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Faut-il renforcer les moyens militaires face aux catastrophes naturelles?

Le financement de l'armée lié aux risques climatiques divise à Berne. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Le financement de l'armée lié aux risques climatiques divise à Berne / La Matinale / 1 min. / le 23 juillet 2024
L'armée suisse multiplie les missions liées aux catastrophes naturelles depuis quelques années. Selon une partie de la gauche, la situation requiert davantage de moyens pour ce type d'engagement. La majorité de centre-droite estime, elle, que la priorité est au réarmement.

La mobilisation de l'armée se poursuit au Tessin, après les fortes intempéries de juin qui ont fait au moins cinq morts et trois personnes disparues. Elle se poursuivra jusqu'au 28 juillet pour aider à la reconstruction de diverses infrastructures. En Valais, un dispositif militaire a aussi été déployé dans les zones sinistrées par les intempéries.

Depuis quelques années, les missions militaires liées aux catastrophes naturelles se succèdent en Suisse. L'an dernier, l'armée avait participé aux opérations de secours lors de l'incendie de forêt de Bitsch (VS). Le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) avait également mobilisé 80 soldats à La Chaux-de-Fonds pour sécuriser la ville après la tempête dévastatrice.

En 2022, des hélicoptères Super Puma ont été envoyés en montagne pour ravitailler les alpages en eau.

Des moyens pour les risques climatiques

Ces missions font partie des engagements subsidiaires de l'armée, lorsque les moyens des cantons ne suffisent pas. Elles comprennent notamment l'aide à la population, mais aussi la sécurisation d'événements, tels que la rencontre entre les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine à Genève ou le Forum économique mondial (WEF) de Davos.

Ces tâches ne représentent qu'une faible part des activités militaires, à hauteur de 3 à 4% des jours de services annuels. Mais face à la multiplication de grosses catastrophes naturelles ces dernières années, certains élus de gauche souhaiteraient allouer davantage de moyens pour ce type de service.

"Nous sommes en train de débourser des sommes faramineuses pour réarmer le pays. Il est prévu 40 à 50 milliards ces prochaines années, alors qu'il existe de vrais risques en Suisse: le terrorisme, les cybermenaces et les risques liés au changement climatique", estime le conseiller national Pierre-Alain Fridez (PS/JU), mardi dans La Matinale.

Le Jurassien plaide notamment pour davantage de moyens lourds afin de réaliser les travaux dans les régions alpines, pour plus d'hélicoptères et ainsi que pour des compagnies de génie supplémentaires.

>> L'interview de Pierre-Alain Fridez dans La Matinale :

Pierre-Alain Fridez, conseiller national socialiste jurassien. [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
Engagement de l'armée lors des intempéries: interview de Pierre-Alain Fridez / La Matinale / 47 sec. / le 23 juillet 2024

"Il faut se préparer à la guerre"

Dans un contexte géopolitique tendu, ces élus réticents se heurtent à la majorité de centre-droite du Parlement et du Conseil fédéral, qui milite plutôt pour un renforcement du matériel de guerre.

"La guerre est aux portes de l'Europe, il faut se préparer. Au cours des 30 dernières années, nous avons bénéficié des dividendes de paix et nous avons négligé la modernisation de notre armée. La situation géopolitique a changé, le concept de guerre a évolué", insiste de son côté la conseillère nationale Isabelle Chappuis (Le Centre/VD).

Selon elle, les missions subsidiaires de l'armée et la protection de la population sont "avant tout une prérogative cantonale et communale qui doit être assurée par les pompiers, la police et la protection civile".

>> L'interview d'Isabelle Chappuis dans La Matinale :

Isabelle Chappuis, conseillère nationale centriste vaudoise. [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
Engagement de l'armée lors des intempéries: interview d'Isabelle Chappuis / La Matinale / 59 sec. / le 23 juillet 2024

Mathieu Henderson/iar

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