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Initiative lancée pour que la Suisse adhère au traité TIAN d'interdiction des armes nucléaires

Le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga a fait accepter une motion par le Parlement en 2018 en faveur d'une interdiction des armes nucléaires. [Keystone - Anthony Anex]
Une initiative veut interdire les armes nucléaires en Suisse / La Matinale / 1 min. / le 3 juillet 2024
L'Alliance pour l'interdiction des armes nucléaires a lancé mardi une initiative fédérale pour que la Suisse adhère au Traité de l'ONU sur l'interdiction des armes nucléaires (TIAN). La Suisse a une responsabilité particulière en la matière car ces armes sont par nature contraires aux droits humains, estime le comité.

La Suisse a joué un rôle important dans les négociations du TIAN au sein de l'ONU en 2017, avant de renoncer à le signer en 2018. Le traité comporte une interdiction globale et explicite des armes nucléaires, en interdisant l'usage, la menace, la fabrication, le stockage, l'acquisition, la possession, le stationnement, la transmission et les essais nucléaires.

Entré en vigueur en 2021, il a été ratifié par 70 Etat mais pas par les puissances nucléaires ni la plupart de leurs alliés européens ou occidentaux. Le Conseil fédéral a refusé fin mars de revoir sa position, estimant qu'il n'est pas dans l'intérêt de la Suisse d'y adhérer.

"Longtemps que la menace nucléaire n'a jamais été aussi grande"

Pourtant, le Parlement a adopté en 2018 une motion du conseiller aux Etats Carlo Sommaruga (PS/GE) en faveur d'une adhésion au traité, a rappelé le socialiste mardi à Berne. Selon lui, le peuple doit désormais se prononcer pour dépasser le refus du Conseil fédéral de mettre en œuvre la volonté du Parlement.

Alors que le désarmement nucléaire continue à être une priorité de la politique étrangère suisse, "nous demandons que les paroles soient enfin suivies d'actes", a abondé Annette Will au nom de la coalition d'ONG Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN).

"La menace des armes nucléaires est réelle et n'a jamais été aussi grande depuis longtemps", a rappelé Carlo Sommaruga. De nombreux Etats dotés d'armes nucléaires sont impliqués dans des conflits tandis que les progrès technologiques et l'effondrement des traités internationaux augmentent la probabilité d'une escalade nucléaire.

Dans ce contexte, "le TIAN annonce un changement de paradigme nécessaire et urgent dans le domaine du désarmement nucléaire", a-t-il déclaré. "Plus il y aura d'Etats le soutenant, plus la pression sur les puissances nucléaires sera grande."

Elisabeth Schneider Schneiter (PDC/BL).
Une initiative pour interdire les armes nucléaires: interview d'Elisabeth Schneider-Schneiter / La Matinale / 59 sec. / le 3 juillet 2024

Par nature contraire aux droits humains

Par ailleurs, la Suisse est dépositaire des Conventions de Genève de 1949 qui constituent le cœur du droit international humanitaire, a rappelé le conseiller national Marc Jost (PEV/BE). Elle a donc une responsabilité particulière en la matière, car les armes nucléaires sont par nature contraires aux principes du droit international humanitaire: elles tuent sans distinction, ne respectent pas le principe de proportionnalité, provoquent des souffrances inutiles et violent les droits humains les plus fondamentaux à la vie et à la sécurité.

Pour le comité, ne pas adhérer au traité rompt ainsi avec la tradition de la Suisse et nuit à sa crédibilité en matière de neutralité et d'aide humanitaire, alors qu'elle a un grand poids dans la diplomatie internationale, notamment dans le domaine du contrôle des armements, a complété la conseillère nationale Marionna Schlatter (Vert-e-s/ZH).

ats/jop

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Un écho transpartisan

L'initiative pour l'interdiction des armes nucléaires trouve écho par-delà les partis. Parmi les signataires figurent l'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey (PS), la présidente des Vert-e-s Lisa Mazzone, l'ancien conseiller national Dominique de Buman (PDC/FR) et Jacques Dubochet, prix Nobel de chimie en 2017.

L'alliance regroupe aussi plus de 20 organisations, dont ICAN et le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA). Le comité a jusqu'au 2 janvier 2026 pour récolter 100'000 signatures.