Après cinq resserrements monétaires opérés à partir de juin 2022, qui ont fait passer le taux directeur de la BNS de -0,75% à +1,75% en juin 2023, la banque centrale suisse avait opté fin septembre dernier pour un premier statu quo monétaire, réitéré en décembre.
L'inflation n'a cessé de refluer ces derniers mois en Suisse, passant de 1,7% en décembre à 1,3% en janvier et à 1,2% en février. Les prix à la consommation sont donc nettement dans les clous de l'objectif de stabilité des prix de 0% à 2% défendu par la BNS. Et c'est nettement moins que les 2,6% enregistrés en février dans la zone euro et les 3,2% inscrits le même mois aux Etats-Unis.
"Au bon moment"
La BNS est par ailleurs optimiste quant à l'évolution future des prix. Elle table cette année sur une inflation de 1,4%, alors qu'elle s'attendait à 1,9% jusqu'ici. Le ralentissement du renchérissement de certaines catégories de biens s'est révélé plus marqué que prévu. Pour 2025, l'inflation est attendue à 1,2%, contre 1,6% lors du pointage précédent.
Le président de la BNS, Thomas Jordan, qui a récemment annoncé son départ fin septembre, n'en baisse pas pour autant la garde. "L'incertitude demeure relativement forte. C'est pourquoi nous continuerons de surveiller attentivement l'évolution de l'inflation et adapterons à nouveau, si nécessaire, notre politique monétaire", a-t-il averti lors d'une conférence de presse.
Le but de la Banque nationale suisse, qui a devancé les autres banques centrales en réduisant jeudi son taux directeur, n'était pas d'être la première ou la dernière mais de prendre une décision au "bon moment" pour la Suisse, a affirmé son président.
L'objectif était d'assurer les "conditions monétaires adéquates", a déclaré Thomas Jordan lors d'une conférence de presse à Zurich, l'inflation se situant depuis juin 2023 sou la barre des 2% que vise l'institution monétaire.
A contre-courant
Cette annonce intervient alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé mercredi de maintenir une fois de plus ses taux au plus haut depuis plus de vingt ans, les taux au jour le jour restant entre 5,25% et 5,50%.
La Banque centrale européenne (BCE) a adopté début mars la même attitude attentiste, le taux sur les dépôts, qui fait référence, ayant été maintenu à son plus haut historique de 4%.
La BNS se veut également relativement optimiste pour la croissance économique helvétique. En 2024, elle cible une progression du produit intérieur brut (PIB) d'environ 1%, contre une fourchette de 0,5% à 1,0% auparavant. Cette attente de croissance atone s'explique par la faiblesse de la demande extérieure et par l'appréciation du franc en termes réels enregistrée l'année dernière.
Le risque principal pour la croissance helvétique est de voir la conjoncture mondiale fléchir plus fortement que prévu. Mais pour l'heure, la banque centrale suisse table une croissance mondiale modérée.
jfe avec ats
Effet sur la bourse
La Bourse suisse avançait vers les sommets jeudi matin, dans le sillage de la décision inattendue de la Banque nationale suisse, qui a été la première des grandes banques centrales à amorcer une baisse des taux.
A la Bourse suisse, le SMI grimpait de 1,0% à 10h10, à 11'735,20 points, les vingt valeurs phares de l'indice avançant, à l'exception de Roche (bon -1,0%).
Sur le front des devises, l'euro s'échangeait à un cours moyen de 0,9769 franc et le dollar à 0,8963 franc.
Si quelques économistes s'attendaient à un abaissement des taux, la plupart ont vu leurs pronostics être déjoués, tablant sur le mois de juin pour une première baisse.