Une enquête onusienne est en cours pour déterminer si l'UNWRA entretient bel et bien des liens avec le Hamas, comme le prétend Israël. Plusieurs contributions à son budget, dont celle de la Suisse, ont ainsi été gelées, ce qui place l'agence au bord de l'effondrement.
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La commission est décisive pour le budget de l'agence onusienne puisque le Parlement peut décider de recommander, positivement ou non, le versement de millions de francs de la Confédération. Elle lui a versé "20 millions en 2023", précise Laurent Wehrli, qui préside la commission de politique extérieure du National qui reçoit Philippe Lazzarini mardi. La Suisse est l'un des plus gros donateurs de l'agence.
Cependant, cette audition n'est qu'"une étape dans le processus", rappelle-t-il. Autrement dit, "ce n'est pas ce matin que se décidera" la contribution financière de la Suisse à l'UNRWA. Mais "il est vrai que cette audition est un moment important (...) Je pense que le dialogue est important. Il est donc important que les membres de cette commission puissent poser les questions et entendre les réponses de Monsieur Lazzarini", note le conseiller national (PLR/VD).
"L'occasion d'un dialogue"
Le patron de l'UNRWA sera entendu pour la première fois par la commission. "Donc, ce sera une occasion d'abord de dialogue, de répondre à des questions", lance Laurent Wehrli.
Il ajoute que si Philippe Lazzarini devait donner des garanties, il ne devrait pas le faire à la commission, mais au Conseil fédéral. Il "doit venir avec sa proposition de répartition de l'aide humanitaire 2024 sur le Proche-Orient".
Dans le cadre de cette commission, la présidente du CICR Mirjana Spoljaric Egger a également été entendue, note l'invité de la RTS. "Ça complète l'information de la commission" et ça lui permet d'avoir une "vision plus globale lorsqu'il s'agira qu'elle prenne position sur cette répartition financière".
"L'UNRWA est essentielle"
Pour Laurent Wehrli, il est "fondamental" que des solutions soient trouvées pour le financement de l'UNWRA car "pour l'instant en tout cas, elle est absolument essentielle pour l'aide humanitaire d'urgence à Gaza". D'autant que l'agence n'oeuvre pas que dans l'enclave palestinienne bombardée par Israël. "Elle a d'autres engagements en Jordanie, en Cisjordanie, au Liban." Donc ces éléments doivent être pris en compte dans le processus décisionnel.
"Il n'y a pas d'alternative à l'UNRWA pour parer à la tragédie qui se joue actuellement à Gaza et notamment à la famine", insiste Laurence Fehlmann Rielle, conseillère nationale socialiste genevoise. "Il est indispensable que l'UNRWA puisse continuer à déployer ses activités", d'autant qu'elle compte "13'000" collaborateurs sur place, soit plus que les autres organisations comme l'UNICEF qui "sont une trentaine". Elle soulageait leur travail sur place, ajoute-t-elle.
D'autres étapes à suivre pour Philippe Lazzarini
Concernant les étapes, Philippe Lazzarini devra encore être entendu par la commission de politique extérieure des Etats. Puis Laurent Wehrli précise que le Conseil fédéral annoncera sa décision de financement de l'UNRWA une fois l'enquête de l'ONU conclue. Le rapport devrait être disponible au mois d'avril.
Le débat autour du financement de l’UNRWA au sein du Parlement fédéral est tendu. A gauche, on veut majoritairement maintenir ce financement qualifié de vital pour des millions de Palestiniens, à droite, on pousse pour couper les vivres à une entité onusienne jugée anachronique et douteuse.
En tout cas, les parlementaires ont déjà entendu Philippe Lazzarini, "notamment à Berne il y a quelques jours", preuve d'un "lien actif" entre le patron de l'agence pour les réfugiés et la commission.
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Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Julie Marty