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L'extension des autoroutes est "en concurrence avec le développement des transports publics"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Brenda Tuosto, conseillère nationale (PS-VD) contre l’extension des autoroutes
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Brenda Tuosto, conseillère nationale (PS/VD) contre l’extension des autoroutes / La Matinale / 14 min. / le 25 octobre 2024
Après la présidente du TCS Vaud lundi, c'est au tour de la conseillère nationale Brenda Tuosto (PS/VD) de défendre sa position sur le projet d'extension des autoroutes vendredi dans La Matinale de la RTS. Pour l'élue, ce "projet démesuré" risque de ralentir encore davantage le développement et l'amélioration du rail en Suisse romande.

Le 24 novembre, le peuple suisse décidera notamment s'il veut donner un coup de pouce de plusieurs milliards – 4,9 précisément – pour éliminer plusieurs goulets d'étranglements sur nos routes, là où les bouchons sont récurrents.

En Suisse romande, un seul projet serait mis en route si le "Oui" l'emporte: celui qui concerne l'axe entre Le Vengeron (GE) et Nyon (VD) sur l'A1. Le tronçon devrait ainsi être élargi sur chaque côté de deux à trois voies pour un coût total de près d'un milliard de francs.

>> Lire à ce sujet  : L'élargissement des autoroutes séduit une courte majorité de la population, selon le premier sondage SSR

Ce projet est "démesuré", juge la socialiste Brenda Tuosto, invitée dans La Matinale, tout comme les associations écologistes à l'origine d'un référendum.

Le trafic va augmenter de plus de 40'000 véhicules par jour à Genève, plus de 8000 véhicules à Coppet et plus 7000 véhicules à Nyon

Brenda Tuosto , conseillère nationale  ( PS/VD )

Pour elle, cette extension ne va pas fluidifier le trafic comme dit le TCS, bien au contraire. "On sait très bien qu'en construisant une nouvelle route ou en faisant une extension sur l'autoroute, on va faire un appel d'air" et que les "congestions routières" vont se multiplier, argumente la partisane du "non".

Brenda Tuosto souligne également que les agglomérations à proximité seront encore plus congestionnées. Douze ans après la mise en service, le trafic "va augmenter de plus de 40'000 véhicules par jour à Genève, plus de 8000 véhicules à Coppet et plus 7000 véhicules à Nyon", avance l'élue, citant l'Office fédéral des routes (OFROU).

Plus grand risque d'accident

La sécurité ne sera pas non plus au rendez-vous, appuie Brenda Tuosto. Avec trois voies, le risque d’accident deviendra plus élevé "parce qu'il faut regarder des deux côtés quand il faut effectuer un dépassement", avance-t-elle.

Alors quelle solution proposer aux pendulaires qui, parfois, n'ont pas d'autre choix que d'utiliser leur voiture? "Aujourd'hui, on doit créer une offre en transports publics dans toutes les régions, y compris les régions périphériques. Je suis bien placée pour le savoir", mentionne celle qui est aussi municipale à Yverdon-les-Bains.

Le pendulaire n’a pas de "vrai choix" actuellement, estime cette dernière. Plutôt que d'agrandir le tronçon existant, la socialiste propose de l'aménager. "Pourquoi ne pas baisser la vitesse à 100 ou 80 km/h" sur cette partie de la route où le trafic est régulièrement ralenti de toute manière?", se demande-t-elle. Elle plaide aussi pour promouvoir le "covoiturage" et mettre en place "des parkings relais en dehors des villes".

On doit créer une offre en transports publics dans toutes les régions, y compris les régions périphériques

Brenda Tuosto , conseillère nationale  ( PS/VD )

Concurrence avec le rail

Enfin, aux yeux de la conseillère nationale, le problème majeur est que ce projet d'agrandissement entre en concurrence avec la mobilité douce. "On est face à une votation qui va amener de la concurrence supplémentaire pour le développement des transports publics", analyse-t-elle, alors qu'il y a déjà "une vraie lutte pour les milliards" au sein du Parlement.

En ce moment, "on est face à une politique fédérale qui détériore les lignes [ferroviaires] nationales", regrette Brenda Tuosto. Elle cite notamment le pied du Jura, Yverdon et Morges. "En fait, cette votation nous mettra dans un cercle vicieux", craint-elle. A moins que, comme elle l'espère, la population ne prenne la sortie d'autoroute le 24 novembre prochain.

>> Lire aussi l'opinion de la présidente du TCS Vaud Laurence Cretegny, dans le camp du oui : Laurence Cretegny: "Bétonner des terres agricoles pour les autoroutes fait peur, mais c'est nécessaire"

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Doreen Enssle

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