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La loi suisse ne protège pas assez les journalistes, selon Reporters sans frontières

La loi suisse ne protège pas assez les journalistes, selon Reporters sans frontières. [KEYSTONE - GAETAN BALLY]
La Suisse progresse en matière de liberté de la presse, mais ne protège pas assez ses journalistes / Le Journal horaire / 20 sec. / le 3 mai 2024
La Suisse est le neuvième pays au monde en termes de liberté de la presse en 2024, selon un baromètre annuel de Reporters sans frontières (RSF). Selon l'ONG, la situation est "plutôt bonne" mais l'environnement législatif ne protège pas suffisamment les journalistes.

La Suisse a certes progressé de trois rangs par rapport à 2023 pour figurer au 9e rang sur 180 pays répertoriés. Mais selon RSF, la progression de cette année ne marque "pas de progrès réel". Elle marque surtout le recul de trois pays qui devançaient la Suisse l'an dernier (Lituanie, Timor oriental et Liechtenstein).

Le nombre de points obtenus par la Confédération sur l'ensemble des cinq indicateurs utilisés est même en très léger recul (84,01 contre 84,4 en 2023). La Suisse est en particulier pénalisée par son environnement législatif, très nettement en dessous du résultat des autres indicateurs (27e rang).

Manque de transparence sur les banques

RSF pointe notamment du doigt les dispositions pénales de la loi sur les banques: les journalistes suisses risquent jusqu'à trois ans de prison pour des reportages basés sur des fuites ou des vols de données bancaires.

L'ONG dénonce aussi les difficultés pour les journalistes d'accéder aux documents détenus par l'administration, malgré la loi sur la transparence, ainsi que les "procédures bâillons", c'est-à-dire des procédures juridiques abusives déclenchées contre des médias ou des ONG dans le but de faire taire des voix critiques.

Climat hostile aux minorités, mais sécurité en hausse

RSF relève aussi que la Suisse recule du 4e au 11e rang dans l'indice "socio-culturel", qui mesure notamment le dénigrement et les attaques contre la presse basées sur des questions de genre, de classe, d'origine ethnique ou de religion. Elle espère que la condamnation de l'idéologue d'extrême-droite Alain Soral pour ses propos homophobes à l'égard d'une journaliste fasse jurisprudence.

L'organisations se félicite en revanche d'une légère amélioration de la sécurité des journalistes en Suisse. Les années passées avaient été marquées par "des agressions verbales et parfois physiques sans précédent", en particulier lors de manifestations contre les mesures anti-Covid. La pandémie avait d'ailleurs fait chuter la Suisse au classement.

>> Lire aussi : La couverture par les grands médias est politiquement équilibrée, selon une étude

ats/jop

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De plus en plus de pressions politiques contre le journalisme libre et indépendant

Dévoilé chaque année le 3 mai, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le classement de RSF est toujours dominé par les pays nordiques: la Norvège conserve sa première place pour la huitième année consécutive, devant le Danemark, la Suède, les Pays-Bas et la Finlande.

Actuellement, l'ONG qualifie la situation de "bonne" ou "plutôt bonne" dans 45 des pays étudiés, contre 52 l'an dernier.

Mais à l'échelle mondiale, le journalisme fait de plus en plus face aux pressions politiques. "Un nombre croissant de gouvernements et d'autorités politiques n'assurent pas leur rôle de garant d'un cadre exemplaire pour l'exercice du journalisme et pour le droit du public à une information fiable, indépendante et plurielle", déplore RSF.

L'organisation observe "une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l'autonomie des médias et un accroissement des pressions exercées par l'Etat ou d'autres acteurs politiques", y compris dans des démocraties occidentales.

>> Lire par exemple sur ce sujet : En France, la lutte s'organise contre les appétits médiatiques du milliardaire Vincent Bolloré

L'Unesco décerne son Prix mondial de la liberté de la presse aux journalistes palestiniens

L'Unesco a attribué jeudi son Prix mondial de la liberté de la presse à l'ensemble des journalistes palestiniens couvrant Gaza. La profession a été durement touchée depuis le début de l'offensive israélienne il y a six mois.

"En ces temps d'obscurité et de désarroi, nous souhaitons adresser un message fort de solidarité et de reconnaissance aux journalistes palestiniens qui couvrent cette crise dans des circonstances dramatiques", a commenté Mauricio Weibel, président du Jury international de professionnels des médias.

Près de 100 journalistes tués

"L'humanité a une dette immense à leur égard, pour leur courage et leur engagement en faveur de la liberté d'expression", a-t-il poursuivi dans un communiqué.

Audrey Azoulay, la directrice générale de l'organisation onusienne pour l'éducation, la science et la culture, a de son côté souligné "l'importance d'une mobilisation collective afin que les journalistes, partout dans le monde, puissent continuer à mener leur travail essentiel d'information et d'enquête".

Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), une association basée à New York, au moins 97 journalistes et salariés de médias ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre, dont 92 sont des Palestiniens. Seize autres ont été blessés.