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Dix ans après, l'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse rencontre toujours un fort écho

L'initiative lancée par l'UDC n'en finit plus de faire parler d'elle.
Il y a dix ans, le peuple acceptait l'initiative UDC contre l'immigration de masse. Qu'est-ce qui a changé depuis? / La Matinale / 2 min. / le 9 février 2024
Le 9 février 2014, les Suisses et les Suissesses acceptaient de justesse et à la surprise générale l'initiative de l'UDC. 50,34% des votants disaient "oui" à l'instauration de contingents pour limiter l'immigration. Une décennie après, cette initiative résonne toujours.

Le résultat avait surpris tout le monde à l'époque, y compris le Conseil fédéral qui avait dû négocier avec Bruxelles, car cette initiative n'était pas compatible avec la libre circulation des personnes. Pour ne pas compromettre la voie bilatérale, le Parlement a voté deux ans après en faveur d'une application moins stricte du texte. Mais pour l’UDC, la mise en œuvre est trop éloignée de son initiative. 

>> Retrouver les réactions lors de l'adoption de la loi d'application  : La loi d'application de l'initiative contre l'immigration de masse adoptée

Annoncer les postes de travail vacants, est-ce que ça fonctionne?

Concrètement, le Parlement a décidé d’introduire "l'obligation d'annonce des postes de travail vacants". Depuis bientôt six ans, les employeurs sont tenus d'avantager la main d’œuvre indigène dans les secteurs où le taux de chômage dépasse 5%. Les entreprises concernées doivent annoncer les postes vacants aux services publics de l’emploi et pendant 5 jours, seules les personnes inscrites au chômage ont accès à ces offres.

>> Ecoutez les explications sur les mesures adoptées :

L'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse a mené à "l'obligation d'annonce des postes de travail vacants". [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Les mesures qui ont suivi l'initiative UDC sur l'immigration de masse ont-elles été efficaces? / La Matinale / 1 min. / le 9 février 2024

Jusqu’à présent, ces mesures ont été mises en œuvre de manière "efficace" et "conforme à la loi*, selon le secrétariat d’Etat à l’économie. En 2022, plus de 8000 personnes ont trouvé un emploi par ce biais. Mais cela ne prouve pas que l’obligation d’annonce des postes vacants a atteint sa cible.

Deux études indépendantes se sont penchées sur la question en 2021. Bilan: durant ses deux premières années d’existence, l’obligation d’annonce des postes vacants n’a pas eu d’effet significatif, ni sur le taux de chômage, ni sur l’immigration. Les auteurs appelaient notamment les offices régionaux de placement à proposer davantage de candidats aux employeurs.

L’impact de l’obligation d’annonce de postes vacants n’a pas été réévalué depuis, mais pour Charles de Reyff, chef du service public de l'emploi dans le canton de Fribourg, le bilan de cette mesure est plutôt mitigé. Interrogé dans La Matinale de la RTS vendredi, il constate notamment une augmentation de la charge de travail pour un résultat qui n'est "pas forcément proportionnellement plus intéressant pour les demandeurs d'emploi du canton".

>> Ecoutez le bilan du chef du service public de l'emploi dans le canton de Fribourg :

Image d'illustration avec le logo de l'Office régional de placement (ORP). [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Annoncer les postes de travail vacants, un bilan mitigé, interview de Charles de Reyff / La Matinale / 1 min. / le 9 février 2024

La Confédération doit tirer cette année un large bilan de la mise en œuvre de l'initiative contre l’immigration de masse.

Fâchée, l'UDC a lancé une nouvelle initiative

Pour l'UDC, son initiative n'a jamais été appliquée correctement. Le parti a décidé de réagir en remettant sur la table l'année dernière un texte très similaire à celui de 2014. Avec sa nouvelle initiative "non à une Suisse à 10 millions d'habitants", le premier parti de Suisse emprunte le même narratif. La crise du logement, la crise du pouvoir d'achat ou encore les embouteillages seraient dus à une Suisse trop peuplée. 

>> Lire aussi : L'UDC s'apprête à lancer une nouvelle initiative pour limiter l'immigration

L'argumentaire pourrait encore séduire, alors que la croissance de la population reste particulièrement forte. Mais pour plusieurs observateurs, comme le politologue à l'Université de Berne Marc Bühlmann, il est difficile d'imaginer un même scénario qu'il y a 10 ans.

La population est aujourd’hui davantage consciente des enjeux des relations avec l’Union européenne, selon lui. "La question européenne en 2014 n'était pas aussi importante qu’aujourd’hui", précise le politologue dans La Matinale. "Aujourd'hui, on cherche à avoir une relation avec l'Union européenne plus normale. Dans ce contexte, peut-être que l'acceptation d’une initiative de ce type semble plus compliquée."

Des reproches aux opposants

L'acceptation de l'initiative en 2014 a aussi créé un électrochoc bien au-delà du monde politique. Des critiques avaient visé le patronat, mais aussi les syndicats, accusés d'avoir mené une campagne trop molle. Aujourd'hui, il n'est plus possible d'ignorer la capacité de l'UDC à convaincre en dehors de ses rangs, d'autant plus que le parti est sorti renforcé des dernières élections fédérales.

Gabriella Cabré/ Marielle Savoy/ liardeju

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