La chasse est une tradition bien ancrée dans les zones rurales et de montagne, mais elle n'en reste pas moins critiquée. C'est surtout la question du loup qui agite les passions. Sur ce point, les positions des défenseurs des éleveurs et des associations de protection de la nature et de la faune sauvage semblent difficiles à concilier.
En septembre 2020, le peuple rejetait de justesse une révision de la loi sur la chasse prévoyant notamment le tir de loups avant que ceux-ci n'aient causé des dégâts. Pourtant, depuis décembre 2023, l'abattage préventif du grand prédateur a été autorisé par le Conseil fédéral, à la suite de l'adoption d'une nouvelle mouture de la loi par le Parlement.
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Paradoxalement, la chasse au loup n'est pas forcément attrayante pour les adeptes de la carabine. Abattre un loup est avant tout un service rendu aux éleveurs, affirme Martin Valär à la radio-télévision romanche RTR. Plutôt que perdre son temps avec le canidé, ce chasseur préfère nettement tirer un cerf ou un chevreuil. "Nous voulons un bon morceau de viande", explique-t-il.
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Après le loup, le castor?
Le passage d'une régulation réactive à une régulation proactive est la nouvelle stratégie prônée par le Conseil fédéral, sous l'impulsion du nouveau chef du Département de l'environnement Albert Rösti. Comme le loup, le castor pourrait désormais être abattu avant même d'avoir fait des dégâts. C'est ce que propose le projet de nouvelle ordonnance sur la chasse, mis en consultation ce printemps.
Salué par l'Union suisse des paysans, ce texte est dénoncé par les milieux de défense de la nature. Pour le WWF, cette approche est non seulement inefficace, mais elle ne tient pas non plus compte de l'importance de certaines espèces sauvages pour les écosystèmes. A la suite des critiques, la législation pourrait être modifiée par le Conseil fédéral. Son entrée en vigueur est prévue en février 2025.
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Au Tessin, on chasse le sanglier en plein été
Certaines pratiques sont moins controversées, notamment la chasse au sanglier. En effet, loin d'être menacé, le cochon sauvage prolifère dans de nombreuses régions du pays et provoque d'importants dégâts dans les cultures. Pour cette espèce, la nécessité de réguler les effectifs est largement partagée.
Particulièrement touché, le Tessin autorise depuis deux ans le tir du sanglier en juin et en juillet. En 2023, 1100 bêtes ont été prélevées et 1300 cette année. Même si le problème demeure, cette chasse extraordinaire a permis d'améliorer la situation, relève Davide Cadenazzi, président de la fédération des viticulteurs de Suisse italienne, interrogé par RSI.
Des initiatives pour une chasse plus durable
Jusqu'à présent, seule la viande des animaux abattus était consommée, tandis que le reste des bêtes finissait à la poubelle ou était incinéré. Mais face aux critiques, les partisans de la chasse ne restent pas les bras croisés. Des efforts pour rendre cette pratique plus durable font leur apparition.
Une petite entreprise suisse s'est désormais fixé pour objectif d'utiliser la peau et les autres sous-produits du gibier pour fabriquer des accessoires de mode: chaussures, sacs et ceintures en cuir ou encore boutons issus des sabots. Cette idée rencontre un écho favorable auprès des chasseurs et des bouchers, rapporte la chaîne alémanique SRF.
Didier Kottelat
La chasse, une tradition ancestrale dans certaines régions
Dans les Grisons comme dans d'autres régions du pays, la chasse est autant une nécessité qu'une tradition. Dans les zones de montagne, la faune sauvage est abondante et la régulation des troupeaux de cerfs, chamois et autres bouquetins demande un investissement humain important. Cette passion rassemble des personnes de tous âges et anime les discussions, comme le montre cette émission de la télévision romanche RTR.