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Elisabeth Baume-Schneider: "EFAS n'est pas la panacée, mais cela montre que le système est réformable"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 5 novembre 2024
La population suisse se prononce le 24 novembre sur le financement uniforme des soins. Une bataille qui s'annonce rude. Mais pour la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, qui défend le projet, la proposition soumise au peuple est "correcte" et doit permettre de montrer que le système est "réformable".

EFAS (Einheitliche Finanzierung von ambulanten und stationären Leistungen ou "financement uniforme des prestations ambulatoires et stationnaires" en français) vise à uniformiser la clé de répartition du financement des soins entre les assureurs maladie et les cantons. Cette révision de la LAMal est l'une des plus importantes du système de santé suisse depuis 30 ans.

En cas de oui le 24 novembre, toutes les prestations, qu’elles soient ambulatoires, hospitalières ou dispensées en EMS, seront financées selon la même clé de répartition: un gros quart pour le canton et le reste pour l’assurance maladie. Le Syndicat des services publics (SSP) dit craindre que cette participation élevée aux prestations ne donne davantage de poids aux assureurs dans le système de santé.

Un argument remis en cause mardi par la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, qui veut "dédramatiser" cette idée qu'EFAS donnerait plus de pouvoir aux caisses maladie. "Les tarifs seront toujours définis avec les partenaires et c'est la Confédération qui décide du catalogue de prestations", argue la cheffe du Département fédéral de l'intérieur dans La Matinale.

Avec ce projet de réforme, les assureurs font pourtant leur entrée dans le financement des prestations en EMS, alors qu'ils sont, aujourd'hui, absents de ce domaine-là. Dès lors, ne vont-ils pas imposer des tarifs?

Nous avons réussi à mettre les partenaires autour de la table et ils sont arrivés à des accords

Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale

Interrogée à ce sujet, la Jurassienne développe: "Si nous avions cette crainte, nous n'aurions pas tous les prestataires de soins, que ce soit la Fédération des médecins suisses (FMH), la faîtière des hôpitaux (H+) et maintenant Pro Senectute, qui se montrent favorables à EFAS. Raisonnablement, je crois que tout le monde se rend compte que le statu quo n'est pas possible."

Pour Elisabeth Baume-Schneider, cette réforme est "extrêmement importante" dans la mesure où elle amène de la clarté et de la transparence en matière de financement. "Ce n'est pas la panacée, mais c'est un pas important qui montre aussi que le système est réformable. Nous avons réussi à mettre les partenaires autour de la table et ils sont arrivés à des accords", explique la socialiste.

Un effet sur les primes maladie?

En cas d'acceptation par le peuple suisse, l'entrée en vigueur d'EFAS permettrait-elle de faire baisser les primes? Puisque les assureurs et les cantons financent ensemble toutes les prestations, ils auront un intérêt commun à encourager le traitement médical le plus judicieux, argumente également la ministre de la Santé.

Le nouveau mode de financement permet de mieux coordonner les soins et par conséquent d'éviter une hospitalisation ou retarder des entrées en EMS. Tous les acteurs seraient enfin ensemble sur le même bateau, donc mutuellement intéressés à une maîtrise globale des coûts", abondait récemment le comité pro-EFAS. Selon eux, la réforme permettra d'économiser 440 millions de francs par an. Et donc, potentiellement, de réduire les primes.

Il est important de dire qu'on est vers une tendance à la baisse

Elisabeth Baume-Schneider, conseillère fédérale

"Je pense que c'est extrêmement important de dire qu'on est vers une tendance à la baisse, plutôt que d'être systématiquement vers une augmentation des coûts", réagit l'ancienne conseillère aux Etats, qui explique aussi qu'en cas de oui, deux milliards de francs seraient pris en charge par les cantons, à la faveur des payeurs de primes.

La population serait en revanche touchée par une augmentation de leur quote part en cas d'hospitalisation.

Un non serait "grave"

Pour la cheffe du DFI, un non serait "grave". "Cela voudrait dire que le système n'est pas réformable et qu'on est satisfait avec la manière dont il fonctionne, avec des augmentations de primes et avec moins d'incitatifs pour l'ambulatoire", relève-t-elle encore.

Elisabeth Baume-Schneider loue malgré tout le système de santé suisse. "Nous pouvons être fiers de ce système, mais il a un certain coût et je crois que nous sommes responsables que ce coût soit supportable pour les payeurs de primes. Avec EFAS, il y a une manière de faire payer plus les cantons, c'est aussi plus équitable parce que cela se ferait par l'impôt, et l'impôt c'est aussi les entreprises. C'est plus cohérent parce qu'actuellement le revenu (des ménages) n'est aucunement pris en considération", conclut-elle.

>> Lire aussi : La réforme du système de financement des soins "est le bébé du lobby des caisses maladie"

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Texte web: Jérémie Favre

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