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Jacques Gerber: "Mon parcours démontre que je n’ai jamais craint le défi"

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#Helvetica: Jacques Gerber, ministre JU / #Helvetica / 20 min. / hier à 13:20
Jacques Gerber, ministre jurassien de l’Economie et de la Santé, quittera ses fonctions à la fin de l’année pour diriger le groupe de travail chargé de mettre en place le programme suisse de reconstruction de l’Ukraine. Selon lui, ce nouveau défi justifiait une réorientation professionnelle, notamment en raison de la dimension du projet et de son caractère interdépartemental.

"Dans la vie, il y a des opportunités qui se présentent en fonction de séquences particulières. En juin de cette année, lorsque l’on m’a demandé de m’intéresser à ce poste, j’ai commencé à me documenter. J’ai alors trouvé que ce défi méritait peut-être de revoir mon orientation professionnelle", explique Jacques Gerber, prochain "Monsieur Ukraine de la Confédération", samedi dans l’émission Helvetica de la RTS.

Il précise que le profil recherché pour ce poste se concentrait sur la compétence de gestion de projets. Le fait de n'avoir jamais visité l’Ukraine ne constituait pas un critère essentiel. La capacité à naviguer entre les responsabilités du Secrétariat à l'Economie (SECO) et du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), et spécifiquement sous la direction de deux conseillers fédéraux, était cruciale.

Ce défi méritait peut-être de revoir mon orientation professionnelle. 

Jacques Gerber, conseiller d'Etat et prochain délégué du Conseil fédéral pour l'Ukraine

Bien qu’il connaisse déjà Ignazio Cassis et Guy Parmelin, en charge respectivement des Affaires étrangères et de l’Economie, son entretien d’embauche s’est déroulé de manière formelle, comme tout autre entretien. "Nous nous connaissons, nous nous tutoyons, mais ce tutoiement n’empêche pas le respect des positions et des institutions", souligne-t-il.

Du champ jurassien à la scène internationale

Le ministre jurassien n’a jamais envisagé une telle carrière. A 20 ans, il était prêt à reprendre l’exploitation familiale: "Nous avons eu une discussion avec mon frère et, si ce dernier n’avait pas dit ‘je reprends l’exploitation agricole’, je ne serais pas parmi vous aujourd’hui, mais agriculteur", explique-t-il.

Protestant en pays catholique et membre du PLR, parti minoritaire dans le Jura, Jacques Gerber se sent souvent en porte-à-faux avec l’histoire et les traditions de son canton, une position qu'il juge néanmoins intéressante: "Cela permet d’amener d’autres visions, de se confronter aux autres, dans le débat, dans la recherche de l’amélioration continue".

Pour que notre histoire devienne vraiment utile, il faut connaître ses forces, ses faiblesses et essayer de les conjuguer

Jacques Gerber, conseiller d'Etat et prochain délégué du Conseil fédéral pour l'Ukraine

Selon lui, son parcours montre qu’il n’a jamais craint le défi et qu’il a toujours su tirer le positif de chaque expérience. "C’est ce qui rend l’histoire intéressante. En tant que telle, elle est agréable à raconter entre amis, mais pour qu’elle devienne vraiment utile, il faut connaître ses forces, ses faiblesses et essayer de les conjuguer", ajoute-t-il.

Réflexion sur la gestion future du Jura

Jacques Gerber s’inspire de la réflexion de Jean Studer, ancien conseiller d’Etat neuchâtelois, qui a souligné que le canton du Jura a été géré avec le cœur jusqu’à présent, mais qu’il est temps "de le gérer avec la raison". Cette évolution lui semble nécessaire pour que le canton trouve sa place dans la Confédération tout en respectant les règles établies.

Avec ses 74'000 habitants, augmentant à 80'000 avec l’intégration de Moutier, le Jura reste un petit canton. Idéalement, atteindre une population de 100'000 à 120'000 habitants serait bénéfique pour son organisation et sa structure.

Pour améliorer la situation, Jacques Gerber propose de faire revenir les Jurassiens travaillant à l’extérieur en créant des emplois, notamment dans le secteur tertiaire, ce qui permettrait de renforcer l’économie locale. Mais la taille n’est pas le seul facteur déterminant pour le développement de la région, souligne-t-il.

Le gouvernement jurassien est très clair: institutionnellement la question jurassienne est terminée.

Jacques Gerber, conseiller d'Etat et prochain délégué du Conseil fédéral pour l'Ukraine

Selon lui, il serait bénéfique d'envisager un partenariat stratégique avec le canton de Bâle et son parc d’innovation pour attirer des entreprises bâloises qui manquent d’espace pour se développer.

En conclusion, le ministre affirme que la question jurassienne est terminée. Selon lui, le gouvernement jurassien considère que le processus est arrivé à son terme. Pour clore ce chapitre de l’histoire, il évoque un geste symbolique: rendre la pierre d’Unspunnen. "Ce serait un bel acte que de la rendre à ses propriétaires", lance-t-il.

Propos recueillis par: Philippe Revaz

Adaptation web: Miroslav Mares

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