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L'usine de munitions de Thoune menacée de fermeture, 400 emplois en danger

L'usine de munitions de Thoune, rachetée par l'italien Beretta il y a deux ans, pourrait fermer, 900 emplois sont menacés
L'usine de munitions de Thoune, rachetée par l'italien Beretta il y a deux ans, pourrait fermer, 900 emplois sont menacés / 12h45 / 2 min. / le 22 octobre 2024
La dernière usine de production de munitions en Suisse, située à Thoune, pourrait bientôt fermer ses portes. Selon des informations révélées par SRF, le groupe italien Beretta, propriétaire du site depuis deux ans, envisage de cesser ses activités, mettant ainsi en péril 400 emplois. Parmi les raisons invoquées, la législation suisse stricte en matière de réexportation d'armes semble peser lourdement dans la balance.

La perspective d'une fermeture du site de Thoune inquiète, d'autant plus qu'elle avait déjà été anticipée il y a quelques années. Le conseiller aux États Werner Salzmann, qui avait lui-même alerté à ce sujet, se dit particulièrement préoccupé "Je regrette beaucoup que ce que j'ai prophétisé lorsque nous avons parlé de la scission d'Ammotec se soit réalisé. Cela signifie que nous ne pouvons plus produire nos propres munitions en Suisse et que nous sommes fortement dépendants de l'étranger en cas de crise. Et cela, bien sûr, est fatal en termes de politique de sécurité", analyse-t-il.

Le site de Thoune, autrefois propriété de Ruag Ammotec, a été vendu par la Confédération au groupe Beretta en 2022, quelques jours seulement après le début de la guerre en Ukraine. Une décision prise à l'issue de discussions débutées en 2018, bien avant l'escalade des tensions géopolitiques. Viola Amherd, conseillère fédérale en charge de la Défense, reconnaît aujourd'hui que le contexte était différent à l'époque: "Je pense que lorsque la décision a été prise, c'était une autre époque – nous étions aussi dans une situation géopolitique différente. Du point de vue d'aujourd'hui, il s'agit certainement d'une décision qui peut être considérée différemment", reconnaît-elle.

Débat au Parlement l'été prochain

Lors de son acquisition, Beretta s’était engagée à maintenir le site de Thoune en activité jusqu’en 2027. Mais face à la baisse des commandes de l’armée suisse et aux restrictions croissantes liées à la législation sur les licences d’exportation, l’entreprise pourrait revenir sur ses engagements.

Cette situation relance le débat sur l’assouplissement de la législation suisse sur les exportations d’armes. Pour les partis bourgeois, la réglementation actuelle freine le développement de l’industrie de l’armement. Werner Salzmann défend une réforme: "Si nous voulons préserver l'industrie de l'armement en Suisse, nous devons adapter cette loi sur le matériel de guerre", explique-t-il.

Le Parlement discutera dès l'été prochain d'une proposition de modification de cette législation, et l'avenir de l’usine de Thoune pourrait peser sur les débats.

Adaptation TV: Karima Benamrouche 

Adaptation web: Tristan Hertig

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