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L'initiative Biodiversité va trop loin, estime le conseiller fédéral Albert Rösti

Le conseiller fédéral Albert Rösti à Kandersteg (BE). [Keystone - Anthony Anex]
L’initiative en faveur de la biodiversité est ‘‘trop stricte’’ selon le Conseil fédéral: interview d’Albert Rösti / Forum / 5 min. / le 13 août 2024
L'initiative Biodiversité entrave trop fortement des intérêts importants, en particulier l'approvisionnement énergétique ou l'agriculture, selon le ministre de l'environnement Albert Rösti. Il a lancé mardi la campagne contre le texte, soumis au vote le 22 septembre.

L'initiative "Pour l'avenir de notre nature et de notre paysage" (initiative Biodiversité), déposée en septembre 2020 par des organisations environnementales et de protection du paysage et du patrimoine, réclame suffisamment de moyens et de surfaces pour mieux protéger la biodiversité et la nature, même en dehors des zones protégées. Les initiants veulent aussi ancrer une meilleure protection du paysage et du patrimoine bâti dans la Constitution.

Zoom sur les enjeux de l’initiative sur la biodiversité, à plus d’un mois du scrutin
Zoom sur les enjeux de l’initiative sur la biodiversité, à plus d’un mois du scrutin / 19h30 / 1 min. / le 13 août 2024

"La Suisse est un pays magnifique, avec de magnifiques lacs et montagnes, et cette diversité est à préserver", a reconnu Albert Rösti devant les médias à Berne. La biodiversité est importante pour le Conseil fédéral, qui est conscient que "sans biodiversité, il n'y a pas de vie possible".

>> Réécouter le reportage de La Matinale qui résume les enjeux de l'initiative du 22 septembre :

Le 22 septembre, le peuple suisse se prononcera sur l'état de la biodiversité en Suisse. [Keystone - Valentin Flauraud]Keystone - Valentin Flauraud
Le 22 septembre, le peuple suisse se prononcera sur l'état de la biodiversité en Suisse / La Matinale / 2 min. / le 13 août 2024

Toutefois, pour le Conseil fédéral et le Parlement, l'initiative va trop loin. Elle contient de nouvelles dispositions qui "rendraient considérablement plus difficile une pesée des intérêts entre protection et utilité", a estimé le Bernois.

Marge de manoeuvre restreinte

Les autorités, et surtout les cantons et les communes, verraient leur marge de manoeuvre restreinte. Ces prescriptions plus strictes freineraient aussi le développement de l'urbanisation et mettraient en danger des infrastructures importantes comme des lignes électriques ou des voies de chemin de fer.

Elles nuiraient encore à la production agricole. "La sécurité alimentaire serait impactée, et il faudrait importer davantage. Tout ce qu'on ne produit pas ici doit venir de l'étranger", a commenté Albert Rösti. Il a encore relevé les effets qu'il y aurait sur le développement des énergies renouvelables, ce alors que le peuple a récemment accepté les lois sur la protection du climat et sur l'électricité.

Et le ministre d'estimer que la Confédération et les cantons s'engagent "depuis longtemps" en faveur de la diversité des espèces par des mesures "efficaces et ciblées". Il a rappelé la Stratégie Biodiversité Suisse adoptée en 2012, suivie d'un plan d'action visant à protéger la biodiversité en 2017.

Protection renforcée pour les espaces figurant dans les inventaires

Le ministre a aussi cité des investissements dans l'entretien et l'assainissement des marais et d'autres zones protégées, ainsi que l'encouragement de la biodiversité dans l'agriculture et en forêt. Il a encore rappelé le travail de l'Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP) et de l'Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS).

Les inventaires des espaces naturels et des paysages comprennent environ un quart de la surface de la Suisse, tandis que l'ISOS couvre un cinquième des sites construits, a souligné le ministre. Ainsi, les biotopes et les espaces inscrits dans ces inventaires bénéficient d'une protection renforcée.

>> Revoir également le débat de Forum entre Sarah Pearson Perret, directrice romande de Pro Natura et députée vert’libérale au Grand Conseil neuchâtelois, et Jacqueline de Quattro, conseillère nationale PLR vaudoise. :

Grand débat - L’initiative sur la biodiversité
Grand débat - L’initiative sur la biodiversité / Forum / 19 min. / le 25 juin 2024

En outre, le Conseil fédéral veut faire progresser la nature dans les zones urbanisées. Toutes ces mesures sont couronnées de succès, a indiqué Albert Rösti, et elles se poursuivront, quelle que soit l'issue du scrutin.

Actuellement, la Confédération dépense quelque 600 millions de francs par an pour la biodiversité, a chiffré le ministre. Le texte devrait entraîner des coûts supplémentaires de plus de 400 millions par an pour la Confédération et les cantons.

ats/ther

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Contre-projet enterré

Le Conseil fédéral avait élaboré un contre-projet à l'initiative, proposant de protéger 17% de tout le territoire suisse, contre 13,4% actuellement. Le National y était favorable, mais sans chiffre rigide dans la loi. Le Conseil des Etats avait lui enterré tout contre-projet en décembre 2023.

Albert Rösti a déclaré que c'était une "chance" que le peuple puisse se prononcer, même si "tout aurait été plus simple" si le Parlement avait adopté le contre-projet puisque les initiants étaient prêts dans ce cas à retirer leur texte.