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La gauche et les syndicats se réjouissent d'une victoire "historique", la droite se mord les doigts

Le stamm des partisans de l'initiative sur une 13e rente AVS à Berne  exulte à l'annonce de la première prévision qui donne leur texte gagnant. [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
Le stamm des partisans de l'initiative sur une 13e rente AVS à Berne exulte à l'annonce de la première prévision qui donne leur texte gagnant. - [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
La gauche et les syndicats sont aux anges après le succès, dimanche en votation, de l'initiative sur la 13e rente AVS. "Je suis très fier de notre pays et de notre démocratie", s'est notamment réjoui le président de l'Union syndicale suisse Pierre-Yves Maillard.

Pour les syndicats, c'est une première: le peuple a accepté une de leurs initiatives. Interrogé dans l'émission spéciale de la RTS dédiée à cette journée de votations, Samuel Bendahan, le co-président du groupe parlementaire socialiste aux Chambres fédérales, juge ce résultat "historique".

"Le pacte social dans notre pays fonctionne encore", soutient de son côté Pierre-Yves Maillard, qui a mené les initiants à la victoire. "Les Suisses font confiance au 1er pilier", estime-t-il encore.

>> La réaction de Pierre-Yves Maillard :

La réaction de Pierre-Yves Maillard
La réaction de Pierre-Yves Maillard / L'actu en vidéo / 4 min. / le 3 mars 2024

Crise du pouvoir d'achat

Selon le socialiste, cette victoire s'explique par une crise du pouvoir d'achat à laquelle le Parlement et le Conseil fédéral n'ont "donné aucune réponse".

"Face à l'absence de réponse à un problème réel, la population a saisi l'occasion qui lui était donnée de changer de cap", déclare le conseiller aux Etats vaudois au micro de la RTS. A ses yeux, l'absence de contre-projet a également donné un coup de pouce à l'initiative: "Si nos opposants estimaient que notre proposition n'était pas la bonne, ils devaient proposer autre chose. Nous aurions évidemment été ouverts à la discussion. Mais il y avait un refus d'entrer en matière sur la réalité de nos retraités et des travailleurs qui approchent de l'âge de la retraite avec une certaine angoisse", affirme-t-il.

>> Le suivi de cette journée de votations : La 13e rente AVS acceptée avec 58,24% des voix. La retraite à 66 ans refusée par tous les cantons

Une absence de contre-projet qui a pesé

Lesdits opposants, dans le camp bourgeois, concèdent que l'absence de contre-projet est l'une des raisons du succès de l'initiative syndicale.

Selon la conseillère nationale genevoise UDC Céline Amaudruz, "la droite ne peut s'en prendre qu'à elle-même et doit assumer ses responsabilités".

>> Les propos de Céline Amaudruz :

Céline Amaudruz sur la 13e rente AVS
Céline Amaudruz sur la 13e rente AVS / L'actu en vidéo / 2 min. / le 3 mars 2024

"Nous n'avons jamais été capables de donner des réponses par rapport à l'AVS ou aux coûts de la santé", reconnaît la vice-présidente de l'UDC Suisse sur le plateau de la RTS. "A juste dire non à tout sans faire de propositions, c'est ce résultat qui tombe", note-t-elle.

"Il fallait évidemment un contre-projet sur ce sujet, pour peut-être donner cette rente aux personnes vraiment dans le besoin", a-t-elle ajouté.

Le conseiller national PLR Olivier Feller a de son côté concédé, au moment de l'annonce des premiers résultats, que la droite avait "sans doute péché par une assurance excessive" en amont de ce scrutin. "Nous avons sous-estimé l'adversaire", admet le Vaudois.

>> Olivier Feller s'exprime sur l'absence de contre-projet :

Fallait-il proposer un contre-projet à l'initiative sur la 13e rente AVS? L'avis d'Olivier Feller
Fallait-il proposer un contre-projet à l'initiative sur la 13e rente AVS? L'avis d'Olivier Feller / L'actu en vidéo / 1 min. / le 3 mars 2024

La question du financement

Les partisans du non relèvent aussi que la question du financement de cette 13e rente n'est pas encore déterminée. Le Parlement devra se pencher dessus.

Il va falloir maintenant trouver des solutions, alors que toujours plus de gens ont droit à la retraite et que moins de jeunes cotisent, déclare Monika Rühl, la directrice d'Economiesuisse. "Cela va être un moment difficile pour trouver des solutions équitables, notamment du point de vue des jeunes", estime-t-elle.

Quant aux solutions, "il n'y a pas de miracle", souligne la patronne de la faîtière de l'économie. "On peut augmenter la déduction sur les salaires ou la TVA. Cela a un effet négatif sur le pouvoir d'achat. Au moins, pour la TVA, c'est paritaire, car tout le monde paie l'augmentation, les jeunes comme les retraités. On peut aussi ou augmenter la contribution de la Confédération, ce à quoi je ne crois pas trop au vu de l'état des finances fédérales", avance-t-elle.

>> Voir l'interview de Monika Rühl :

La directrice d'Economiesuisse Monika Rühl se dit surprise de l'ampleur du oui
La directrice d'Economiesuisse Monika Rühl se dit surprise de l'ampleur du oui / L'actu en vidéo / 2 min. / le 3 mars 2024

Une possible hausse des cotisations

Samuel Bendahan ne s'inquiète de son côté pas d'un éventuel problème de financement. "Pour l'instant rien n'est nécessaire. Nous avons été droits et sincères. Et nous avons expliqué comment il fallait financer [la 13e rente]. Nous avons dit que, maintenant, ce n'était pas nécessaire et qu'il faudra ensuite peut-être augmenter les cotisations sociales de 0,4%. Tout le monde a dit que c'était une possibilité. Je crois que le débat a été clair", assure-t-il.

>> L'interview de Samuel Bendahan :

L'avis de Samuel Bendahan, coprésident du groupe parlementaire socialiste
L'avis de Samuel Bendahan, coprésident du groupe parlementaire socialiste / L'actu en vidéo / 2 min. / le 3 mars 2024

La conseillère nationale Valérie Piller Carrard pense de son côté que la population a signalé sa volonté de voir sa situation s'améliorer. La balle se trouve désormais dans le camp du Parlement. Elle indique avoir confiance dans le législatif, au sein duquel on sait, selon elle, "mener des projets de consensus." "Nous devons maintenant mettre en œuvre cette initiative de manière raisonnée", souligne la socialiste fribourgeoise.

>> L'intervention de Valérie Piller Carrard (PS/FR) et Benjamin Roduit (C/VS) :

Les avis de Valérie Piller Carrard et de Benjamin Roduit
Les avis de Valérie Piller Carrard et de Benjamin Roduit / L'actu en vidéo / 3 min. / le 3 mars 2024

Antoine Michel

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"On ne va pas échapper à terme à un relèvement de l'âge de la retraite"

L'initiative de la jeunesse PLR sur le rehaussement de l'âge de la retraite n'a en revanche pas convaincu le peuple. Le débat n'est pas clos pour autant. "On a peut-être été futuristes. On va forcément remettre l'ouvrage sur le métier", promet la présidente des Jeunes PLR vaudois Pauline Blanc au micro de la RTS. Selon elle, le financement de l'AVS n'est pas assuré. "On ne va pas échapper à terme à un relèvement de l'âge de la retraite", affirme-t-elle.

>> L'intervention de Pauline Blanc :

L'avis de la présidente des jeunes PLR vaudois Pauline Blanc
L'avis de la présidente des jeunes PLR vaudois Pauline Blanc / L'actu en vidéo / 45 sec. / le 3 mars 2024

Interrogée dans Forum, Pauline Schneider, l'ancienne vice-présidente de la Jeunesse socialiste suisse, estime que la population a gagné sur les deux tableaux, avec l'acceptation de la 13e rente et le rejet de la retraite à 66 ans. Quant à l'avenir de l'AVS, elle estime que ce "pilier se porte bien".

"Je ne me fais pas vraiment de soucis. Jusqu'à maintenant, le Conseil fédéral a toujours réussi à sortir des milliards quand il s'agissait de sauver Credit Suisse ou d'augmenter les budgets de l'armée. J'espère que, si l'AVS devait aller très mal, le Conseil fédéral saurait comment faire pour lui donner un coup de pouce", déclare-t-elle.