Des milliers d'enfants vivent avec un parent qui souffre d'une maladie psychique ou d'une addiction
Si la notion de "proche aidants" est familière, celle de "jeunes aidants" l'est beaucoup moins. Pourtant, elle concerne au moins 50'000 jeunes âgés entre 10 et 15 ans, selon la Haute école de Santé de Zurich. Ce chiffre n'est probablement que la pointe de l'iceberg, tant la problématique est restée invisible et tant il est difficile d'en parler lorsque l'on est enfant.
Beaucoup d'enfants sont d'ailleurs passés au travers des radars et ont endossé de nombreuses responsabilités face à leur parent vulnérable. Interrogée dans La Matinale, Anne de Montmollin, directrice de la fondation As'trame qui organise cette semaine d'action, estime qu'il faut développer une offre de soutien pour ces familles et changer de perspective.
"Il faut tisser un filet de sécurité autour de ces familles et de ces enfants", souligne Anne de Montmollin. "Ça représente un changement systémique à amener."
Des enfants "jeunes aidants"
La fondation As'trame veut aussi mettre en lumière les besoins de ces enfants qui ne sont souvent pas pris en considération.
Muriel Vial, cofondatrice de l'association "Enfants aidants", a grandi avec une maman souffrant d'un trouble bipolaire et d'une dépendance à l'alcool. "De 7 à 15 ans, j'étais vraiment seule avec elle, avec un contrôle quotidien de sa consommation, un soutien émotionnel et les tâches quotidiennes", témoigne Muriel Vial dans La Matinale.
Enfant, elle accompagnait parfois sa mère chez son médecin traitant. Elle se rappelle que ce médecin ne lui adressait pas la parole. "J'aurais eu besoin que quelqu'un valide que la situation dans laquelle j'étais,(...) ce n'était pas une place pour une enfant", explique Muriel Vial.
Des solutions
Parmi les actions simples et concrètes, il y a la mise en place d'un véritable accueil des familles dans les hôpitaux psychiatriques, comme l'a fait Frédérique Van Leuven, psychiatre en Belgique, coautrice de "Grandir avec des parents en souffrance psychique".
"C'est important que l'enfant puisse rapidement retrouver son parent dans un lieu sécure", souligne la psychiatre dans La Matinale. Lorsqu'un parent est hospitalisé en psychiatrie, la séparation est en effet "beaucoup trop longue pour les enfants, surtout quand ils ont vécu un trauma à la maison" explique la médecin.
Sujet radio: Deborah Sohlbank
Adaptation web: Julie Liardet