Trente-cinq bulletins ont porté le nom d'autres personnalités. En outre, 23 bulletins étaient blancs. La ministre des finances a obtenu un bon score. Viola Amherd avait été élue l'an dernier par 158 voix sur 204 bulletins valables.
C'est Micheline Calmy-Rey qui a réalisé la plus mauvaise élection en 2011 avec 106 voix. A l'inverse, le record est détenu par Jean-Pascal Delamuraz et Ueli Maurer. Tous deux ont obtenu 201 voix en 1988, respectivement 2018.
Karin Keller-Sutter sera secondée par Guy Parmelin. Le Vaudois a été élu à la vice-présidence par 196 bulletins valables. Vingt-trois bulletins portaient divers noms. Par ailleurs, quinze bulletins étaient blancs et un nul. Le ministre de l'économie prendra les rênes de la Confédération en 2026.
"Nous savons par expérience que les vraies solutions ne se trouvent pas dans la confrontation, mais dans le compromis", a dit la St-Galloise mercredi dans son discours après son élection. Un aspect important alors que le monde fait face à des temps incertains. Et d'énumérer attaques terroristes, pandémie, guerre en Ukraine ou encore changement climatique.
"Beaucoup parlent d'un changement d'époque", a relevé la ministre des finances. "Mais si l'on regarde plus loin dans le temps, il s'agit plutôt de la fin d'une phase de stabilité exceptionnelle et d'un retour à la normalité." Et d'ajouter que "nous avons peut-être un peu désappris à gérer l'incertitude". "Le besoin d'orientation est d'autant plus grand."
Défis en perspective
Hasard du calendrier, la St-Galloise, qui fêtera ses 61 ans le 22 décembre, a été élue présidente de la Confédération alors que la commission d'enquête parlementaire doit publier un rapport très attendu sur la débâcle de Credit Suisse. Le rôle joué par Karin Keller-Sutter en sera d'autant plus scruté et pourrait marquer son année.
A peine installée au Département des finances début 2023, après quatre ans passés au Département de Justice et Police, Karin Keller-Sutter a en effet dû faire face à une des pires crises bancaires de l'histoire suisse. Libérale convaincue mais très pragmatique, elle a dû trouver rapidement une solution et surtout la faire accepter aux deux géants bancaires.
Contexte financier tendu
Le rachat par UBS a suscité un torrent de commentaires et de critiques. La Suisse était du jour au lendemain à la une de la presse internationale, et Karin Keller-Sutter avec elle. Le "Financial Times" l'a d'ailleurs choisie parmi les 25 femmes les plus influentes de la planète pour l'année 2023.
Dans ce contexte, le Conseil national a symboliquement refusé les crédits étatiques. Mais l'annonce par UBS, quelques mois plus tard, du renoncement aux garanties financières de la Confédération, a en quelque sorte validé la stratégie de la St-Galloise. Karin Keller-Sutter a pu se présenter en vainqueure de l'opération, la Confédération empochant même au passage des intérêts.
Mesures d'austérité
Karin Keller-Sutter reste depuis la conseillère fédérale considérée comme la plus influente. Dans les sondages, son travail est apprécié par la population.
La donne pourrait toutefois évoluer quelque peu lors de son année présidentielle. Avec la mauvaise forme des finances fédérales, la ministre a endossé le rôle de "Mère-la-Rigueur" sans sourciller, et annoncé un plan d'austérité de quelque 4 milliards de francs par année. En attendant ses propositions concrètes, tous les domaines, sauf l'armée, doivent d'ores et déjà prévoir des coupes budgétaires.
Les solutions de la ministre, notamment une diminution des rentes de veuves, des coupes dans le financement fédéral des crèches ou un serrage de vis sur l'asile, ont provoqué la colère de la gauche et des cantons, mais aussi de la droite sur certains sujets.
Par exemple, sa proposition de nouvelles taxes sur les deuxième et troisième piliers a fâché dans son propre camp. La conseillère fédérale pourrait devoir faire face à des référendums.
hkr avec ats