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Des hausses massives pour les assurés d'une caisse maladie qui disparaît

Certains assurés de l'ancienne caisse Supra doivent s'attendre à des hausses massives en 2025.
Certains assurés de l'ancienne Supra doivent s'attendre à des hausses massives en 2025.
Supra cessera ces activités d'assureur maladie obligatoire en 2025. Sa maison mère, le Groupe Mutuel, a annoncé qu'elle reprenait ces clients à son compte. Avec à la clé des hausses substantielles.

Jusqu'à la fin de cette année, Bernard et son épouse étaient assurés auprès de Supra. Au mois d'octobre, ils ont reçu un courrier détaillant le transfert des clients vers le Groupe Mutuel.

La communication se veut rassurante, mettant particulièrement en avant tout ce qui ne changera pas.

2000 francs de hausse sur un an pour un couple

Pourtant, il y a bel et bien un changement, et de taille, qui n'est pas mentionné dans ce courrier. Lorsque l'octogénaire vaudois compare les certificats d'assurance 2024 et 2025, la surprise est fort désagréable. Sa prime d'assurance obligatoire chez Supra était de 551 francs par mois. Celle du Groupe Mutuel atteint 632 francs. La hausse est de 14%, contre 6% en moyenne pour l'ensemble des primes.

Pour le couple, ce changement aurait coûté 1950 francs pour la seule année 2025. Inacceptable pour Bernard, qui contacte le Groupe Mutuel avec l'intention de résilier le contrat. Et là, nouvelle surprise: son interlocuteur lui propose un modèle d'une autre société du groupe, Avenir. Pour le nouveau contrat choisi par le Vaudois, l'économie atteint presque 40 francs par mois.

163'000 personnes concernées

La RTS a pris connaissance de deux autres situations similaires, l'une impliquant un retraité, l'autre une femme avec quatre enfants. Le surcoût approchait les 1000 francs dans le premier cas et les 2000 dans le deuxième. Il y en a probablement des milliers d'autres. Supra comptait en 2024 plus de 163'000 assurés LAMal.

Contacté par la RTS, le Groupe Mutuel assure que la fusion a été effectuée dans l'intérêt de tous: "Les fusions des caisses appartenant au Groupe Mutuel ont été réalisées afin d’améliorer la solvabilité de ces dernières. Sans ces fusions, les augmentations de primes auraient été encore plus importantes."

Pourquoi ne pas avoir proposé l'alternative la moins onéreuse? "Nous avons, dans la mesure du possible, adressé un courrier personnalisé aux assurés concernés par les fusions de caisses. Ce courrier propose l’alternative la plus adaptée à leur situation. Celui-ci a été envoyé avec les certificats d’assurance 2025. Malheureusement, dans certains cas, une optimisation n’était pas possible. Certains autres sont directement contactés par téléphone pour des propositions plus économiques de caisses appartenant au Groupe Mutuel." À ce jour, aucun de nos témoins n'a reçu ni courrier personnalisé, ni appel.

Joy Demeulemeester, du comité de la Fédération suisse des patients, se montre critique dans l'émission On en parle. "On aurait pu espérer qu’ils présentent aux assurés les diverses offres possibles au sein du groupe, mettant ainsi en évidence les variations de tarifs selon le modèle et l'entité. Dans un monde idéal, ils auraient même rappelé le délai au 30 novembre pour changer de caisse et indiqué la marche à suivre."

L'Office fédéral de la santé publique approuve

L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a approuvé le processus mis en place pour ce transfert important. Selon lui, non seulement l'assureur n'a pas à proposer la meilleure offre, mais il n'a même pas le droit de le faire: "L'égalité de traitement des assurés et la protection contre les abus interdisent aux assureurs de faire des offres individuelles et de gérer ou d'influencer ainsi activement le portefeuille d'assurés des différentes caisses-maladie au sein du même groupe."

>> Ecouter l'émission On en parle sur la fusion des deux caisses :

Hausse des primes des caisses maladie. [Depositphotos - pogonici]Depositphotos - pogonici
Hausse de primes liée à la fusion de deux caisses maladie / On en parle / 10 min. / le 29 octobre 2024

L'OFSP estime en outre que les assurés ont été suffisamment protégés. En particulier, selon les autorités, les hausses de prime ne devaient pas être mentionnées dans les informations sur la fusion: "Une communication de la nouvelle prime est suffisante. Il n'est pas nécessaire de communiquer l'augmentation individuelle des primes aux personnes assurées."

Autrement dit, même en cas de fusion, il appartient aux seuls assurés de calculer la hausse de leurs primes et de limiter les mauvaises surprises.

Tybalt Félix, avec Andrea Gringeri

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