L'initiative d'allègement des primes est sur la mauvaise pente, selon le second sondage SSR
A dix jours du vote, l'initiative d'allègement des primes est en difficulté. Le texte, qui ambitionne de soulager les ménages en accordant des subsides à ceux qui consacrent plus de 10% de leur revenu disponible à l'assurance obligatoire des soins, convainc toujours 50% des Suissesses et des Suisses. Mais sa cote a baissé de six points entre le premier et le deuxième sondage SSR. Le camp du non est maintenant crédité de 48% des voix (+8 points).
Soumise à la même dynamique, l'initiative pour un frein aux coûts dans le système de santé est aujourd'hui rejetée par une majorité des personnes sondées (54% de non, +13 points). L'opposition à l'initiative contre la vaccination obligatoire se renforce également, rassemblant les trois quarts de la population. Enfin, la loi sur l'approvisionnement électrique continue de bénéficier d'un très large soutien (73% de oui, -2 points).
L'allègement des primes, un combat gauche/droite
Lancée par le Parti socialiste, l'initiative "Maximum 10% du revenu pour les primes d'assurance-maladie" donne lieu à un traditionnel clivage entre la gauche et la droite. Les sympathisants du PS (89% de oui, +1 point) et des Verts (82%, +5) soutiennent massivement le texte. Le oui est aussi majoritaire au sein de l'électorat indépendant, mais sa part a fortement chuté depuis le premier sondage (-14 points , à 54%).
Le texte ne trouve pas grâce auprès des partisans des formations du centre et de droite. Les adversaires les plus véhéments se trouvent chez les libéraux-radicaux (84% de non, +11 points) et les Vert'libéraux (68% de non, +12). Alors qu'une partie des élus du Centre se sont prononcés pour l'initiative, la base du parti - encore hésitante il y a un mois - est à présent clairement opposée au projet (61% de non, +12).
Vers un profond fossé linguistique?
Comme lors de la première enquête, la Suisse romande et la Suisse italienne sont à la pointe du combat en faveur de l'allègement des primes. Plus de deux tiers des Latins sont favorables au texte, en léger recul. Avec 55% d'intentions de vote négatives (+9 points), la Suisse alémanique fait figure de place forte du non. Ce "Röstigraben" complique encore la tâche de l'initiative, qui risque de ne pas atteindre la majorité des cantons.
L'autre facteur déterminant du choix réside dans le revenu, montre le sondage de l'institut gfs.bern. Les personnes les moins aisées votent très majoritairement en faveur du plafonnement de la facture des assurés. Le soutien recule à mesure que le revenu augmente et le point de bascule se situe dans la tranche des 9000 à 11'000 francs mensuels par ménage (50% de non contre 47% de oui). Le non atteint 63% dans la classe des plus gros revenus.
Une dynamique favorable au non
Dans les autres catégories, les écarts sont moins flagrants. Au début de la campagne, la zone d'habitation ne jouait apparemment aucun rôle dans le soutien ou non à l'initiative. Ce n'est plus le cas. Largement favorables au texte il y a un mois, les zones rurales ont changé de camp. Le oui demeure majoritaire dans les grandes villes, alors que la situation est au coude-à-coude dans les petites et moyennes agglomérations.
Par ailleurs, la différence entre les intentions de vote des hommes et des femmes s'est lissée, même si ces dernières continuent de soutenir l'allègement des primes (52% de oui et 44% de non), au contraire des hommes (48% de oui contre 51% de non). Le oui reste aussi légèrement devant chez les 18-39 ans et chez les seniors, tandis que la classe d'âge intermédiaire a, elle, retourné sa veste.
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Même si l'état de la formation de l'opinion est "globalement avancé", l'institut gfs.bern estime, au vu de la tendance, qu'un oui du peuple est loin d'être assuré. Il en va de même pour la majorité des cantons. Un élan de mobilisation de dernière minute peut cependant changer la donne. A ce titre, "la discussion entamée sur les augmentations de primes pour 2025 (une hausse de 6% selon les prévisions de Comparis, ndlr) pourrait provoquer un revirement de l’opinion", notent les auteurs de l'étude.
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L'initiative pour un frein aux coûts cède du terrain
Face à l'explosion des primes, alors que le Parti socialiste s'attaque aux symptômes, Le Centre propose quant à lui d'agir sur les coûts. En début de campagne, son initiative pour un frein aux coûts réussissait à convaincre au-delà de sa base électorale. Ce n'est plus le cas: seul l'électorat du parti de Gerhard Pfister soutient encore la solution imaginée par leur formation préférée, à 66% (+3 points).
Alors qu'elles plébiscitaient le texte lors du premier sondage, les personnes non affiliées à un parti sont à présent moins de la moitié à vouloir glisser un oui dans leur enveloppe (49% de oui, -21 points). Les sympathisants des Verts, encore favorables à l'initiative il y a un mois, ont quant à eux rejoint les rangs des opposants (52% de non, +17 points). Les champions du non sont les proches du PLR, qui rejettent le frein aux coûts à plus de 70%.
Au niveau linguistique et socio-économique, la situation de l'initiative pour un frein aux coûts est similaire à celle de l'initiative d'allègement des primes: ce sont les Latins et les classes de revenus bas et moyens qui forment le gros des troupes des partisans. Mais la comparaison s'arrête là, puisqu'aucune catégorie de la population - hormis les Tessinois - ne soutient majoritairement la proposition du Centre.
La Suisse plébiscite la promotion des énergies renouvelables
Avec 73% d'intentions de vote favorables, les partisans de la loi sur l'électricité peuvent envisager sereinement la journée de votations du 9 juin. Défendue par le Conseil fédéral, la quasi-totalité de la classe politique et les grandes organisations environnementales, la nouvelle législation - qui vise à promouvoir les énergies renouvelables en Suisse - jouit d'une très forte cote de popularité dans presque tous les partis, avec un pic à 93% de oui chez les sympathisants vert'libéraux.
La grande majorité des opposants sont issus des proches de l'UDC (53% de non, +5 points), le seul grand parti du pays qui prône le rejet de ce texte censé assurer la sécurité de l'approvisionnement à long terme du pays et décarboner la consommation. Dans une moindre mesure, l'électorat indépendant est également moins convaincu que la moyenne nationale. Un tiers des personnes non affiliées à un parti (+6 points) ont indiqué vouloir voter non.
Mené par la Fondation Franz Weber, le comité référendaire dénonce la priorité donnée à la production d'électricité sur la protection de la nature. Il craint que la nouvelle loi ne porte atteinte au paysage et aux biotopes protégés. Ces arguments n'ont pas vraiment réussi à imprimer leur marque, quelle que soit la région linguistique. En un mois, le non n'a grignoté que quelques points en Suisse romande (19% de non, +4 points) et en Suisse alémanique (26% de non, +5 points). Au Tessin, l'opposition a même reculé (15% de non, -8 points).
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Initiative contre la vaccination obligatoire
Le sort de l'initiative "Pour la liberté et l’intégrité physique" semble scellé. Ce texte lancé pendant la pandémie de Covid-19 est balayé autant par l'électorat de gauche que de droite. Des électeurs écologistes aux proches du PLR en passant par les sympathisants du PS et des formations du centre, tous s'y opposent à plus de 80%. Même l'électorat UDC penche du côté des opposants (50% de non contre 46% de oui), à l'opposé du mot d'ordre adopté par le premier parti de Suisse.
Ni les Romands, ni les Alémaniques, ni les Tessinois ne semblent partager les préoccupations des initiants. Ceux-ci veulent exclure toute obligation vaccinale ainsi que tout préjudice social et professionnel en cas de refus de se faire vacciner. Plus largement, leur texte exige que "les atteintes à l’intégrité physique ou psychique d’une personne requièrent son consentement".
La population se range largement derrière les arguments du Conseil fédéral et des principaux partis du pays. Ceux-ci soulignent que l'intégrité physique est déjà inscrite dans la Constitution et que, aujourd'hui déjà, personne ne peut être contraint de se faire vacciner contre son gré en Suisse. Au vu de la formulation vague de l'initiative, le gouvernement redoute également une insécurité juridique pour de nombreuses activités de l'Etat en cas de oui.
Didier Kottelat
Méthode
Première session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 9 juin 2024, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 13 et le 22 mai 2024 auprès de 12'279 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est de +/- 2,8 points de pourcentage.