L'ambassadrice de Suisse en Russie convoquée après une décision du Parlement sur les avoirs russes gelés
La décision du Parlement suisse de créer la base juridique permettant la "confiscation" des biens de la Russie situés sur le territoire de la Confédération est dans le viseur du Kremlin.
"La Russie condamne fermement cette décision des autorités suisses qui viole grossièrement les principes fondamentaux et les normes du droit international en matière d'immunité de l'Etat", écrit le ministère russe des Affaires étrangères.
"Toute violation de la propriété de l'Etat russe" sera concernée comme "un vol d'Etat", avertit la diplomatie russe, qui ajoute que des mesures de rétorsion de la part de Moscou seront "inévitables".
Le Département fédéral des affaires étrangères a confirmé la convocation de l'ambassadrice suisse, une première depuis le début de la guerre. "C’est rare", admet Nicolas Bideau, chef de la communication du DFAE, dans le 19h30 de la RTS. "On est souvent invité. Quand on est convoqué, c’est un cran plus haut mais ça fait partie du jeu", ajoute-t-il. "On est parfois dans un moment un peu tendu dans la diplomatie, c’est assez classique."
Relations déjà tendues
Cette convocation "est une volonté d’intimidation de la Suisse, continuum de leur attitude très agressive", affirme Laurence Fehlmann Rielle, conseillère nationale (PS/GE). Les relations entre les deux pays étaient en effet déjà tendues depuis que la Suisse a repris les sanctions internationales liées à la guerre en Ukraine.
La Russie ne la considère plus comme neutre. Elle l'a même ajoutée à sa liste des "pays hostiles". Moscou refuse donc de participer à la grande Conférence pour la paix en Ukraine que la Suisse espère organiser cette année.
Ce nouvel épisode ne va donc pas apaiser les esprits du gouvernement russe. Pour Georges Martin, ambassadeur de Suisse à la retraite, cette convocation de la Russie représente avant tout un risque pour la diplomatie suisse. "On risque d'abord de ne plus jouer aucun rôle dans une négociation ou amener les parties en conflit à une table", estime-t-il.
La mise en place d'une base juridique
Les mesures votées jeudi dernier par les parlementaires pourraient permettre au Conseil fédéral de mettre en place une base juridique permettant d'utiliser les avoirs gelés d'Etats jugés agresseurs pour payer les réparations dans les pays attaqués.
La question des avoirs russes fait l'objet d'un débat houleux en Europe depuis le début des hostilités en Ukraine il y a plus de deux ans, et notamment en Suisse, où la discrétion dans le secteur bancaire et la tradition de neutralité du pays sont importantes.
Plus de huit milliards de francs de réserves et d'actifs de la Banque centrale russe sont déposés dans des établissements suisses.
iar/edel avec les agences