Inquiétude croissante face à l'usage de substances et des activités en ligne des jeunes
Dans son panorama, Addiction Suisse souligne d’entrée de jeu que la majorité des jeunes en Suisse se portent bien. Cependant, la part de celles et ceux qui se sentent mal a augmenté, particulièrement chez les adolescentes. Les spécialistes affirment que lorsque les individus se sentent plus vulnérables, ils sont plus susceptibles de consommer des substances psychoactives ou de se réfugier sur les réseaux sociaux.
La consommation de nicotine et de produits du tabac est en hausse. L'usage de cigarettes conventionnelles reste stable, mais on observe une augmentation de l’utilisation d’autres produits du tabac, tels que les cigarettes électroniques et le snus (une poudre de tabac humide placée entre la gencive et la lèvre).
Par ailleurs, le rapport indique que 10% des adolescentes de 15 ans ont une utilisation problématique des réseaux sociaux, ce qui représente le double par rapport à 2018.
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La combinaison dangereuse de substances
Douze pour cent des jeunes de 15 ans ont déjà abusé de médicaments ou les ont combinés avec d'autres substances comme l'alcool. La plupart du temps, ils visent à ressentir des effets particuliers, explique jeudi dans La Matinale Markus Meury, porte-parole d'Addiction Suisse.
Cette pratique dangereuse, "qui peut entraîner de graves risques, tels qu'un arrêt respiratoire", est beaucoup plus répandue qu’on ne le pensait auparavant, assure Addiction Suisse.
Selon l'analyse de Markus Meury, certains jeunes "utilisent des médicaments pour se shooter parce qu'ils ne supportent pas la pression de l'école ou de la vie. Ils courent un grand risque de dépendance".
Pour prévenir cet usage, il recommande aux parents de sécuriser les médicaments à la maison, et aux médecins de ne prescrire que la dose nécessaire.
Premiers chiffres sur l'usage problématique des jeux vidéo
Pour la première fois en Suisse, des chiffres représentatifs sur l’usage problématique des jeux vidéos sont disponibles. Ainsi, parmi les adolescents de 15 ans, une grande majorité, soit 96% des garçons et 60% des filles, s’adonnent aux jeux vidéo au moins de temps en temps. Et ils sont 3% à en avoir un usage problématique. Ils manifestent un comportement caractérisé par une perte de contrôle du temps consacré à jouer.
"Cet usage problématique peut être repéré lorsque (...) les jeux vidéo empiètent sur des activités vraiment importantes du quotidien pour les jeunes, comme les relations familiales, ou que les performances scolaires baissent", observe Marina Delgrande Jordan, coresponsable du secteur recherche chez Addiction Suisse.
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Selon les experts en prévention, ces dernières années, les développeurs de jeux vidéo ont intégré des mécanismes pour inciter les utilisateurs à passer le plus de temps possible sur leurs jeux, et si possible, à y dépenser de l’argent. Marina Delgrande Jordan cite notamment les "loot boxes", des sortes de coffres au trésor virtuels que l’on peut acheter en cours de jeu. Le contenu de ces coffres est inconnu au départ et les gains obtenus en les achetant sont aléatoires.
Addiction Suisse préconise un renforcement de la réglementation, tout en soulignant qu’il ne faut pas diaboliser les jeux vidéo. Ces derniers restent un moyen de divertissement et une plateforme pour établir des contacts avec d’autres joueurs.
Sujet radio: Pauline Rappaz
Adaptation web: Miroslav Mares