>> Retrouvez le suivi du week-end en détail : La déclaration finale du sommet du Bürgenstock soutenue par 84 pays et institutions, mais sans les BRICS
"Pour la première fois, nous avons parlé au plus haut niveau de paix en Ukraine", a affirmé dimanche après-midi, au terme d'une séance plénière, la présidente de la Confédération Viola Amherd qui a parlé devant la presse de "bon résultat". Mais la question de "comment et quand impliquer la Russie" reste ouverte, a-t-elle ajouté au terme de la conférence qui aura rassemblé le plus grand nombre de chefs d'Etat et de gouvernement jamais observé en Suisse.
Parmi la centaine de délégations, ceux-ci étaient près de 60, dont presque tous ceux du G7 et plusieurs pays du sud. Au final, la déclaration du Bürgenstock est soutenue par plus de 80 pays et institutions. En l'absence de la Chine, aucun membre du groupe des BRICS, un groupe de pays plus proche de Moscou, ne figure parmi eux, alors que le Brésil avait annoncé qu'il viendrait en observateur et que ni l'Inde, ni l'Afrique du Sud n'ont parlé en plénière. Le Mexique, l'Indonésie ou la Thaïlande n'ont pas non plus signé la déclaration.
Pékin et Moscou à associer
Dès dimanche après-midi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui salue un "succès" en Suisse, a tendu la main à Pékin et Brasilia. Il a dit à la presse être prêt à "écouter leurs opinions", même si elles sont différentes. "Je pense que la Chine peut nous aider", a-t-il affirmé, se disant convaincu que ce pays ne considère plus le président russe Vladimir Poutine comme un acteur important.
Dans la déclaration conjointe, les participants veulent à l'avenir "des étapes concrètes" pour associer "toutes les parties", soit la Russie. "Nous pensons qu'atteindre la paix exige l'implication et le dialogue entre toutes les parties", affirme le texte. Celui-ci insiste sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine, incontournable pour Kiev, sur la Charte de l'ONU et sur le droit international.
Le terme "agression russe" n'y figure pas, mais le projet renvoie à deux résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU qui en parlent. Les participants demandent la sécurisation de la centrale nucléaire de Zaporijjia et considèrent "inadmissibles" les menaces nucléaires.
Pour garantir la sécurité alimentaire, ils veulent également une navigation "libre" et "entière" et un accès aux ports de la mer d'Azov et de la mer Noire. Les quelque 20'000 enfants déportés doivent être rapatriés de Russie et les prisonniers de guerre et les détenus civils libérés.
"La déclaration reflète nos intentions", a estimé Volodymyr Zelensky qui avait estimé la veille qu'un second sommet devra aboutir "à la fin du conflit". Plusieurs Etats souhaitent l'organiser.
La Suisse prête encore à aider
En attendant, des réunions de suivi sur les thématiques discutées au Bürgenstock seront prévues dans différents pays. Volodymyr Zelensky veut aller vite. Le dispositif ne doit pas prendre "des années", selon lui.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé une ministérielle sur les questions humanitaires dans les prochains mois. De son côté, Berne est prête à continuer à "jouer un rôle actif" dans ce processus "long et plein de défis", y compris en organisant d'autres rencontres en cas de demande, selon Viola Amherd.
Et si Vladimir Poutine devait venir pour des négociations, la Suisse ne serait pas contrainte de l'arrêter, malgré le mandat émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI), selon elle. Berne va reprendre contact dans les prochains jours avec les pays qui n'étaient pas présents, y compris la Russie, a précisé Ignazio Cassis.
Avec cette première étape, la Suisse confirme la nouvelle tendance de ses bons offices, le lancement d'initiatives qui ne peuvent être acceptées dans un premier temps par certaines des parties à un conflit. A quelques mois de la seconde présidence suisse du Conseil de sécurité de l'ONU, elle aura été au centre de l'attention internationale.
Pendant deux jours, le ton n'était pas unanime à la conférence. Les dirigeants occidentaux ont réitéré de vibrants soutiens à l'Ukraine, notamment la vice-présidente américaine Kamala Harris venue avec un paquet de 1,5 milliard de dollars d'assistance, auquel se sont ajoutés plus de 100 milions de la Norvège.
Mais des pays comme l'Arabie saoudite, le Ghana ou la Turquie auront clairement répondu à "l'éléphant dans la pièce". Une paix durable ne pourra être atteinte sans la participation de la Russie et celle-ci passera par la Chine.
Vladimir Poutine ciblé
Une rencontre "entre amis" ne suffit plus, selon le message relayé par plusieurs présidents africains. Mais aussi par celle de Slovénie qui estime que la Russie devra être présente dès le second sommet.
Face à ces appels à dialoguer avec la Russie, les exigences faites vendredi par Vladimir Poutine, soit que l'Ukraine renonce à rejoindre l'OTAN et aux quatre régions orientales annexées par Moscou, ont été dénoncées par les dirigeants occidentaux présents. Une proposition de paix "stupide", selon les termes du Premier ministre néerlandais Mark Rutte, probable futur chef de l'Alliance atlantique.
"Vous auriez dû être ici. Nous avons besoin de la participation de la Russie", a-t-il lancé dimanche au président russe. Tout en ajoutant que les règles communes de la communauté internationale valent pour tous.
"Aucun pays ne pourrait accepter des conditions aussi outrageuses", a renchéri la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Selon elle, "Poutine ne veut pas sérieusement mettre un terme à la guerre".
Moscou "peut démarrer des négociations demain avec nous", affirme de son côté Volodymyr Zelensky. Il suffit de se retirer du territoire ukrainien, a-t-il ajouté, même si le président russe n'est selon lui pas prêt à cette approche. Et de considérer à nouveau que l'aide militaire à Kiev est insuffisante et trop tardive.
Un important dispositif de sécurité aura encadré la conférence. "Tout a bien fonctionné", a affirmé Viola Amherd. Des milliers de soldats et de nombreux représentants des polices fédérale et cantonales auront été actifs.
ats/kkub