L'identité du coprésident du PS Cédric Wermuth utilisée par des escrocs aux sentiments
"Ça a été un choc d’être utilisé comme ça dans ce genre de criminalité", déclare Cédric Wermuth mardi dans Forum. L’Argovien souligne que ce sont "les gens qui ont presque failli verser 100'000 francs à un faux Cédric Wermuth" qui sont les premières victimes de cette arnaque commise en partie sur internet. Au moins cinq faux profils ont sévi sur Facebook.
Les victimes ont eu l'impression d'avoir une liaison amoureuse avec moi pendant des mois
L'élu socialiste donne des détails sur l'utilisation de son identité. "Les victimes ont eu l'impression d'avoir une liaison amoureuse avec moi pendant des mois. Elles ont reçu des fleurs et des cartes personnalisées signées avec mon nom. Elles ont eu des échanges téléphoniques avec des gens qui donnaient l'impression que c'était moi ou ma famille. C'était quelque chose de super professionnel", explique-t-il.
D'importantes sommes en jeu
Le coprésident du PS ajoute "qu'au moins plusieurs milliers de francs" semblent avoir été versés aux escrocs, prévenant cependant manquer de détails sur l'entier du dossier. Il indique aussi que de nombreuses victimes étaient en état de faiblesse.
Les malfrats les ont apparemment visées parce qu'elles avaient interagi avec le "vrai" profil de Cédric Wermuth. "Ces gens ont regardé qui avait liké et ont contacté ceux qui avaient une affinité politique et personnelle", explique-t-il.
Un appel d'une banque l'avertissant qu'une cliente voulait lui verser 100'000 francs lui a mis la puce à l'oreille. "Ce n'est pas la première fois que quelqu'un me pose une question sur un don devant être versé. Avec les règles de la transparence, cela arrive assez souvent. Mais le montant était assez spécial. En quelques minutes, j'ai compris de quoi il s'agissait", raconte-t-il.
Plainte pénale
Cédric Wermuth a déposé une plainte pénale. Le conseiller national se montre peu optimiste sur ses chances d'obtenir justice. "Ce genre d'escroqueries est connu", remarque-t-il en citant la police argovienne qui lui a donné de nombreuses informations. "Généralement, l‘argent est perdu et il est difficile de trouver les gens qui sont derrière l'escroquerie, car ils ne sont pas basés en Suisse, mais quelque part dans le monde. Avec la technologie moderne, vous pouvez faire ça depuis n'importe quel continent."
Généralement, l‘argent est perdu et il est difficile de trouver les gens qui sont derrière l'escroquerie, car ils ne sont pas basés en Suisse, mais quelque part dans le monde
Quid de la tournure politique que prend cette affaire? Selon le conseiller national, plusieurs acteurs doivent prendre les choses en main. Les personnalités doivent contrôler s'il existe des faux profils d'eux sur les réseaux sociaux. Les grandes entreprises de la tech doivent de leur côté "faire leur travail de contrôle". L'Etat doit enfin agir lui aussi, non seulement au niveau de la justice, mais aussi de la prévention.
Le Code pénal sanctionne l'usurpation d'identité depuis le 1er septembre 2023. Cette infraction est punie d'une peine de prison d'un an au maximum ou d'une peine pécuniaire.
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Propos recueillis par Thibaut Schaller et Coralie Claude
Texte web: Antoine Michel