Initiatives sur les primes: "Nous voulons un engagement plus important des collectivités publiques"
L'objectif lors de la création de la LAMAL en 1996 était que "les primes ne dépassent pas 8% du revenu des ménages". "Aujourd'hui, on est à 12, 14, voire 20%, dans certains cantons", explique Valérie Piller Carrard lundi dans La Matinale de la RTS.
Le Parti socialiste a donc décidé de proposer une initiative pour limiter le prix des primes à 10% du revenu car c'est un taux "supportable", tandis qu'"au-delà non" et que "8% sont beaucoup trop bas".
On se rend compte que cette charge devient extrêmement importante pour les assurés et la population de Suisse romande
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Trop de poids sur les assurés, pas assez sur les collectivités publiques
Pour réduire ces primes, le PS demande un "engagement plus important des collectivités publiques, dont la Confédération à hauteur de deux tiers", précise l'invitée de la RTS, et il refuse le contre-projet proposé par le Conseil fédéral qui n'augmente que la participation des cantons.
"Il est totalement insuffisant parce qu'il ne soulagerait presque aucun assuré, notamment en Suisse romande." Et de poursuivre: "On se rend compte que cette charge devient extrêmement importante pour les assurés et la population de Suisse romande."
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"Notre initiative veut aller beaucoup plus loin que ce contre-projet qui est vraiment minimum", réitère-t-elle. La conseillère nationale regrette que ce soit aux assurés d'assumer la plus grande part de l'évolution des coûts alors qu'ils n'ont "aucun pouvoir de décision sur cette augmentation perpétuelle".
Les assurés assument 60% de l'ensemble des coûts de la santé et les collectivités publiques 36%, contre environ 80% dans les pays de l'Union européenne
En l'état, "environ 26% des assurés touchent des réductions des primes d'assurance-maladie, Avec notre initiative, on arrive à 75% des familles qui en toucheraient", indique la socialiste.
"Les assurés assument 60% de l'ensemble des coûts de la santé, les collectivités publiques 36%. Si l'on compare avec l'Union européenne, les pays sont à environ 80% de prise en charge (...) certes avec des systèmes très différents", poursuit-elle.
Faire pression sur la politique et les lobbys
Le Parti socialiste préconise encore des mesures fédérales, plutôt que directement cantonales, car certains coûts sont "décidés au niveau fédéral", "comme le prix des médicaments, (...) le renforcement des soins de premiers recours", notamment, précise Valérie Piller Carrard. Et de noter qu' "il y a des décisions fédérales qui ont des répercussions cantonales", alors que les coûts varient selon les cantons.
"Du moment qu'il y a un report de la charge supplémentaire des primes sur la Confédération et les cantons, on met une pression supplémentaire au niveau de la politique pour que des mesures soient prises", ajoute-t-elle.
S'il n'y a pas une réelle pression à l'encontre des lobbys de l'industrie pharmaceutique ou du domaine de la santé, on n'arrivera pas à atteindre les objectifs de réduction des primes et des coûts de la santé
La Fribourgeoise accuse les "lobbys à Berne" d'avoir "beaucoup trop d'influence sur les mesures proposées pour réduire des coûts".
"On a deux gros problèmes en Suisse: la question des primes (...) et celle des coûts (...) Aujourd'hui, s'il n'y a pas une réelle pression à l'encontre des lobbys de l'industrie pharmaceutique ou du domaine de la santé, on n'arrivera pas à atteindre ces objectifs."
Mais, "on est à un stade où le financement n'est pas encore discuté", souligne la conseillère nationale qui précise qu'"il n'y a aucune volonté de notre côté de vouloir augmenter les impôts pour financer cette prestation".
Elle mentionne plutôt la "taxation des transactions financières" qui pourrait être "une voie très intéressante". Une discussion dans ce sens doit être "menée au moment de la mise en oeuvre" de l'initiative, si elle aboutit, conclut-elle.
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Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Julie Marty
"L'initiative du Centre manque de précisions"
Bien que le PS soit "plutôt favorable" à l'initiative du Centre pour freiner les coûts de la santé, comme l'indique Valérie Piller Carrard lundi, il a renoncé à soutenir l'initiative.
"Les craintes du PS sont que les effets sur la qualité des soins aient aussi des répercussions négatives sur le personnel dans le domaine de la santé et qu'elles soient importantes. Aujourd'hui, cette initiative du Centre manque de précisions."
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Pas d'accord entre les assureurs
Alors que la grande majorité des acteurs de la santé sont contre l'initiative, comme l'Association suisse des infirmières et des infirmiers et la Fédération des médecins suisses, il n'y a pas de position commune du côté des assureurs. Santésuisse recommande de voter oui et Curafutura préconise le non.
Pour Curafutura, cette initiative augmenterait la bureaucratie sans apporter des mesures concrètes. La faitière craint aussi que l’approvisionnement en soins et leur qualité soit menacée. Autre risque selon elle: l'abandon de certaines prestations nécessaires.
Un avis que ne partage pas l'autre faitière. Pour le porte-parole de Santésuisse Christophe Kempf, cette initiative s'attaque au vrai problème.
"Nous défendons les intérêts des payeurs de primes, c'est pour ça que nous sommes en faveur de cette initiative afin d'obliger le Parlement à prendre enfin des mesures efficaces", lance-t-il au micro de La Matinale.