Faute de moyens, les cantons se tournent vers des alternatives au placement d'enfants
Les alternatives au placement ne concernent pas les situations extrêmes, comme les cas de maltraitances physiques, mais sont liées aux situations familiales dans une zone grise, lorsque certaines négligences risquent d'avoir un impact sur le développement de l'enfant. Il n'existe pas de statistiques nationales recensant le nombre d'enfants concernés par ce type de mesures.
Dans le canton de Vaud, 8200 jeunes ont été suivis l'année dernière, soit près de 5% des mineurs. Sur ces 8200 enfants, 13% d'entre eux sont placés dans des foyers ou des familles d'accueil, la grande majorité bénéficiant de coachings.
Un accompagnement à domicile
Et le Canton de Vaud veut aller encore plus loin. A Yverdon, la Fondation Petitmaître accueille un projet pilote. Le besoin est "né d'une réflexion sur la situation d'un enfant qui aurait dû être placé et ne trouvait pas de place, les foyers étant pour la plupart pleins", a expliqué Jean-Pierre Imhoff, directeur général de la fondation, jeudi dans La Matinale de la RTS.
Un coaching intensif d'une trentaine d'heures par mois a été mis en place auprès de la famille. "Nous allons au domicile du parent à différents moments de la journée pour voir comment cette dernière est organisée autour du rythme de l'enfant [...] et quelles sont les actions à entreprendre pour répondre à ses besoins", détaille Marie-Hélène Thibonnet, éducatrice spécialisée.
"Les propres problématiques du parent peuvent entraver le développement de l'enfant. S'il peut en prendre la mesure et, avec notre soutien, apporter des modifications, cela peut porter ses fruits", poursuit l'intervenante familiale à la Fondation Petitmaître.
Des alternatives amenées à se développer
Selon Jean-Pierre Imhoff, de telles approches devraient se développer à l'avenir. "Il existe une zone entre l'alternative au placement que nous avons à disposition dans les dispositifs cantonaux et les foyers", constate-t-il.
"La politique socio-éducative telle qu'elle va se déployer dans les prochaines années vise justement à combler cet espace, en faisant peut-être plus de travail à domicile", ajoute le directeur.
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De telles alternatives coûtent moins cher, tant à l'échelle financière qu'humaine et sociale. Par ailleurs, de nouveaux besoins apparaissent aujourd'hui et il s'agit de renforcer les compétences parentales.
Evolutions sociétales
Interviewé jeudi dans l'émission Forum, Bernard Marchand, directeur de la Fondation Carrefour à Neuchâtel, explique que, depuis six ans, des services ambulatoires intensifs ont été développés dans le canton afin de permettre à l'enfant de grandir et d'évoluer au sein de sa famille. "Entre 65 et 70% des enfants qui étaient sensés être placés il y a six ans en arrière ne l'ont finalement pas été", se félicite-t-il.
Bernard Marchand souligne également l'importance d'adapter les services sociaux aux évolutions sociétales, en mettant l'enfant au centre des préoccupations et en répondant aux besoins spécifiques des familles, plutôt que de suivre des modèles traditionnels qui ont longtemps été imposés.
En outre, estime-t-il, bien que l'ambulatoire joue un rôle crucial, il ne peut remplacer le besoin de placement dans des situations extrêmes, telles que les abus. Une collaboration avec les institutions résidentielles reste donc nécessaire.
Sujets radio: Dominique Choffat et Valentin Emery
Adaptation web: iar/hkr