Pas moins de 10 orateurs ont lancé la campagne à l'occasion d'une conférence de presse à Berne. Parmi eux figuraient les présidents du Centre, de l'UDC, du PLR, de l'Union suisse des arts et métiers (Usam) et de l'Union suisse des paysans (USP).
L'initiative "Pour l'avenir de notre nature et de notre paysage" réclame suffisamment de moyens et de surfaces pour la nature. Elle veut aussi ancrer une meilleure protection du paysage et du patrimoine bâti dans la Constitution fédérale. Un contre-projet du Conseil fédéral avait été enterré par le Conseil des Etats en décembre 2023.
Les initiants, parmi lesquels figurent les organisations Pro Natura, Patrimoine Suisse ou encore BirdLife, ont alors renoncé à retirer leur texte. Ils présenteront leurs arguments le 25 juin.
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"30% du territoire intouchable"
Pour les opposants, qui qualifient l'initiative d'"extrême, inefficace et même inutile", la législation actuelle suffit à promouvoir la biodiversité.
Selon eux, le texte rendrait pratiquement intouchable 30% du territoire national. Ils relèvent que pour les initiants, seuls 8% du sol helvétique sont suffisamment protégés. Une surface équivalente aux cantons de Berne, Fribourg, Neuchâtel et Soleure réunis devrait être nouvellement réservée au développement de la biodiversité.
La production alimentaire y serait alors fortement limitée voire impossible. Pour les opposants, il faut penser en termes de qualité des surfaces, et non de quantité.
Les opposants relèvent aussi que 19% des surfaces agricoles sont déjà réservées à la promotion de la biodiversité, alors que les paiements directs ne présupposent qu'une surface de 7% par exploitation. Et il ne faut pas oublier les prairies riches en espèces dans les régions d'estivage, selon eux.
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Les verdicts populaires contredits
Le passage de vastes surfaces en zones strictement protégées entraverait par ailleurs la production d'énergies renouvelables. Une telle mesure contredirait les récents verdicts populaires, comme le oui dimanche dernier à la loi sur l'approvisionnement en électricité. L'économie du bois serait aussi impactée, en raison de l'extension des réserves forestières.
Cet affaiblissement de la production indigène de denrées, d'énergie et de bois serait une mauvaise affaire pour l'environnement. Elle serait en effet délocalisée à l'étranger, où les normes écologiques sont plus basses, mettent en garde les opposants.
Ceux-ci anticipent aussi un problème pour la construction, l'initiative portant aussi sur les zones à bâtir. PME et industries feront ainsi face à des contraintes supplémentaires, avec notamment des procédures d'autorisation plus longues. Les coûts de construction seraient aussi plus élevés.
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De manière générale, l'initiative affaiblirait le développement dans les régions de montage et le secteur du tourisme, car l'initiative limiterait fortement la réalisation des infrastructures.
Les opposants agitent aussi la question des coûts. Ils évaluent de 375 à 440 millions la facture annuelle supplémentaire. Le texte limiterait enfin la marge de manoeuvre des cantons et des communes, car la Confédération serait chargée de la mise en oeuvre. Ils y voient une violation des principes fédéraux.
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ats/jfe