Le comité d'initiative demande un "approvisionnement en électricité sûr et climatiquement neutre". Cet approvisionnement est "essentiel pour la société et l'économie". Concrètement, il doit être garanti en tout temps, grâce à des responsabilités claires attribuées par la Confédération.
Les derniers hivers ont démontré que la Suisse ne produit pas assez d'électricité elle-même et qu'elle est dépendante de l'étranger, estime l'alliance. Encore plus dans le contexte géopolitique actuel en Europe, la Suisse doit produire de l'électricité respectueuse du climat de manière autonome, estime le conseiller national Christian Imark (UDC/SO). "Miser uniquement sur les importations est dangereux."
Le comité rappelle la menace de pénurie d'électricité l'année dernière et les mesures d'urgence mises en place comme les réserves et les centrales de secours. "La sécurité d'approvisionnement n'est plus garantie et le risque de pénurie d'électricité est omniprésent", pointe le conseiller national Marcel Dobler (PLR/SG).
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Autoriser la construction de nouvelles centrales
Le texte précise que toutes les formes de production électrique respectant l'environnement et le climat doivent être autorisées. Le comité d'initiative souhaite ainsi rouvrir la porte à l'atome.
Marcel Dobler relève la nécessité de lever les interdictions technologiques, afin de permettre la construction de nouvelles centrales nucléaires. Pauline Blanc, présidente des Jeunes PLR Vaud, complète que 30% de l'électricité consommée aujourd'hui provient du nucléaire donc il est important de continuer sur cette voie en développant les nouvelles technologies, qui permettent d'assurer la sécurité des centrales nucléaires.
L'alliance regroupe des représentants du monde politique, de l'économie et de la société civile. Le conseiller aux Etats Peter Hegglin (Centre/ZG) fait aussi partie du comité. Parmi les Romands, outre la présidente des Jeunes PLR Vaud, figurent le président du Centre Fribourg Damiano Lepori ainsi que le président des Jeunes PLR Valais David Cardoso.
Une initiative déjà attaquée
A peine déposée, l'initiative est déjà attaquée par les opposants au nucléaire, qui ont réagi dans différents communiqués. L'Association Sortir du nucléaire Suisse romande critique le fait que les auteurs du texte avancent masqués puisque le mot "nucléaire" n'est pas mentionné sur les feuilles de signatures.
Greenpeace trouve que l'initiative "dangereuse et inutile" n'apporte aucune solution concrète. Et de rappeler que l'interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires a été plébiscitée en votation en 2017.
Le risque d'accident nucléaire reste très présent, poursuit Greenpeace. Ainsi, les investisseurs privés n'ont pas envie de se lancer dans des projets aussi risqués. Le financement passerait donc par la Confédération et les cantons, ce qui alourdirait les finances publiques, selon l'organisation.
ats/hkr/iar
Un couple de retraités physiciens au coeur de l'initiative
Un couple d'anciens physiciens est à l'origine de l'initiative "Stop au blackout". Ces deux retraités ont donné de leur temps, avec des réunions hebdomadaires, et de leur argent - une somme à 7 chiffres - pour récolter les 129'000 signatures. "Il est important d'avoir un approvisionnement en électricité sûr, y compris en hiver. Le soleil et le vent ne sont pas suffisants, car le soleil se couche et le vent ne souffle pas toujours", a illustré Irene Aegerter vendredi dans le 19h30 de la RTS.
Captivée par la question du nucléaire depuis ses 18 ans, l'octogénaire a vécu l'ouverture des centrales dans les années 60 et les votations en 1990 et 2003. En 2011, avec l'accident de Fukushima, elle a assisté à l'émoi et à la décision du Conseil fédéral de sortir du nucléaire, malgré ses protestations.
La peur après Fukushima "pas rationnelle"
La retraitée estime que la peur causée par l'accident de Fukushima n'était pas rationnelle: "On a fait peur au peuple, mais personne n'a été tué. Et surtout les Japonais n'avaient pas mis à jour cette installation nucléaire", estime-t-elle.
Après le refus des Suisses d'entériner la sortie du nucléaire en 2012, Irene Aegerter estime aujourd'hui qu'il est temps de relancer le débat. Elle se défend toutefois d'être une lobbyiste du nucléaire, car son mari et elle ne sont "pas payés".
Si le texte est accepté par le peuple, Irene et et Simon ne comptent pas se reposer. Mais la relève est d'ores et déjà assurée, avec un fils investissant dans des petites centrales et un petit-fils étudiant la physique.