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Partenariat incongru entre la FNAC et une clinique de soins dentaires

Un partenariat surprenant entre la Fnac et un centre dentaire offre une réduction sur les traitements aux adhérents du magasin
Un partenariat surprenant entre la Fnac et un centre dentaire offre une réduction sur les traitements aux adhérents du magasin / 19h30 / 2 min. / le 12 juillet 2024
Un partenariat surprenant entre la FNAC et un centre dentaire offre une réduction sur les traitements aux adhérents du magasin. La pratique fâche la faîtière des dentistes.

En Suisse, le dentiste est un luxe pour beaucoup de monde. Les frais dentaires n'étant pas remboursés par l’assurance maladie de base, nombreux sont les patients qui renoncent à se soigner.

Face à cette situation, un groupe de cliniques dentaires a flairé un potentiel et lancé un partenariat avec la FNAC. La chaîne française de magasins spécialisés dans la distribution de produits culturels propose à ses adhérents (les membres de son programme de fidélité) une réduction de 20% sur les soins des dents.

Pour le moins incongru, ce partenariat surprend certains clients de la FNAC, mais en intéresse d'autres. "Il faudrait voir la qualité des soins dentaires", a réagi l'un d'entre eux vendredi devant la caméra du 19h30 de la RTS.

Marier marketing et soins médicaux

De son côté, la FNAC assume, et même revendique l'accord passé avec le groupe de cliniques. "C'est LE partenaire le plus important pour nous. Les clients ont besoin de soins dentaires, et c’est pour répondre à ce besoin que nous avons créé ce partenariat", explique le directeur de la succursale de Balexert (à Genève) Aïssa Smaoui. Une manière de fidéliser sa clientèle.

Du côté de la clinique partenaire, on se félicite également de cette alliance peu commune. "Il s'agit d'un partenariat et non d'une publicité. C'est gratuit et donc gagnant-gagnant", précise Robin Thomas, co-fondateur des cliniques CHD. 

Avec, entre autres, ses prix clairement affichés et ses cafés offerts, le groupe veut casser les codes. "On essaie de rompre des barrières mentales qui sont, par exemple, le fait que le marketing ne devrait pas être associé à de la médecine ou de la médecine dentaire. Ça, je pense que c'est un modèle qui est totalement terminé".

La faîtière montre les dents

Un avis que ne partage pas du tout la Société suisse des médecins-dentistes (SSO), qui met en garde: un tel marketing est contraire à la déontologie. Si cette clinique avait été membre de la SSO, elle en aurait été exclue. "Notre code de déontologie stipule clairement que ce type de marketing n'est pas voulu. Notre domaine doit défendre une certaine éthique, une certaine dignité. Cet aspect très commercial, qui attire les patients par le porte-monnaie ou par l'espoir d'avoir un rabais ne nous plaît pas", a réagi le président de la section genevoise de la faîtière Hrvoje Jambrec.

Si ce marketing à l’américaine fait mouche auprès de la population, c'est notamment parce que les soins dentaires en Suisse coutent cher, au point que 2,5% des Suisses se privent de traitements nécessaires pour des raisons financières, selon l'Office fédéral de la statistique. Et cette part monte à plus de 26%, selon une étude de l’International Health Policy Survey (IHP), qui prend en compte les examens dentaires pas strictement indispensables.

>> Lire à ce sujet : De plus en plus de personnes en Suisse renoncent aux soins dentaires

Pour l'association des dentistes, les prix affichés ici ne permettraient pas de dégager un bénéfice. Il s'agirait donc d'un "prix d'appel", afin de recruter de nouveaux patients, qu'il faudra compenser, estime Hrvoje Jambrec: "quelqu'un qui doit attirer des patients par des rabais, il faut partir du principe qu'il a besoin de patient."

Robin Thomas se défend de rogner sur la qualité. "On n'est pas dans une démarche low-cost. Au contraire, c'est du service, avec en plus des prix adaptés. Et c'est à mon avis se mettre davantage du côté du patient plutôt que dans l'intérêt des dentistes".

Sujet TV: Feriel Mestiri

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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Baptiste Hurni: "On doit aller chez le dentiste quand on en a besoin"

Des offres telles que celle de la FNAC montrent-elles que la santé est devenue un bien de consommation comme un autre? "Ça ne devrait pas, justement!", a réagi le conseiller aux Etats Baptiste Hurni (PS/NE) vendredi dans le 19h30 de la RTS. "On doit aller chez le dentiste quand on en a besoin".

Mais dans le cas présent, la chaîne de magasins n'apporte-t-elle pas des solutions que le monde politique, lui, est incapable d'offrir? Pour Baptiste Hurni, ce modèle à visée publicitaire ne résoudra rien. S'il dit comprendre l'attrait de ce rabais face à des frais dentaires souvent insoutenables, il pointe le fait que faire de la publicité a un coût, un coût payé, au final, par les patients.

"C'est la santé publique et les assurances qui doivent couvrir le coût des soins dentaires de base", plaide-t-il, en espérant qu'une assurance pour les soins dentaires sur le plan cantonal finisse par être acceptée un jour en votation. A ses yeux, "c'est par là qu'il faut vraiment aller", malgré l'actuel blocage au niveau politique.

>> Lire aussi : L'initiative cantonale pour une assurance des soins dentaires refusée à Neuchâtel

>> Ecouter l'interview de Baptiste Hurni :

Le commentaire de Baptiste Hurni, conseiller aux États PS neuchâtelois, sur le montant élevé des frais de santé et le rôle des assurances
Le commentaire de Baptiste Hurni, conseiller aux États PS neuchâtelois, sur le montant élevé des frais de santé et le rôle des assurances / 19h30 / 3 min. / le 12 juillet 2024