Des stations de ski misent sur davantage de durabilité

Les remontées mécaniques de Flumserberg ont investi dans une dameuse 100% électrique. Ce petit modèle ressemble à une dameuse conventionnelle, mais silencieuse et sans odeur. Il s'agit du premier véhicule du genre au monde produit en série par le constructeur italien Prinoth. L'entreprise promet zéro émission et des pentes parfaitement damées.

Si la dameuse électrique apporte une image positive de la station, elle montre des limites en termes d'autonomie. En effet, en ajoutant le temps de recharge, il est impossible de préparer les 55 kilomètres de pistes de ski de fond et de randonnée de la station durant la même journée.

Interrogé lundi dans la Matinale, Daniel, le conducteur de la dameuse, indique que l'autonomie était de deux ou trois heures cet hiver lorsque la neige était très dure. Il précise toutefois avec le sourire n'avoir jamais été bloqué.

Pas pour les pistes noires

En outre, aujourd'hui, la dameuse ne peut pas préparer les pistes noires, trop raides. "Les batteries nécessaires à cette tâche seraient beaucoup trop lourdes pour que les machines soient efficientes", indique Rolf Blumer, le directeur de Flumserberg Tourisme. Selon lui, il faudra encore quelques hivers avant de voir un domaine skiable complètement décarboné.

Pour les pistes raides, les engins sont plus lourds. Les deux principaux constructeurs de dameuses misent sur des machines propulsées à l'hydrogène et des prototypes fonctionnent déjà. Toutefois, "les enjeux liés aux infrastructures de fabrication et de stockage de l'hydrogène en station sont particulièrement importants", souligne Frédéric Bumann, CEO de Prinoth Suisse. 

>> Ecouter le reportage de La Matinale à Flumserberg :

SRF - NICOLAS LEDERGERBER

Les skieurs prennent leur voiture, ce qui fait exploser le bilan carbone

Toutefois, selon plusieurs études, ce sont surtout les transports qui font exploser le bilan carbone des stations. En Suisse, d'après un sondage réalisé par la société en charge du Magic Pass, 95% des skieurs prennent en effet leur voiture pour aller skier.

Des stations ont conscience de cet enjeu et tentent d'améliorer leur accès avec les transports en commun, en augmentant par exemple le nombre d'accès et en multipliant les réductions. Ces offres rencontrent un succès grandissant.

A Flumserberg, on mise aussi sur les transports publics. "Le plus important en matière de durabilité, c’est qu’on bénéficie d’un très bon raccordement aux transports publics", estime Katja Wildhaber, membre de la direction des remontées mécaniques du domaine saint-gallois. Elle cite notamment la télécabine qui se trouve en plaine, à côté de la gare.

>> Ecoutez l'interview de Katja Wildhaber dans La Matinale :

Remontées mécaniques de Flumserberg

La mobilité est en effet un enjeu majeur, confirme Anne-Sophie Fioretto, professeure à l'Institut Tourisme de la HES-SO Valais, dans La Matinale. Aujourd'hui, il "faut savoir comment combiner le confort personnel et l'intérêt collectif". Elle souligne les efforts de certaines stations, qui ont développé les offres de transports publics ou le confort proposé aux usagers des transports publics.

D'autres mesures durables

Les stations misent toujours plus sur des mesures durables, même si aucun chiffre ne montre l'impact réel sur les clients. "Aujourd'hui, la prise de conscience s'accélère", affirme Anne-Sophie Fioretto. "L'exemple de Flumserberg est une étape parmi d'autres, car les entreprises mécaniques sont un maillon parmi l'ensemble de la chaîne touristique d'une station (...), elles représentent 2 à 3% des émissions CO2 d'une station."

Certaines stations ont ajouté des panneaux solaires et d'autres régulent les télésièges en fonction de l'affluence sur les pistes. De son côté, Suisse Tourisme délivre un label aux prestataires touristiques qui s'engagent pour plus de durabilité: hôtels, remontées mécaniques et restaurants notamment.

>> Ecouter comment la durabilité est devenue un argument de vente :

Keystone - Valentin Flauraud

Cette tendance n'est pas nouvelle. Il y a près de dix ans, Crans-Montana tentait déjà le pari, avec la première dameuse hybride en Suisse. L'expérience n'a toutefois pas été concluante, car la technologie était encore trop expérimentale.

Sujets radio: Stéphane Deleury, Mathilde Salamin et Valérie Hauert

Adaptation web: Julie Liardet