Des ONG congolaises réclament les 150 millions de réparation de Glencore, restés bloqués en Suisse
Malgré la condamnation de Glencore cette année par le Ministère public, la réparation n’a toujours pas pu être reversée aux victimes congolaises et les représentants de la société civile s’impatientent. Pour Jean-Claude Mputu, de l’ONG "Le Congo n’est pas à vendre", les victimes des actes de corruption du géant minier sont les populations congolaises. Il n'y a, par conséquent, aucune raison que cet argent reste en Suisse, qui n'a subi absolument aucun dommage, estime-t-il.
"Notre demande est claire: cet argent ne doit pas être mis à la disposition du gouvernement congolais, d'autant plus que les actes de corruption reprochés à Glencore l'ont été en complicité avec les dirigeants congolais. Cet argent doit donc plutôt être mis directement au service des populations, soit via des ONG ou un mécanisme ad hoc, avec l'implication de la coopération et du gouvernement suisse", estime-t-il vendredi dans le 12h30 de la RTS.
Absence de mécanisme juridique
Pour des questions d'agenda, le Département des affaires étrangères (DFAE) ne peut pas recevoir ces ONG, mais ces dernières ont pu avoir une entrevue avec l’ambassadeur suisse en RDC. Celui-ci leur a expliqué que, selon le droit suisse, Berne ne pourrait reverser ces réparations au Congo que si ce pays avait accordé une entraide judiciaire à la Suisse. Ce qui n’a pas été le cas.
Les 150 millions vont donc rester pour l'instant en Suisse. Mais le cas Glencore n’est pas isolé. Au cours des dix dernières années, 530 millions de francs de réparations ont été versés en Suisse par des multinationales impliquées dans des affaires de corruption à l’étranger, comme Gunvor ou ABB. Ces sommes restent également bloquées, faute de mécanismes juridiques clairs permettant leur restitution aux pays concernés.
Seul espoir pour les Congolais: une révision de la législation suisse. Le parti socialiste a déposé récemment au Parlement une motion dans ce sens.
Sujet radio: Jean-Marc Heuberger
Texte web: Hélène Krähenbühl