Modifié

L'asile et le pouvoir d'achat ont préoccupé l'électorat suisse lors des fédérales de 2023

La question migratoire a joué un rôle important dans le choix de la population lors des élections fédérales. [Keystone - Martial Trezzini]
La question migratoire a joué un rôle important dans le choix de la population lors des élections fédérales. / Le 12h30 / 1 min. / le 20 juin 2024
Lors des élections fédérales du 22 octobre, les thèmes de l'immigration et de l'asile, ainsi que de la baisse du pouvoir d'achat et de la hausse des primes maladie ont particulièrement préoccupé l'électorat suisse. Des inquiétudes qui ont profité à l'UDC et au PS, sortis vainqueurs de ce scrutin.

La droite a mieux su motiver sa base et la pousser à voter en 2023 par rapport à 2019 que la gauche, selon l'étude électorale suisse Selects, publiée jeudi et réalisée par FORS à Lausanne avec le soutien du Fonds national suisse.

La participation électorale des personnes se situant sur la droite du spectre politique s’élève en effet à 55%, contre 49% en 2019. L'UDC a particulièrement réussi à mobiliser son électorat.

Près de 90% de celles et ceux qui avaient voté pour le parti en 2019 ont à nouveau voté UDC en 2023. Le parti a aussi su séduire une partie de l'électorat qui avait soutenu quatre ans auparavant le PLR (14%) et le PDC/PBD (7%). Il a profité aussi du fait que ses thèmes centraux, tels que l'immigration et l'asile, se sont imposés au fil de la campagne, au détriment des questions environnementales et énergétiques.

Les écologistes à la peine

Les partis écologistes ont eu eux beaucoup de mal à conserver leurs partisans. Les Vert-e-s n'ont retenu que 54% de leur électorat de 2019, le PVL 61%. Un bon quart des anciens électeurs des Vert-e-s ont voté pour le PS.

Du côté du PVL, des voix sont autant parties à gauche (au PS ou chez les Vert-e-s) qu'à droite (au Centre ou au PLR). Le parti vert'libéral a particulièrement souffert du recul de la participation des jeunes. C'est auprès des 18-24 ans qu’il a perdu le plus de plumes par rapport à 2019 (-5 points de pourcentage).

Au contraire, le PS a connu sa plus forte progression dans cette classe d'âge. Il devient, avec l'UDC, le premier parti de Suisse en nombre d'électrices et électeurs au sein des jeunes de 18-24 ans.

Le PS a aussi mieux réussi qu'en 2019 à se poser en alternative aux Vert-e-s auprès des électeurs sensibles à l’environnement. Parmi les personnes préoccupées par cette thématique, le parti à la rose a pu faire jeu égal avec les Vert-e-s, avec près d'un quart des suffrages. Il a encore pu mobiliser sa base autour des thèmes de la baisse du pouvoir d’achat et de la hausse des primes maladie.

Chute du PLR

De son côté, le PLR n'a pas réussi à enrayer sa chute. D'un côté, il a perdu une part considérable de son électorat au profit de l'UDC. De l'autre, il s'est retrouvé en concurrence avec le nouveau parti du Centre. Le PLR n'a eu de cesse de perdre en potentiel électoral depuis 2015, ce qui veut dire que le pourcentage de l'électorat qui ne peut envisager de voter pour lui augmente, note l'étude.

Le Centre est lui devenu éligible pour de plus larges franges de la population, par rapport à l'ancien PDC. Alors que les anciens électeurs du PDC et du PBD forment le socle du bon résultat du Centre en 2023 (82%), celui-ci a en outre su attirer de nombreuses voix de droite et de gauche.

>> Lire aussi : Le Centre renforce sa première place aux Etats, Vert-e-s, UDC et PLR dans le camp des perdants

Ecart entre base et élite

L'étude relève enfin l'écart des positions politiques entre les candidats et leur électorat. Les candidats du PS et des Vert-e-s se positionnent nettement plus à gauche que leur base, et les candidats du PLR et de l'UDC plus à droite.

Les thèmes socioéconomiques divisent la droite. Une majorité des candidats UDC et PLR soutient un relèvement de l’âge de la retraite alors que leur électorat le rejette nettement. A l'inverse, une majorité de la base de ces deux partis soutient un salaire minimum à 4000 francs pour un temps plein alors que les candidats le refusent.

ats/miro

Publié Modifié

Budgets de campagne

L’enquête s'est encore penchée sur les dépenses de campagne. Calculées à partir de l’auto-déclaration des candidats, les dépenses moyennes par candidat se sont élevées en 2023 à près de 5500 francs, un quart des candidats n'ayant rien investi financièrement dans leur propre campagne.

Les hommes (avec près de 6000 francs) disposaient de plus de moyens que les femmes (avec environ 4300 francs). Les personnes élues ont aussi davantage dépensé d'argent que celles non élues (un peu plus de 51’000 francs, contre 3900 francs).

Le budget moyen le plus élevé est celui des candidats UDC (près de 12'000 francs), suivis des PLR (avec près de 11'000 francs). Les candidats du Centre et du PS ont pu compter sur moins de 5000 francs, et ceux des partis écologistes sur moins de 4000 francs.

Par extrapolation à l’ensemble des candidats, le budget de campagne total atteignait les 32,5 millions de francs. Un cinquième provenait des contributions des partis et près de 40% des dons ou des fonds propres des candidats.