Emmanuel Macron a joué un vilain tour à Alain Berset dans la course au Conseil de l'Europe
Ils ont beau se tutoyer, Emmanuel Macron vient quand même de jouer un sale tour à son ami Alain Berset, par effet de ricochet. En décidant de dissoudre son Assemblée nationale, le président français a renvoyé tout le monde à la maison, et du même coup privé la France de ses représentants au Conseil de l’Europe. Or, ce sont ces représentants-là qui doivent élire le secrétaire général, et Alain Berset comptait sur ces voix.
La dissolution du Parlement britannique pourrait aussi jouer en sa défaveur, le Royaume-Uni n'étant plus membre de l'Union européenne, une position qu'il partage avec la Suisse.
"C'est sûr qu'on perd des voix"
"Il faudra faire sans, c'est la politique!", a réagi dimanche dans le 19h30 de la RTS le conseiller national Damien Cottier (PLR/NE). "On avait bien travaillé ces délégations-là, on avait de bons signaux", a-t-il regretté. "Même si personne ne peut savoir si on aurait bénéficié de toutes leurs voix, c'est sûr qu'on en perdra".
La situation s'est donc un peu compliquée pour le Fribourgeois, qui sera opposé au commissaire européen belge Didier Reynders et à l'ancien ministre estonien de la Culture Indrek Saar. A l'annonce de ce ticket, Alain Berset était considéré comme le favori: le 25 mars dernier, le comité des ministres avait cité son nom en premier en annonçant ces trois candidatures "par ordre de préférence".
>> Plus de détails dans notre article : Alain Berset sur le ticket pour l'élection du secrétaire général du Conseil de l'Europe
La Suisse fait bloc
La délégation parlementaire suisse à Strasbourg reste toutefois confiante. Elle martèle qu'Alain Berset a fait une bonne campagne. Il a parcouru l'Europe, visité plus de 25 pays, serré des mains. La délégation suisse fait bloc derrière lui, et les observateurs l’affirment, il a le meilleur profil. Ignazio Cassis l’a recommandé en personne au Conseil de l’Europe dans une lettre présentant son "ancien collègue" comme "le candidat idéal".
"On a affaire à des pays qui sont dans l'Union européenne, d'autres à l'extérieur... Il y a 46 Etats, différents partis. C'est donc un Mikado très compliqué. Mais les échos sont bons, car Alain Berset a vraiment le profil. On est plein d'espoir", a confié pour sa part au 19h30 le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS/JU).
Le Département fédéral des affaires étrangères œuvre lui aussi pour la candidature d'Alain Berset, jusqu'à l'avoir invité à faire campagne au Bürgenstock à l'occasion du Sommet pour la paix en Ukraine. Il s'attend à une élection à deux tours. Et avec près de 300 votants au total, "il faut se vendre à un électorat très très disparate", a rappelé Pierre-Alain Fridez lundi dans La Matinale.
Une première pour la Suisse?
Même sans les voix françaises et britanniques, son concurrent estonien Indrek Saar n'a désormais que peu de chances, avec la nomination probable de l'une de ses compatriotes à la Commission européenne. En revanche, le Belge Didier Reynders reste bien en course et peut compter sur son réseau et son expérience dans les institutions européennes.
Jusqu'ici, aucun Suisse n'a occupé le poste de secrétaire général du Conseil de l'Europe, institution qui chapeaute notamment la Cour européenne des droits de l'Homme.
Sujet radio: Romain Carrupt
Sujet TV: Thierry Clémence
Adaptation web: Vincent Cherpillod