Au lycée-collège des Creusets à Sion, comme chaque mardi, une quinzaine d'élèves participent à la messe dans la chapelle située dans l'école, juste à côté de la cafétéria. Une salle moderne aux murs blancs et à la décoration minimaliste.
Une chapelle dans une école? Pour Jean-François Luisier, qui célèbre l'office, il n'y a pas matière à débat: "Il s'agit d'un lieu de recueillement comme il y en existe dans les hôpitaux ou dans les prisons. Pour ceux qui en ont besoin, ce n'est pas un débat, c'est quelque chose d'utile".
Rémi, 16 ans, catholique pratiquant, se rend régulièrement dans cette chapelle. "C'est un lieu calme où on peut aussi aller avant un examen pour se déstresser par exemple."
Des cours d'éthique et de cultures religieuses
Pour Cilette Cretton, féministe de droite qui milite pour la laïcité en milieu scolaire, ces lieux de culte n'ont plus leur place désormais. "Aujourd'hui, avec la diversité des populations, ça n'a plus de sens d'avoir des lieux dédiés à une seule religion." Cilette Cretton avait lancé en 2014 une initiative populaire pour séparer l'Etat de l'Eglise en Valais, un texte avorté à l’époque, faute de signatures suffisantes.
La nouvelle convention entre l'Etat et les Eglises, ratifiée en 2021, rend désormais obligatoires les cours d'éthique et de cultures religieuses. Des cours à caractère non confessionnels, mais dont le programme est établi de concert avec les Eglises chrétiennes.
"Un prosélytisme déguisé", dénonce Cilette Cretton, ce que conteste Gaëtan Dayer, enseignant d'éthique et cultures religieuses (ECR) au lycée-collège des Creusets à Sion. "C'est dans un esprit de concertation et dans un but consultatif que l'Eglise a participé à l'élaboration du plan d'étude sans aucune contrainte hiérarchique ou d'autorité."
Science ou croyance
Pour Gaëtan Dayer, les enseignants n'ont pas vocation à faire passer leurs positions religieuses. Mais à en croire cette étudiante, il arrive que les croyances s'expriment: "Quand j'étais en primaire, on parlait du Big Bang et notre professeur nous a dit qu'il ne croyait pas à cela et que c'est Dieu qui a créé la Terre. Moi, je suis croyante alors ça va, mais pour les autres c'est délicat de dire ça, surtout quand on est jeune et influençable."
Selon la convention, au secondaire II, les églises peuvent être présentes par le biais des services d'aumônerie et d'animation spirituelle. Elles peuvent proposer différentes activités facultatives comme des rencontres thématiques ou des retraites.
Pour Damien Clerc, professeur de philosophie et responsable de l'animation spirituelle, "nous ouvrons des espaces et nos jeunes peuvent dire 'ça on prend et ça on va laisser', mais ne rien leur donner, c'est cacher un pan de notre réalité et de notre identité."
Reportage: Diana-Alice Ramsauer, Cédric Guigon
Adaptation web: Katia Bitsch