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L'annonce de la restructuration de Tamedia suscite une avalanche de critiques en Suisse romande

La restructuration annoncée par Tamedia provoque de vives réactions, aussi parmi les élus politiques
La restructuration annoncée par Tamedia provoque de vives réactions, aussi parmi les élus politiques / 19h30 / 2 min. / le 27 août 2024
L'annonce de nouvelles stratégies et grosses restructurations chez Tamedia, avec 290 suppressions d'emplois prévues, a suscité une avalanche de vives réactions mardi. Syndicats des médias, sociétés de rédacteurs, gouvernements et partis politiques se sont montrés très critiques et inquiets.

Les principaux syndicats ont été les premiers à réagir. Syndicom critique sévèrement le licenciement collectif et la fermeture des deux centres d'impression de Bussigny (VD) et de Zurich. "Une fois de plus, l'entreprise de presse se concentre sur la maximisation des profits au lieu d'assumer sa responsabilité sociale et d'investir dans le journalisme", déplore-t-il dans un communiqué.

Le syndicat demande à l'entreprise de revoir sa stratégie d'entreprise, de conserver les imprimeries et de préserver autant d'emplois que possible. Le plan social doit également être amélioré.

>> Lire à propos des licenciements annoncés par Tamedia : Restructuration radicale chez Tamedia qui va supprimer près de 300 postes et fermer des imprimeries

"Au cours des 15 dernières années, les actionnaires du groupe TX, propriétaire de Tamedia, ont empoché plus de 670 millions de dividendes sur un bénéfice de 2,2 milliards d'euros tandis que des centaines d'employés étaient licenciés. TX Group reste très rentable, cette politique de démantèlement sans égard pour les collaborateurs doit prendre fin", déclare Stephanie Vonarburg, vice-présidente et responsable du secteur des médias chez syndicom.

"Tamedia se retire du marché de l'impression, sans réelle urgence économique, pour vendre ses immeubles de Lausanne et Zurich au prix fort. C'est inacceptable et dramatique pour les employés. Nous exigeons que Tamedia assume sa responsabilité sociale", demande également le syndicat.

Conjointement avec les commissions du personnel, syndicom s'impliquera pour le maintien des emplois et pour l'amélioration du plan social et des conditions de travail. Il appelle le personnel de Tamedia à participer aux assemblées du personnel et à faire valoir ses droits.

>> Voir aussi le sujet du 12h45 :

Importante restructuration chez Tamedia qui va supprimer 290 postes et fermer des imprimeries, dont celle de Bussigny
Importante restructuration chez Tamedia qui va supprimer 290 postes et fermer des imprimeries, dont celle de Bussigny / 12h45 / 2 min. / le 27 août 2024

Un moratoire sur les licenciements demandé

Le syndicat des journalistes suisses Impressum dénonce, lui, une décision "catastrophique et démesurée", alors que les titres du groupe sont globalement rentables. Le fait qu'après les 80 licenciements prononcés en 2023, 90 postes à plein temps doivent déjà être supprimés témoigne d'une stratégie d'entreprise autodestructrice, estime-t-il.

La succession rapide de mesures d'économies drastiques sur le dos des collaborateurs et collaboratrices laisse transparaître un manque de responsabilités sociales et sociétales. Au lieu de supprimer des postes au détriment de la diversité de l'information et du personnel, Tamedia doit investir les bénéfices dans des réserves et dans le journalisme, afin de pouvoir absorber les futures fluctuations du marché sans licencier, dénonce Impressum.

>> Participez à la discussion avec "dialogue" :

Le syndicat demande à l'entreprise de presse un moratoire sur les licenciements pendant plusieurs années. Selon lui, ce n'est qu'ainsi qu'il sera possible de rétablir un climat de travail productif après les suppressions d'emplois.

Le syndicat suisse des médias (SSM) se montre quant à lui "profondément préoccupé" par les suppressions massives de postes annoncées mardi. En biffant près de 300 postes à plein temps, la direction du groupe "met en péril le journalisme indépendant et la diversité des médias en Suisse". Le démantèlement est particulièrement inquiétant en Suisse romande, souligne le SSM.

"Avec la suppression de près de 300 postes à plein temps, Tamedia dit adieu à environ 20% de ses effectifs", explique-t-il encore dans un communiqué. "Il s'agit de la plus grande suppression de postes depuis son intégration à TX Group en 2019. Elle illustre le fait qu'en interne, le journalisme continue à perdre de son importance".

Par ailleurs, la perte d'environ 200 postes dans le secteur de l'imprimerie est particulièrement grave. La fermeture des centres d'impression de Bussigny et de Zurich et la concentration sur le site de Berne représente une perte sèche, d'autant plus que Ringier a récemment fermé sa plus grande imprimerie et a annoncé la fermeture de son imprimerie de magazines à Zofingue, déplore le syndicat.

Des coupes "destructrices" et "inhumaines"

Du côté du personnel des rédactions, "c'est un choc", rapporte Erwan Le Bec, président de la Société des collaborateurs du 24 Heures, dans le 12h30 de la RTS. "Personne ne s'attendait à des coupes aussi massives, qui sont inédites dans l'histoire de la presse romande. Les gens sont révoltés, abattus, indignés."

Ces coupes "destructrices" et "inhumaines" sont désormais également "cycliques", s'enchaînant avec les années, dénonce le journaliste, qui relève que les éditeurs de Tamedia "distillent le moins d'informations possibles pour éviter une mobilisation des rédactions, du monde syndical et du monde politique".

Erwan Le Bec souligne également la différence de traitement entre les Romands et les Alémaniques. "Nous voyons bien que des titres sont relégués en catégorie B et nous sommes inquiets pour la Suisse romande. Nous demandons à l'éditeur un minimum de dignité et de transparence sur ce qu'il entend faire des fleurons industriels que sont les imprimeries ainsi que les journaux, qui appartiennent au patrimoine cantonal et, avant tout, aux lecteurs."

"C'est une journée noire pour la presse suisse et la presse romande en particulier", conclut le journaliste. "Car il ne faut pas se leurrer, cela va continuer, ce ne sera pas uniquement Tamedia. Ce sera ensuite au tour des autres éditeurs puis du service public."

>> L'interview complète d'Erwan Le Bec dans le 12h30 :

Erwan Le Bec, journaliste au quotidien 24 heures. [Twitter]Twitter
Quelle avenir pour la presse et l’édition romande après la décision de Tamedia? Interview d’Erwan Le Bec / Le 12h30 / 3 min. / le 27 août 2024

Il y a encore une année, Tamedia était une grande famille unie (...), bilingue et ces annonces donnent des signes que Zurich s'éloigne de la Suisse romande (...) Un Röstigraben se crée

Dominique Botti, journaliste à 24 Heures et porte-parole du personnel Tamedia Publications Romandes

Dominique Botti, journaliste à 24 Heures et membre de la coordination des rédactions romandes, rapporte lui aussi un personnel "remonté, énervé" et "surtout très inquiet". "Il y a encore une année, Tamedia était une grande famille unie, fédérale, helvétique, bilingue et ces annonces donnent des signes que Zurich s'éloigne de la Suisse romande", relève-t-il en parlant de la création d"un Röstigraben". A l'exemple de l'annonce des mesures, faite en allemand et non en français comme l'aurait préféré le personnel.

>> L'interview complète de Dominique Botti dans Forum :

Nonante emplois biffés dans les rédactions de Tamedia: interview de Dominique Botti
Nonante emplois biffés dans les rédactions de Tamedia: interview de Dominique Botti / Forum / 5 min. / le 27 août 2024

Réunies à la mi-journée en assemblée générale, les rédactions romandes de Tamedia dénoncent "avec force le plan de réorganisation et de restructuration", un projet "mortifère". Elles en appellent à une "révision de ce plan radical et à un sursaut citoyen et politique pour la sauvegarde d’une presse de proximité et de qualité".

L'inquiétude du gouvernement vaudois

Le Conseil d'Etat vaudois s'est dit quant à lui "particulièrement préoccupé" par les annonces qui se succèdent depuis plusieurs années chez Tamedia, bien qu'il soit "conscient" des mutations actuelles dans le secteur de la presse. Le gouvernement cantonal souligne "les conséquences importantes" en termes d'emploi et de savoir-faire industriel dans le domaine de l'impression.

Concernant les 90 postes supprimés dans les différentes rédactions de Tamedia, dont le détail n'est pas encore connu, le Conseil d'Etat regrette "ce nouvel appauvrissement de la presse romande". De même, il craint "un affaiblissement majeur" de la couverture de l'actualité en Suisse romande.

Le Conseil d'Etat déplore aussi avoir été informé mardi seulement de cette annonce "dont les conséquences sur l'emploi en Suisse romande et dans ce secteur sont majeures". Les autorités vaudoises entendent "rencontrer rapidement" les dirigeants de Tamedia. Ils souhaitent notamment comprendre "leur stratégie et les raisons qui les ont poussés à prendre de telles décisions".

Le gouvernement conclut en disant qu'il sera "particulièrement attentif" au respect des dispositions légales en matière de licenciements collectifs.

La consternation du Conseil d'Etat genevois

Le Conseil d'Etat genevois a pris connaissance "avec consternation", mardi, de l'importante restructuration annoncée par Tamedia, a-t-il annoncé dans l'après-midi. Il déplore que le groupe de presse "n'ait procédé à aucune concertation" et craint pour l'avenir de la Tribune de Genève.

Le gouvernement genevois se dit conscient des enjeux auxquels le secteur des médias est confronté avec l'avènement de l'ère numérique. Mais il déplore la stratégie du groupe zurichois qui, "depuis de nombreuses années, aboutit à des pertes massives d'emplois ainsi qu'à un appauvrissement de la diversité et de la qualité de la presse".

Pour le Conseil d'Etat genevois, les orientations stratégiques expliquées mardi par Tamedia "menacent, à terme, l'existence de la Tribune de Genève et l'identité même de l'information genevoise au sein du groupe". Le gouvernement condamne "fermement" l'option qui a été prise.

L'exécutif rappelle que la presse est un pilier d'une démocratie forte et que ce secteur ne peut être gouverné "par de simples considérations financières, comme un bien de consommation ordinaire".

Le Conseil d'Etat genevois relève qu'il avait obtenu de rencontrer les dirigeants de TX Group/Tamedia le 10 octobre prochain. Vu la tournure des événements, il leur demandera d'avancer ce rendez-vous afin d'évoquer la situation et de s'assurer que l'entreprise zurichoise assume pleinement ses responsabilités d'employeur.

"Bien de consommation ordinaire"

"Tamedia gère la presse comme un bien de consommation ordinaire", déplore sa présidente, Nathalie Fontanet, sur le plateau du 19h30 mardi. Or, "on a besoin d'avoir une diversité de la presse" et les coupes ne vont pas dans ce sens.

Elle se dit consternée par "la nouvelle stratégie de Tamedia qui va exclure petit à petit la Tribune de Genève. On craint pour ce quotidien qui est cher aux Genevois" et "l'effet sur le personnel".

>> Retrouver l'interview complète de Nathalie Fontanet dans le 19h30 :

Nathalie Fontanet, présidente du gouvernement genevois, réagit à l'annonce de la restructuration de Tamedia
Nathalie Fontanet, présidente du gouvernement genevois, réagit à l'annonce de la restructuration de Tamedia / 19h30 / 3 min. / le 27 août 2024

Nathalie Fontanet se demande donc s'il ne serait pas mieux de laisser "ces médias, qui font l'actualité des cantons (…) et qui permettent aux Genevois de se prononcer et de se déterminer sur certaines décisions, en des mains plus petites" que celles de ces grands groupes. "La question se pose pour de tels quotidiens." Elle donne l'exemple du Nouvelliste et de La Liberté qui sont "des petits journaux cantonaux et non détenus par de grands groupes". "C'est peut-être une solution", avance-t-elle en prenant l'exemple du Temps qui fonctionne grâce au mécénat.

Nous pouvons peut-être apporter d'autres aides

Nathalie Fontanet, présidente de l'Etat de Genève

La présidente du gouvernement genevois ajoute que "l'Etat de Genève met environ 500'000 francs par an d'aide aux médias" et elle se dit prête à réfléchir à d'autres moyens de soutenir la presse. "Nous pouvons peut-être apporter d'autres aides", avance-t-elle.

Villes choquées

Pour la Conférence des gouvernements de Suisse occidentale (CGSO), la décision est "un nouveau coup porté à l'accès à l'information, dans un paysage médiatique romand dont la diversité est très sérieusement menacée".

De gauche à droite, la classe politique vaudoise s'est également dite inquiète des mesures "intolérables" de Tamedia. Certains partis dénoncent un mépris envers la Suisse romande.

Enfin, les Villes de Lausanne, Genève et Bussigny sont "choquées et inquiètes". Elles ont "peine à croire au désormais mantra de l'entreprise essayant de faire croire, coupe après coupe, pouvoir faire mieux avec moins", indiquent-elles dans un communiqué conjoint. "Alors que TX Group se porte bien et verse des dividendes à ses actionnaires, il n'est pas compréhensible qu'il licencie du personnel", ajoutent-elles.

Propos recueillis par Pauline Rappaz, Mehmet Gultas, Thibaut Schaller et Philippe Revaz

Texte web: iar/juma avec ats

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Quel avenir pour la Tribune de Genève?

Concernant l'avenir de la Tribune de Genève, le directeur éditorial de Tamedia Simon Baertschi assure que le titre ne disparaîtra pas. En revanche, c’est 24Heures qui a été choisi en tant que "marque forte" en Suisse romande pour le développement numérique. La Tribune de Genève ne constitue donc plus un titre prioritaire pour le groupe de presse.

A Genève, c'est un véritable choc. Pour les collaborateurs et collaboratrices du quotidien genevois, il n'y a aucun doute possible: Tamedia veut tuer la Tribune de Genève. C'est ce qu'ils écrivent mardi après-midi dans un communiqué, signé par la rédaction dans son ensemble.

Selon eux, la Tribune, principal journal de la deuxième ville de Suisse, se retrouve sans perspective, vouée à devenir un simple onglet de 24Heures, titre désormais prioritaire en Suisse romande.

>> Les précisions dans l'émission Forum :

La Tribune de Genève plus considérée comme une "marque d’avenir", sa rédaction est en état de choc
La Tribune de Genève plus considérée comme une "marque d’avenir", sa rédaction est en état de choc / Forum / 2 min. / le 27 août 2024

Tamedia assure pourtant maintenir les versions papier et numérique de La Tribune de Genève. Contacté cet après-midi, le groupe reconnaît que la Tribune est une marque historique. Il assure aussi que ce n'est pas son objectif d'avoir à terme un seul titre pour l'ensemble de la Suisse romande.

Mais au sein de la rédaction, sortir la Tribune de Genève des marques fortes équivaut à une mort à petit feu. Pour le personnel, cela signifie moins d'enquêtes, moins d'analyses politiques, moins de présence dans les communes. Sans compter que la fermeture de l'imprimerie à Bussigny dans le canton de Vaud aura aussi des répercussions sur l'information locale et les lecteurs genevois, comme l'explique Rocco Zacheo, représentant du personnel.

"Il est évident que les temps de bouclage vont être anticipés et que beaucoup d'actualités va passer à la trappe. L'actualité tardive et de fin d'après-midi, de début de soirée qu'on avait l'habitude de couvrir sera désormais vouée à la disparition. Il aura des comptes-rendus bien évidemment sur le site web. Mais le lendemain, le lecteur de la presse écrite - qui représente toujours le 65% du chiffre d'affaires du groupe - n'aura pas l'information qu'il avait habituellement à disposition le matin en ouvrant son journal", souligne le journaliste.

Quant à savoir si les personnel de la Tribune sera affecté, c'est le flou qui prévaut pour le moment, selon les syndicats et les employés. Ils devraient en savoir plus lors de la prochaine réunion annoncée par Tamedia, le 16 septembre. Mais pour le syndicat Syndicom, il n'y a pas de doute: c'est bien la rédaction genevoise qui sera la plus touchée.

Les employés demandent de maintenir le titre. Ils émettent également l'idée que Tamedia cède purement et simplement la Tribune de Genève... au lieu de la laisser péricliter.

>> La réaction dans Forum des conseillers nationaux Céline Amaudruz (UDC/GE) et Philippe Nantermod (PLR/VS) :

La Tribune de Genève en danger? Réaction de Philippe Nantermod et Céline Amaudruz
La Tribune de Genève en danger? Réaction de Philippe Nantermod et Céline Amaudruz / Forum / 3 min. / le 27 août 2024

Les éditeurs réclament une aide publique à la presse accrue

Les éditeurs regroupés dans les associations Schweizer Medien (VSM) et Médias Suisses réclament un renforcement de l'aide indirecte à la presse. Ils invoquent la pression importante subie par les médias privés.

Une aide accrue est le seul moyen de conserver l'offre journalistique privée actuelle en Suisse, estiment les éditeurs alémaniques, romands et tessinois. Ils appuient ainsi les récentes propositions de la commission ad hoc du Conseil national, dont le National doit débattre en plénum le 23 septembre.

Concrètement, l'aide à la presse régionale et locale, qui se monte aujourd'hui à 50 millions de francs par an, devrait être augmentée de 45 millions de francs pour atteindre 95 millions par année, pour une durée de sept ans, comme le propose une initiative parlementaire de la conseillère nationale Christine Bulliard-Marbach (Centre/FR).

Cela passerait par une réduction des taxes de distribution pour les journaux et permettrait, in fine, de favoriser la transition numérique des publications, plaident les éditeurs. La mesure - adoptée en commission par 17 voix contre 8 - profiterait à quelque 150 quotidiens et hebdomadaires.

>> Lire à ce sujet : Le Conseil fédéral envisage différentes options pour aider tous les médias

Des coupes "paradoxales", réagit Philippe Amez-Droz

Philippe Amez-Droz, chargé de cours à l'Université de Genève et spécialiste de l'économie des médias, estime dans Forum mardi soir que ces annonces présentent "plusieurs paradoxes".

La partie imprimée est celle qui rapporte encore le plus d'argent à la société Tamedia

Philippe Amez-Droz, chargé de cours à l'Université de Genève et spécialiste de l'économie des médias

"La partie imprimée est celle qui rapporte encore le plus d'argent à la société Tamedia par rapport aux autres sociétés de TX Group, avec 203 millions - malgré une baisse d'environ 8% par rapport au semestre de l'année passée. Elle reste la partie du chiffre d'affaires la plus élevée: quatre à cinq fois plus élevé que 20 Minutes par exemple", détaille-t-il face aux fermetures annoncées de deux sites d'impression.

A la place des autorités genevoises, je serais fâché

Philippe Amez-Droz, chargé de cours à l'Université de Genève et spécialiste de l'économie des médias

Philippe Amez-Droz semble inquiet pour la Suisse romande. "Je suis surpris qu'à Zurich, on ait pris un virage 'à l'allemande' avec peu de sensibilité pour le fédéralisme" et la Romandie, dit-il. Pourtant, "Tamedia (...) a toujours affirmé que la Suisse romande ne devait pas être le parent pauvre du groupe alémanique. Donc on voit que quelque chose se passe", indique-t-il en ajoutant qu'à la place des autorités genevoises "je serais triste et fâché", d'autant que "le paysage médiatique romand s'affaiblit".

"Diversité des cantons"

Pour le spécialiste de l'économie des médias, la question n'est pas de savoir si les coupes de Tamedia répondent à une réalité économique. Selon lui, la Suisse est différente des pays mono-linguistiques comme l'Italie ou la France et la variété de titres démontre un besoin de la population. "On s'est habitué à cette diversité qui est le reflet d'une autre diversité, qui est celle des cantons", insiste-t-il encore.

>> Les propos complet de Philippe Amez-Droz dans Forum :

Philippe Amez-Droz, spécialiste de l'économie des médias et chargé de cours à l'Université de Genève [RTS]RTS
Quel avenir pour les titres de Tamedia? interview de Philippe Amez-Droz / Forum / 5 min. / le 27 août 2024