L'initiative "Pour l'avenir de notre nature et de notre paysage" (initiative Biodiversité), déposée en septembre 2020 par des organisations environnementales et de protection du paysage et du patrimoine, réclame suffisamment de moyens et de surfaces pour mieux protéger la biodiversité et la nature, même en dehors des zones protégées. Les initiants veulent aussi ancrer une meilleure protection du paysage et du patrimoine bâti dans la Constitution.
"La Suisse est un pays magnifique, avec de magnifiques lacs et montagnes, et cette diversité est à préserver", a reconnu Albert Rösti devant les médias à Berne. La biodiversité est importante pour le Conseil fédéral, qui est conscient que "sans biodiversité, il n'y a pas de vie possible".
Toutefois, pour le Conseil fédéral et le Parlement, l'initiative va trop loin. Elle contient de nouvelles dispositions qui "rendraient considérablement plus difficile une pesée des intérêts entre protection et utilité", a estimé le Bernois.
Marge de manoeuvre restreinte
Les autorités, et surtout les cantons et les communes, verraient leur marge de manoeuvre restreinte. Ces prescriptions plus strictes freineraient aussi le développement de l'urbanisation et mettraient en danger des infrastructures importantes comme des lignes électriques ou des voies de chemin de fer.
Elles nuiraient encore à la production agricole. "La sécurité alimentaire serait impactée, et il faudrait importer davantage. Tout ce qu'on ne produit pas ici doit venir de l'étranger", a commenté Albert Rösti. Il a encore relevé les effets qu'il y aurait sur le développement des énergies renouvelables, ce alors que le peuple a récemment accepté les lois sur la protection du climat et sur l'électricité.
Et le ministre d'estimer que la Confédération et les cantons s'engagent "depuis longtemps" en faveur de la diversité des espèces par des mesures "efficaces et ciblées". Il a rappelé la Stratégie Biodiversité Suisse adoptée en 2012, suivie d'un plan d'action visant à protéger la biodiversité en 2017.
Protection renforcée pour les espaces figurant dans les inventaires
Le ministre a aussi cité des investissements dans l'entretien et l'assainissement des marais et d'autres zones protégées, ainsi que l'encouragement de la biodiversité dans l'agriculture et en forêt. Il a encore rappelé le travail de l'Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels (IFP) et de l'Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS).
Les inventaires des espaces naturels et des paysages comprennent environ un quart de la surface de la Suisse, tandis que l'ISOS couvre un cinquième des sites construits, a souligné le ministre. Ainsi, les biotopes et les espaces inscrits dans ces inventaires bénéficient d'une protection renforcée.
En outre, le Conseil fédéral veut faire progresser la nature dans les zones urbanisées. Toutes ces mesures sont couronnées de succès, a indiqué Albert Rösti, et elles se poursuivront, quelle que soit l'issue du scrutin.
Actuellement, la Confédération dépense quelque 600 millions de francs par an pour la biodiversité, a chiffré le ministre. Le texte devrait entraîner des coûts supplémentaires de plus de 400 millions par an pour la Confédération et les cantons.
ats/ther
Contre-projet enterré
Le Conseil fédéral avait élaboré un contre-projet à l'initiative, proposant de protéger 17% de tout le territoire suisse, contre 13,4% actuellement. Le National y était favorable, mais sans chiffre rigide dans la loi. Le Conseil des Etats avait lui enterré tout contre-projet en décembre 2023.
Albert Rösti a déclaré que c'était une "chance" que le peuple puisse se prononcer, même si "tout aurait été plus simple" si le Parlement avait adopté le contre-projet puisque les initiants étaient prêts dans ce cas à retirer leur texte.