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Des mesures politiques exigées face à la violence subie par les travailleurs et travailleuses du sexe

Carine Maradan de l'association ProCoRe.nicola [https://procore-info.ch/]
Violences dans le milieu du travail du sexe: interview de Carine Maradan / Le 12h30 / 4 min. / aujourd'hui à 12:39
Les travailleuses et travailleurs du sexe en Suisse sont souvent victimes de violence, selon une étude commandée par ProCoRe. Face à ce constat, l'association propose que les femmes puissent dénoncer des violences sans craindre des conséquences liées à leur statut d'étranger.

Des chercheuses ont interrogé vingt-quatre personnes de toutes les régions linguistiques sur mandat de l'organisation ProCoRe, réseau national qui défend les droits des travailleurs et travailleuses du sexe en Suisse. Il ne s'agit pas d'un sondage représentatif, mais d'une étude exploratoire, ont souligné jeudi les responsables.

"Cette étude est limitée en raison des contraintes de ressources. Il est également crucial pour nous que les centres de conseil, membres de ProCoRe, aient un lien direct avec les personnes interrogées, pour des raisons de confiance", explique Carine Maradan, collaboratrice scientifique au sein de ProCoRe, jeudi dans le 12h30 de la RTS.

Elle ajoute: "Il reste difficile de libérer la parole à cause de la stigmatisation. Il est encore très compliqué de parler ouvertement, de se dévoiler. Aujourd'hui, il est même difficile de confier à ses amis que l'on est travailleur ou travailleuse du sexe."

Environ 70% des personnes interrogées ont fait état de ce que l'on appelle le "stealthing", c'est-à-dire le retrait du préservatif contre leur gré. Et près de la moitié d'entre elles ont été victimes de discrimination, d'insultes ainsi que de vols d'argent ou d'objets.

Majoritairement des clients

Selon l'étude, les auteurs sont majoritairement des clients. Mais la violence à l'encontre des travailleuses du sexe est également le fait de passantes, de collègues et de conjoints.

La violence n'est pas tant due au travail du sexe en tant que tel, mais à sa stigmatisation, qui abaisse le seuil d'inhibition, explique Rebecca Angelini, de l'organisation ProCoRe, dans un communiqué. Les femmes sont en outre plus exposées que les hommes à un risque de violence, le fait que de nombreuses personnes concernées sont des migrantes renforçant encore ce constat.

Une réalité sociale à encadrer

Forte de cette étude, l'association Procore s'oppose à l'interdiction de relations sexuelles tarifées et à la pénalisation des clients, comme c'est le cas en Suède ou en France. En Suisse, le Conseil national a rejeté une motion en ce sens en juin 2022. Là où le travail du sexe est légal, la violence diminue en général, souligne Procore. Des victimes s'y adressent aussi plus facilement à des services spécialisés ou à la police.

Dans ce contexte, ProCoRe présente une série d'exigences politiques. Les femmes devraient pouvoir dénoncer des actes de violence sans risquer des conséquences relevant du droit des étrangers. De plus, le public doit être sensibilisé au fait que le "stealthing" est punissable, selon le nouveau droit pénal sexuel.

vajo avec ats

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