Exercice "Alpha Uno": l'armée suisse boucle dès mardi soir l'autoroute entre Payerne et Avenches
Le colonel Rolf Imoberdorf est le chef d'orchestre de cet exercice d'envergure. Au programme: transformer l'autoroute A1 en piste d'atterrissage pour avions de combat entre Avenches et Payerne, dans le canton de Vaud. Si l'armée suisse réussit à préparer la piste, l'opération sera réussie, résume le colonel mardi dans La Matinale de la RTS.
Celui-ci rappelle que l'armée teste sa capacité à "disperser le matériel et le personnel en Suisse, afin de mieux protéger notre équipement et d'avoir une plus grande liberté de manœuvre".
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Avec cet exercice, l'armée s'entraîne à décentraliser une base aérienne qui subirait une menace et avoir davantage de possibilités d'engager ses avions. Aujourd'hui, la Suisse dispose en effet uniquement de trois bases aériennes (Payerne, Meiringen et Emmen), alors qu'il fut un temps où pratiquement chaque vallée alpine possédait sa piste et ses hangars dans la roche.
Un test en réaction aux changements géopolitiques
Un test d'une telle envergure n'avait pas été réalisé depuis 1991 au Tessin. Pourquoi avoir attendu autant de temps pour refaire un tel exercice? "C'est certainement dû aux changements de la géopolitique", explique Rolf Imoberdorf. "Cet exercice s'inscrit dans le cadre du renforcement de la capacité de défense de l'armée suisse", souligne le colonel.
A une époque, la Suisse estimait que l'armée n'avait pas besoin de cette capacité, mais "de nos jours, ça pourrait être de nouveau d'actualité", souligne le militaire. Interrogé sur un scénario fictif qui nécessiterait le déménagement d'une base aérienne en Suisse, Rolf Imoberdorf répond qu'"il ne faut peut-être même pas parler de scénario fictif", au vu de "ce qu'il se passe tous les jours dans le monde, surtout à l'est de l'Europe. On voit que ce genre d'opérations se fait quasiment tous les jours." Cet exercice est "une réaction aux conditions cadres".
Pourquoi à Payerne?
Pourquoi avoir choisi Payerne, alors qu'il existe un aérodrome tout proche? Justement car il y a "une base prête, en cas d'imprévu", répond Rolf Imoberdorf, mais surtout parce que "ce tronçon d'autoroute a déjà été préparé pour ce genre d'opération dans les années 1990" et également parce qu'il y a "un peu moins de fréquentation" que sur d'autres tronçons.
Avec ce test, l'armée risque-t-elle d'attiser les tensions des habitants de la région, qui critiquent déjà le bruit lié à l'aérodrome militaire? Le colonel tient à rassurer: "quatre avions" vont atterrir et décoller mercredi, donc "il n'y a pas énormément de mouvements de vols prévus".
Les agriculteurs ont également été informés, souligne Rolf Imoberdorf. Deux séances d'informations ont été organisées pour expliquer comment ils peuvent accéder à leurs cultures et travailler durant l'exercice militaire.
Interview radio: Pietro Bugnon
Adaptation web: Julie Liardet
La circulation déviée
L'accès au terrain d'exercice sera barré sur un vaste périmètre. L'A1 entre Payerne et Avenches sera fermée pendant 36 heures au maximum, du 4 juin à 21h au 6 juin à 6h. Une double sortie forcée sera installée aux jonctions de Payerne et d'Avenches et un itinéraire de déviation signalé sera mis en place. Il passera sur la route cantonale par Domdidier, Dompierre et Corcelles-près-Payerne.
Le temps de trajet s'élèvera à 18 minutes au lieu de 7 minutes en temps normal, mais pourra dépendre de la période et de la circulation. A noter qu'une déviation à l'échelle régionale sera mise en place par la centrale de gestion de trafic de l'OFROU. Elle invitera les véhicules circulant sur l'A1 à privilégier l'A12 ou l'A5.