L'initiative, présentée aux délégués par le conseiller national zougois Thomas Aeschi, a été acceptée à l'unanimité des 212 délégués présents. Elle prévoit que les personnes qui entrent en Suisse soient systématiquement contrôlées aux frontières. Si cette mesure n'est pas compatible avec un accord international, le Conseil fédéral doit le renégocier. Si la négociation n'aboutit pas, la Suisse doit alors dénoncer cet accord.
Le texte veut abolir le "droit de rester"
L'initiative exige que l'entrée et l'asile ne seront pas accordés à des personnes arrivant en Suisse par un pays tiers sûr. Dans les faits, seules les personnes arrivant sur le territoire helvétique en avion pourraient déposer une demande d'asile. Le texte prévoit aussi que le Conseil fédéral puisse fixer un contingent de 5000 procédures d'asile par année au maximum.
L'admission provisoire est également exclue. Il n'y aura donc plus de "droit de rester", a déclaré Thomas Aeschi, président du groupe parlementaire UDC et "père de l'initiative". Le texte demande en outre que la Confédération, en collaboration avec les cantons, s'assure que les personnes en situation irrégulière quittent la Suisse dans un délai de 90 jours. Passé ce délai, les prestations des assurances sociales et les contrats de travail doivent être annulés.
"C'est maintenant à la population d'agir"
"En protégeant nos frontières, nous protégeons notre patrie", a pour sa part plaidé le nouveau président Marcel Dettling lors du discours d'ouverture de l'assemblée. "Nous avons perdu depuis longtemps le contrôle de nos frontières. Nous ne savons plus qui entre dans notre pays", a encore déclaré le conseiller national schwytzois, qui a repris les rênes du premier parti de Suisse il y a deux mois.
Pour Marcel Dettling, "les frontières ne sont plus protégées" et "le chaos de l'asile se poursuit sans relâche" et s'accompagne d'une hausse de la criminalité. "Les autres partis au Parlement "empêchent nos solutions. C'est maintenant à la population d'agir", a lancé le Schwytzois. C'est pour cette raison que le parti lance l'initiative populaire "Stop aux abus en matière d'asile (initiative pour la protection des frontières)".
La mise en oeuvre de cette initiative serait en contradiction avec les accords de Schengen et Dublin. Le peuple et les cantons ont approuvé l'association à ces accords en 2005. Ces accords, entrés en vigueur il y a 15 ans, concernent la libre circulation des personnes et le domaine de l'asile. L'espace Schengen compte actuellement 29 Etats membres.
Un "glissement vers l'extrême droite" dénoncé
Un important dispositif policier était visible tout autour du Centre des congrès de la Foire de Bâle où se déroulait l'assemblée extraordinaire de l'UDC. Un groupe d'une vingtaine de personnes a protesté devant le bâtiment avec des banderoles critiquant la politique migratoire de l'UDC.
Au niveau politique, les réactions au lancement de cette initiative ne se sont pas fait attendre. L'association Operation Libero a annoncé le lancement d'une pétition pour l'invalidation du texte. "Il ne contrevient pas seulement à l'Etat de droit, au droit d'asile et à de nombreux accords internationaux, mais aussi aux règles impératives du droit international", dit le communiqué.
Pour l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR), l'initiative est une "attaque frontale contre le droit suisse et international des réfugiés" et ne pourra pas être appliquée dans la pratique. La Jeunesse socialiste (JS) abonde dans le même sens et condamne cette attaque avec la plus grande fermeté. "L'UDC montre aujourd'hui clairement son glissement collectif vers l'extrême droite et donc sa dangerosité pour notre société".
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ats/dk
Une autre initiative déposée par l'UDC
En mars, l'UDC a déposé une autre initiative pour un contrôle plus strict de l'immigration. L'initiative "Pas de Suisse à 10 millions!" demande que la Constitution fédérale soit complétée par un nouvel article sur le "développement démographique durable". Si le texte était accepté, la population résidante permanente de la Suisse ne devrait pas dépasser dix millions de personnes d'ici 2050.
Violente critique des étudiants pro-palestiniens
Dans son discours, le président de l'UDC Marcel Dettling a aussi critiqué "les soi-disant amis des Palestiniens" qui occupent les universités et qui sympathisent avec le Hamas, "une bande de terroristes meurtriers". "Les détracteurs de gauche d'Israël s'allient à des musulmans antisémites".