Nous sommes des gens ouverts et accueillants, mais on ne peut plus accepter le harcèlement
En 2023, les arrivées en Europe ont presque autant augmenté qu'en 2015 lors de la guerre en Syrie. En Suisse, il y a eu 23,3% de demandes en plus. Avec 30'000 arrivées prévues pour cette année, on ne peut plus parler de situation exceptionnelle. "Cela fait deux ans qu'on a une situation tendue, en parallèle avec les arrivées de personnes réfugiées d'Ukraine. Il est temps de trouver un système qui soit capable de répondre aux fluctuations", remarquait Lionel Walter, de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés, dans le 12h45 du 12 février.
Les cantons ont alerté la Confédération: leurs infrastructures sont pleines.
Qu’est-ce que ça rapporte?
Pointées du doigt comme un facteur d'accroissements de nuisances sociales (criminalité, hausse de loyer, chômage), les populations immigrantes en Suisse sont aussi porteuses de richesses et atténuent les pénuries de main-d'oeuvre. Après deux ans de guerre en Ukraine par exemple, 8700 des 65'000 personnes réfugiées au bénéfice d'un permis S ont trouvé un travail en Suisse.
En janvier 2023, 41,4% des personnes qui ont obtenu l'asile (permis B) travaillaient et 47,3% de celles admises provisoirement (permis F). La Confédération et les cantons estiment qu'environ 70% d'entre elles pourraient s'intégrer durablement dans le marché du travail.
Les personnes dont la procédure est en cours n'ont, elles, pas le droit de travailler, ni de sortir du pays ou de faire venir leur famille. L'exercice d'une activité lucrative est possible après leur sortie d'un centre fédéral d'asile (attribution à un canton), mais elle est soumise à autorisation. Si leur demande d'asile est rejetée, en attendant leur renvoi, elles sont logées et reçoivent 10 francs par jour pour tous leurs besoins, si elles ne sont pas nourries.
Et vous dans tout ça?
Très présent dans le discours public, le thème de l'asile nous met face à nos propres contradictions. D'une part, il appelle à notre solidarité, d'autre part, il révèle nos peurs de voir nos quotidiens changés par la cohabitation. Pour mémoire, seul 1,6% de la population résidant en Suisse relève du domaine de l'asile (en demande ou réfugiée), soit 6% de la population étrangère résidante. S'y ajoutent 0,7% de personnes réfugiées d'Ukraine depuis 2022. L'asile représente 3,24 % du budget fédéral.
Claire Burgy