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Faudra-t-il taxer l'essence pour élargir les autoroutes?

Le financement de l’élargissement des autoroutes fait débat au sein même de l'administration fédérale
Le financement de l’élargissement des autoroutes fait débat au sein même de l'administration fédérale / Forum / 4 min. / le 10 novembre 2024
La question du financement des nouvelles voies d'autoroute ressurgit, comme le révèle la presse alémanique ce week-end. Alors que les Suissesses et les Suisses s'apprêtent à voter le 24 novembre sur l'élargissement de six tronçons autoroutiers, la Confédération ne peut garantir que ces travaux se feront sans nouvelle taxe.

Deux semaines avant la votation sur l'élargissement des autoroutes, une controverse a éclaté sur la question de savoir si l'investissement de près de cinq milliards de francs entraînerait une hausse des coûts de l'essence. Dans le petit livret rouge, la Confédération refuse d'affirmer que ce projet se ferait sans hausse des taxes.

En effet, comme le rapporte la SonntagsZeitung, le Département fédéral des transports d'Albert Rösti (UDC) voulait préciser dans le livret de votation que l'extension était réalisable sans nouvelles taxes ou taxes supplémentaires. Dans cette version, la Confédération puiserait dans le fonds FORTA pour les routes nationales, sans avoir recours à une nouvelle taxe pour l'alimenter davantage.

>> Revoir le sujet du 19h30 sur l'histoire du réseau autoroutier : Retour sur l’histoire des autoroutes en Suisse. Un réseau datant de 1959, qui s’est grandement développé avec le temps, mais qui continue d’être saturé

Réaction du département des Finances

Mais le Département fédéral des finances, dirigé par Karin Keller-Sutter (PLR), a supprimé le passage du livret rouge "sans taxes nouvelles ou supplémentaires", écrit la SonntagsZeitung. Il se montrerait plus prudent, le texte final ne précisant donc pas si ces aménagements se feront sans nouvelles taxes ou pas.

Pourtant, le risque de payer son essence plus cher existe bel et bien. Dans son message sur le projet, le Conseil fédéral lui-même avait écrit il y a deux ans que les taxes sur les huiles minérales devraient être augmentées à moyen terme, car les réserves du fonds routier diminuaient. Et c'est notamment par cette surtaxe des huiles minérales, payée par les usagers de voitures thermiques, que le fonds routier est alimenté.

Albert Rösti confiant

Selon la loi, s'il venait à manquer d'argent dans la caisse, le prix à la pompe devrait augmenter de quelques centimes par litre d'essence pour assurer la santé financière de ce fonds. Cela pourrait arriver dès 2026 selon les projections que faisait le Conseil fédéral il y a un an et demi. En chiffres, si ces réserves sont inférieures à 500 millions de francs, le prix de l'essence devra être augmenté de quatre centimes par litre.

Le conseiller fédéral en charge des transports, Albert Rösti, se montre plus optimiste. Selon lui, si le prix de l'essence devait effectivement être augmenté, ce ne serait pas à cause de l'extension des autoroutes. Il rappelle que le prix des carburants est de toute façon volatile en raison de la situation géopolitique, et qu'il pourrait en outre éviter une sous-couverture du fonds routier. Il a ajouté qu'une nouvelle taxe sur les véhicules électriques à partir de 2030 permettrait à terme de maintenir un apport financier suffisant dans le fonds.

Dans l'émission Forum dimanche, Johanna Gapany,  conseillère aux Etats PLR fribourgeoise, a affirmé de son côté qu'il était "absurde de penser que demain on devrait augmenter les taxes sur l'essence" car, selon elle, le fonds FORTA est "surdoté et avec des réserves croissantes". Un avis qui n'est pas partagé par Fabien Fivaz. Le conseiller national vert neuchâtelois a estimé que le fonds routier "avait ses limites". Pour lui, "si on n'augmente pas le prix de l'essence, on fera des arbitrages ailleurs", dont les nouvelles infrastructures pour les agglomérations.

Sujet radio: Philéas Authier

Rédaction web: itg

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