retard pris en matière d'IA
"Il faut donner une impulsion", a déclaré lundi dans La Matinale de la RTS la conseillère nationale socialiste genevoise Estelle Revaz, l'une des signataires de cet appel.
"La Suisse a manqué le coche dans la production de l'intelligence artificielle. En refusant de faire les investissements nécessaires, elle a en quelque sorte délocalisé la production aux Etats-Unis, en Chine et en Inde. Au moment de la régulation, elle a été très timide, avec une posture attentiste. Elle a attendu de voir ce que l'Union européenne allait faire. La Suisse a un rôle à jouer par sa neutralité, sa tradition humaniste et l'exemple qu'elle peut donner en matière de respect des droits fondamentaux", argumente-t-elle.
Un demande jugée pénalisante
Le conseiller national PLR Philippe Nantermod juge, lui, cette démarche inutile et pénalisante. Le Valaisan agite le spectre "d'un retard considérable en matière de technologie, parce qu'on veut tout réglementer et décider par les Etats, plutôt que laisser l'industrie proposer des solutions innovantes."
Le Conseil fédéral a prévu de se positionner sur le cadre légal entourant les algorithmes et l'intelligence artificielle d'ici la fin de l'année. C'est parce qu'elle craint une réponse trop timide face aux géants de la tech qu'Algorithmwatch a lancé son appel. Des experts en informatique l'ont également signé.
Romain Carrupt/ami